Celles et ceux qui embarquent toute l'entreprise
Pascal Demurger Directeur général du Groupe Maif Linkedin

Directeur général depuis 2009 de la Maif, Pascal Demurger, ancien élève de l’ENA, avait conduit sa carrière au sein de la Haute fonction publique avant d’intégrer l’assureur mutualiste en 2002.

Très engagé sur la notion d’impact social, il conduit une double évolution au sein de «l’assureur militant », sa transformation en société à mission actée dès 2019 et la transformation numérique complète de l’entreprise dans un monde de l’assurance bouleversé par l’irruption de nouveaux modèles d’affaires et les plateformes. Depuis le groupe a conduit la digitalisation complète des parcours client, le recours massif au Big data et à l’IA. Très engagé auprès de l’écosystème de l’Insurtech, le groupe a fait de MAIF Avenir, son fonds de capital-innovation, une société à mission.

 

 

Pour un numérique « porteur de sens » !

 

Dans le cadre de nos 10 ans, nous avons invité ces « 100 personnalités » à prendre la parole, en nous partageant leurs visions, idées ou initiatives pour un numérique porteur de sens. Voici le retour à nos trois questions…

 

1. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces dix dernières années dans la digitalisation de l’économie ? 

 

L’évolution la plus évidente me semble être celle de notre quotidien : nous avons adopté très rapidement de nouveaux usages (paiement en ligne, livraison de produits, prise de rendez-vous médicaux…). Nous sommes désormais habitués à pouvoir tout faire depuis notre smartphone et à satisfaire rapidement nos besoins qu’ils soient nécessaires ou non.

Dans le monde économique ensuite, certains modèles se sont radicalement transformés. Le monde des médias a été bouleversé par l’apparition de puissantes plateformes. Une industrie comme celle de l’automobile a également évolué de manière spectaculaire en prenant le virage de la digitalisation.

Enfin, nous avons vu émerger un ensemble d’usages plus ou moins néfastes. Je pense ici à la création de nouvelles bulles économiques à travers les cryptomonnaies et à la facilité avec laquelle la désinformation se diffuse.

 

2. Auriez-vous une idée d’action concrète pour faire bouger les lignes et rendre le numérique plus « responsable » (au sens porteur de sens) ?  

 

Le numérique fait face à deux enjeux : l’un lui est intrinsèque et l’autre relève de son adaptation à l’enjeu principal de notre époque, le dérèglement climatique.

D’une part, il est essentiel de revenir à la promesse initiale d’Internet, le partage de connaissances, tout en l’adaptant au contexte actuel. En ouvrant les systèmes informatiques, les technologies open source ou open data doivent nous permettre de renforcer la lisibilité de cette nouvelle donne digitale pour les citoyens, voire de les rendre acteurs de cette transformation.

A la MAIF, nous avons par exemple développé l’outil Shapash qui permet d’ouvrir les algorithmes d’IA avec un double objectif : rendre transparents les modèles de machine learning pour les spécialistes et non-spécialistes et permettre de corriger ces modèles. Si l’intelligence artificielle nous facilite l’exécution de tâches à moindre valeur ajoutée, cet outil de décryptage nous permet d’identifier et supprimer tout biais qui pourrait apparaître dans un algorithme.

Le numérique doit par ailleurs se responsabiliser d’un point de vue environnemental : il représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Des solutions émergent et tout acteur qui a la capacité de les mettre en œuvre doit le faire. La MAIF a par exemple construit un nouveau datacenter conçu pour être efficace d’un point de vue énergétique, en limitant par exemple les températures de refroidissement, et durable, en faisant le choix d’un matériel recyclé ou éco-conçu et performant en termes de consommation d’énergie.

 

3. Dans ce domaine, vous êtes-vous fixé un engagement pour anticiper un avenir positif ? 

 

La démarche d’ouverture est au cœur de nos engagements. En 2018, la MAIF a créé sa plateforme « OSS by MAIF » proposant en libre accès le code source de plusieurs outils informatiques que nous avons conçus. Par exemple, Melusine est un logiciel facilitant le routage des courriels vers le bon interlocuteur interne. Concrètement, nous optimisons le traitement des demandes et améliorons l’expérience client en nous concentrant sur la qualité de la réponse apportée. Shapash, évoqué précédemment, est également en accès libre. Mettre à disposition cet outil gratuitement permet de promouvoir notre vision d’un monde numérique résolument éthique, dans lequel la machine agit au service de l’humain. C’est une application concrète dans le monde de la technologie des valeurs qui animent le modèle de la MAIF depuis son origine.

Qui sont les 100 personnalités, innovateurs et esprits marquants, qui donnent du sens au numérique et qui, par leurs réalisations, idées, choix ou actions… contribuent à une société plus efficiente, plus résiliente, plus juste, plus durable ? C’est la question que s’est posée, et qu’a posé la rédaction d’Alliancy mi-2022 à sa communauté dans le cadre de la préparation de ses 10 ans. Retour sur cette démarche particulière.

Chez Alliancy, nous croyons que la maturité du secteur sur la transformation de notre société et de nos organisations par le numérique est aujourd’hui mâture pour apporter des réponses différentes à l’épineuse question : « Quel numérique voulons-nous (vraiment) pour demain ? »

Dans cette liste que nous dévoilons, il ne s’agit donc pas seulement de celles et ceux pour qui le fait de transformer notre société par la technologie va de soi (parce que rien n’entrave la marche du progrès et de l’innovation), mais plutôt de celles et ceux qui, par leurs idées, leur choix, leurs décisions et actions contribuent à une société plus équitable et apaisée à tous les niveaux…

Certain.e.s ont déjà des activités bien installées et une réputation à l’avenant, d’autres sont beaucoup moins connus et débutants, mais tous nous ont suffisamment marqué pour avoir envie de parier sur eux pour un avenir commun.