Celles et ceux qui embarquent toute l'entreprise
Nathalie Collin Directrice Générale de la Branche Grand Public et Numérique de La Poste Groupe Linkedin

Touche-à-tout avec un tropisme pour les médias, cette diplômée de l’Essec a occupé durant sa carrière des fonctions de direction chez EMI Music, ainsi qu’à Libé puis à L’Obs. A ce titre, elle présida le Fonds Google pour la presse. Entrée en 2014 à La Poste, elle y fut d’abord chargée du numérique avant de prendre la tête au printemps 2021 de la Branche Grand Public et Numérique. « La vision de Philippe Wahl, P-DG de ce Groupe, sur les enjeux de communication et surtout du digital m’inspirait. Le passage du milieu des contenus à celui de la transformation digitale, à plus grande échelle, était assez naturel et une nouvelle route passionnante s’ouvrait. […] Avec constamment à l’esprit l’importance de l’expérience client et l’intensification de la digitalisation des usages.», déclarait-elle pour expliquer son parcours.

Du timbre virtuel, au coffre-fort électronique en passant par l’inclusion numérique des populations fragiles, le groupe public mène la plus grande transformation de son histoire sur fonds de déclin accéléré du courrier. L’objectif 2025 est de digitaliser 100 % des services postaux. En amenant l’ensemble des équipes, via des projets comme l’École de la data et de l’IA.

 

Pour un numérique « porteur de sens » !

 

Dans le cadre de nos 10 ans, nous avons invité ces « 100 personnalités » à prendre la parole, en nous partageant leurs visions, idées ou initiatives pour un numérique porteur de sens. Voici le retour à nos trois questions…

 

1. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces dix dernières années dans la digitalisation de l’économie ?

 

C’est la rupture, entre les personnes en capacité d’utiliser le digital dans tous les actes de leur vie quotidienne (pas seulement les actes d’achats et de consommation en ligne, mais aussi dans toutes les démarches administratives) et les personnes en incapacité de le faire. 13 millions de Français sont victimes de la fracture numérique selon la Défenseure des droits. C’est dire l’ampleur des actions à mener ! Actions qui doivent être conduites par les pouvoirs publics, oui, mais aussi par les entreprises elles-mêmes. Aller sur Mars et bâtir un espace dans le metavers ne peuvent être nos seuls objectifs partagés. Il nous faut utiliser le digital pour bien vivre, et permettre à chacun d’être en capacité de maîtriser le nouveau monde numérique.

 

2. Auriez-vous une idée d’action concrète pour faire bouger les lignes et rendre le numérique plus « responsable » (au sens porteur de sens) ?

 

Le numérique est un levier de création de valeur immense ! Mais celle-ci est aujourd’hui concentrée dans les mains de quelques-uns, de grandes entreprises, qui servent leurs dessins, parfois éloignés du bien-être de tous. Or, à l’origine de cette valeur, il y a chacune et chacun d’entre nous, qui produisons des données, qui consommons des services. Elle doit donc être davantage partagée, répartie, davantage servir le bien commun et la société dans son ensemble. Cela veut  donc dire réfléchir à quelles données sont des biens communs, comment chacun garde un droit de propriété sur les données qu’il produit, quel est le modèle des « services gratuits » proposés par les plateformes. Cela veut dire aussi avancer vers une taxation ambitieuse des géants du numérique et affecter de manière démocratique les produits issus de la valeur numérique. Nous devons collectivement construire la juste répartition de la valeur numérique car elle est la clé de notre développement.

 

3. Dans ce domaine, vous êtes-vous fixé un engagement pour anticiper un avenir positif ?

 

La Poste est déjà une plateforme physique et numérique qui facilite l’accès à de nombreux services et qui favorise l’inclusion numérique.

Aujourd’hui, La Poste accompagne les démarches administratives en ligne dans 400 bureaux de poste labellisés France Services, déploie cette année 100 conseillers numériques et enfin, développe « L’Étape Numérique » avec des formations au numérique pour chacun. Demain, nos 17 000 points de contacts pourraient être un premier niveau d’accueil des personnes pour tous les services numériques.

Nous agissons dans le domaine de la souveraineté numérique. Cela veut dire créer des solutions « souveraines by design » : c’est l’enjeu de Numspot, que Docaposte, filiale du groupe La Poste, vient de lancer avec Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Banque des Territoires pour développer une offre complète de services européens de cloud souverain et de confiance.

Qui sont les 100 personnalités, innovateurs et esprits marquants, qui donnent du sens au numérique et qui, par leurs réalisations, idées, choix ou actions… contribuent à une société plus efficiente, plus résiliente, plus juste, plus durable ? C’est la question que s’est posée, et qu’a posé la rédaction d’Alliancy mi-2022 à sa communauté dans le cadre de la préparation de ses 10 ans. Retour sur cette démarche particulière.

Chez Alliancy, nous croyons que la maturité du secteur sur la transformation de notre société et de nos organisations par le numérique est aujourd’hui mâture pour apporter des réponses différentes à l’épineuse question : « Quel numérique voulons-nous (vraiment) pour demain ? »

Dans cette liste que nous dévoilons, il ne s’agit donc pas seulement de celles et ceux pour qui le fait de transformer notre société par la technologie va de soi (parce que rien n’entrave la marche du progrès et de l’innovation), mais plutôt de celles et ceux qui, par leurs idées, leur choix, leurs décisions et actions contribuent à une société plus équitable et apaisée à tous les niveaux…

Certain.e.s ont déjà des activités bien installées et une réputation à l’avenant, d’autres sont beaucoup moins connus et débutants, mais tous nous ont suffisamment marqué pour avoir envie de parier sur eux pour un avenir commun.