Safran.AI, héritière de Preligens et vigie de la défense française

 

Figure majeure de la défense française, Safran propose des technologies d’IA analysant les données des images fournies par des satellites ou des drones. Marc Antoine, directeur des affaires publiques de Safran, nous raconte l’histoire de la start-up d’IA derrière ces technologies.

 

Safran est la deuxième entreprise du CAC 40 qui défend le mieux la souveraineté économique hexagonale, derrière Thales, selon le palmarès du cabinet Vélite publié le 26 juin 2025. Ce groupe porte notamment l’étendard de la défense française, grâce à des technologies d’IA, apportées par l’acquisition de la startup Preligens en 2024. Cette pépite, fondée par deux ingénieurs français en 2016, utilise l’intelligence artificielle pour analyser des images satellites et y reconnaître des objets militaires comme des bateaux ou des chars. Il s’agit donc de computer vision, la branche d’IA donnant aux ordinateurs une haute compréhension des images numériques, couplée à des intelligences artificielles prédictives et analytiques.

 

Une start-up prometteuse

 

Safran s’appuie sur des briques analytiques, situées derrière leurs capteurs, pour analyser les images satellitaires mais aussi les images des drones pour suivre un véhicule par exemple. En ce moment, l’entreprise développe également des IA capables de détecter des sous-marins et de les reconnaître aux nombres de pales sur leur hélice. Le personnage joué par François Civil dans Le Chant du loup pourrait bientôt être mis sur la paille… Très vite, les technologies proposées par Preligens ont intéressé le ministère des Armées, resté depuis client chez Safran. “Ce ministère a pour avantage son budget conséquent et sa capacité de projection sur plusieurs années”, indique Marc Antoine, directeur des affaires publiques chez Safran. Ce gros client a permis à la start-up d’avoir un budget “presque équilibré” avant son rachat, confie-t-il.

 

Des technologies pour le ministère des Armées…

 

Un fait rare pour une entreprise innovante. Pour rappel, même Open AI ne parvient pas à échapper au déficit, qui s’élevait en 2024 à 5 milliards de dollars. Mais travailler pour le ministère apporte aussi un autre avantage : un niveau d’exigence important. Safran propose alors un taux de performance de lecture d’image satellite inégalé au monde, grâce à leur savoir-faire : la surqualification des données d’entrainement de leurs IA. “Notre IA est performante à 95%, au même niveau que les humains”, se targue Marc Antoine, tout en expliquant que cela reste un outil au service des analystes qui gardent toujours la responsabilité finale pour qualifier une alerte. Des analystes travaillants d’ailleurs, pour beaucoup, pour les services de renseignements auparavant. Une preuve certaine d’attractivité dans ce secteur compétitif.

 

… mais pas uniquement

 

La France n’est pas le seul pays à profiter de l’expertise de Safran.AI, le nouveau nom de Preligens. “La base industrielle et technologique de défense (BITD) française est très performante mais elle a besoin d’exporter pour survivre”, justifie Marc Antoine. Sans rentrer dans les détails, il dévoile collaborer avec des pays asiatiques, européens mais aussi avec les États-Unis. Si travailler avec l’État français comprend une obligation de transparence sur leurs procédés, ce n’est évidemment pas le cas lorsque Safran.AI vend ses produits. En ce qui concerne l’adoption de cette IA dans les processus de ce ministère régalien, Marc Antoine n’a pas relevé beaucoup de résistance. De même, l’implémentation de l’IA Act n’a pas été un bouleversement pour cette entreprise : “Nous bénéficions de l’exception défense, alors nous ne sommes pas contraints par cet enjeu règlementaire même si nous en respectons les lignes directrices”, conclut Marc Antoine.