Souveraineté numérique, data centers géants et résilience : l’Europe accélère, la France s’organise

La Revue ExPress’ du 21 novembre 2025. Cette semaine : souveraineté numérique franco-allemande, IA européenne en mode pause, explosion des data centers et vigilance cyber accrue. 

– Berlin, scène d’une offensive numérique européenne. La France et l’Allemagne lancent une offre commune Mistral–SAP pour leurs administrations, avec l’ambition de définir un vrai « service numérique européen ». Anne Le Henanff rappelle que Paris et Berlin n’ont pas la même vision du cloud, mais convergent sur une priorité : reprendre la main face aux modèles américains. Premiers déploiements prévus dès 2026.

– Bruxelles lève le pied. 
Avec le « Digital Omnibus », l’UE veut repousser à 2027 les obligations de l’AI Act et alléger le cadre numérique. 
Un assouplissement qui relance la compétitivité… et les inquiétudes sur les droits numériques.

– Un autre signal retient l’attention, la Cour des comptes salue les progrès en matière d’IA : 2,4 milliards d’euros investis depuis 2018, un bond au 5ᵉ rang mondial et plus de 1 000 startups IA actives. Mais un angle mort subsiste : la diffusion reste trop limitée dans les entreprises, l’administration et la formation. 
Pour réussir la phase 3 lancée en 2025, la Cour réclame un pilotage renforcé et un changement d’échelle pour ancrer l’IA dans toute l’économie.

– La France mise son avenir sur le silicium. 
Au Choose France – édition nationale, 30,4 milliards d’euros annoncés… et le numérique rafle la mise : data centers géants d’Eclairion, Sesterce, Altarea, OVH ; projets hyperscale et IA en renfort. 
Le cap affiché : ancrer l’infrastructure stratégique sur le sol français et pousser la préférence européenne.

– À Montereau, le charbon cède la place au calcul. 
EDF et OpCore veulent y bâtir un data center hyperscale de 4 Milliards d’euros, destiné à devenir l’un des plus grands hubs de puissance en Europe.

– Nouveau mastodonte en approche. 
Eviden, AMD et SiPearl, vont construire Alice Recoque. La pionnière française de l’informatique donne son nom à un supercalculateur qui sera installé dans l’Essonne et servira la recherche et l’industrie européennes.

– La France se met en ordre de bataille civile. 
Avec “Tous responsables”, l’État fournit le guide pour tenir 72 h en cas de crise : cyberattaque, black-out, pénuries ou infox. 
Le message est clair : chaque foyer doit préparer son kit d’urgence – eau, nourriture, radio à piles, batterie, documents. 
La résilience devient un réflexe national.

– À Rennes, la cyber française passe en mode haute intensité. 
Du 17 au 20 novembre, l’European Cyber Week a rassemblé 8 000 participants, alors que plane le risque d’un conflit à haute intensité.
Et cette année, l’accent est aussi mis sur les talents : les Cadettes de la cyber, le programme qui accompagne les étudiantes vers les métiers de la cybersécurité, ont dévoilé leur nouvelle promotion.
Et Cyber Singuliers a été lancé pour accueillir les jeunes profils neuroatypiques dans la filière. 
Une édition qui élargit clairement les rangs et prépare le secteur au pire comme au plus probable.

– Une erreur et le web s’est figé. 
Une panne interne chez Cloudflare a coupé OpenAI, X, Facebook ou Spotify, révélant la fragilité d’infrastructures critiques. 
Rétablissement rapide, mais la dépendance reste entière.

– Jeff Bezos rejoue la carte IA. 
Après quatre ans de recul, il prend la tête de Project Prometheus, une startup dotée de 6,2 milliards de dollars pour appliquer l’IA aux secteurs industriels. 
Un retour ambitieux sur un marché déjà saturé.