La 11e édition des Universités d’Été de la Cyber et du Cloud de confiance, organisée par Hexatrust, a réuni plus de 600 professionnels sous le signe de la souveraineté. Dans un contexte instable, marqué par la chute du gouvernement Bayrou et le rejet du recours de Philippe Latombe contre le DPF, l’ouverture improvisée a transformé l’événement en tribune politique.
Le fantôme de l’affaire VMware planait déjà dans les murmures de la salle lors du discours d’ouverture de l’évènement des Universités d’Été de la Cyber et du Cloud de confiance. Ce traumatisme collectif, le rachat par Broadcom et la hausse brutale des tarifs, est devenu le symbole de la dépendance européenne. Et il a servi de fil rouge dès les premières minutes d’une édition bouleversée par l’actualité : la keynote ministérielle prévue a disparu avec la chute du gouvernement Bayrou, remplacée par un trio inédit composé de Philippe Latombe, Alain Garnier et Jean-Noël de Galzain. Plus qu’un contretemps, cette ouverture improvisée a donné une dimension politique immédiate aux débats, où la souveraineté numérique a cessé d’être un slogan pour redevenir une urgence. « Souvenons-nous de VMware : le coût de la dépendance se paie cash. » La formule de Philippe Latombe a claqué comme un constat implacable. Quelques jours seulement après le rejet par le Tribunal de l’Union européenne de son recours contre le Data Privacy Framework, le député a relié ces deux événements : un système économique et juridique qui enferme l’Europe dans l’hyperdépendance. Pour lui, l’affaire VMware n’est pas un accident mais la preuve tangible d’une vulnérabilité structurelle qui fragilise l’économie et menace la continuité des services publics.
Commande publique, le talon d’Achille français
Très vite, le débat s’est recentré sur la commande publique. Latombe a dénoncé une Dinum qui, au lieu d’orienter les achats, se met à « fabriquer à la place du privé », créant des dépenses récurrentes et doublonnant les solutions déjà disponibles. Alain Garnier a souligné la contradiction : l’État finance des suites collaboratives via France 2030, puis relance des projets internes. « L’exemplarité publique devrait nourrir la filière, pas l’affaiblir », a-t-il martelé, citant les déploiements de Jamespot à la CNAM, de Jalios à la DGFiP ou d’ExoPlatform en Occitanie. Autant de preuves que la filière française est prête, mais sous-exploitée. Jean-Noël de Galzain a élargi le propos en appelant à une responsabilité collective. « Chaque euro est un vote. Nous devons choisir à qui nous le donnons », a rappelé le président d’Hexatrust et PDG de Wallix Group, comparant l’achat numérique au choix d’une baguette. Entre un pain standardisé issue d’une chaîne anonyme et une baguette artisanale de proximité, la décision reflète des valeurs. Pour Hexatrust, l’enjeu est le même : soutenir les acteurs français, non par patriotisme, mais pour construire une filière capable de rivaliser à l’échelle industrielle.
L’exemple allemand en contrepoint
Un constat renforcé par la comparaison avec l’Allemagne. Outre-Rhin, le Zendis structure un marché en finançant l’intégration et en accompagnant les acteurs privés vers les donneurs d’ordres publics. Une stratégie claire, là où la France multiplie les incohérences entre discours souverainistes et appels d’offres qui profitent aux hyperscalers américains. Nos pensées vont au contrat de l’éducation national confié à Microsoft pour une valeur de 74 milliards d’euros. Pour Philippe Latombe, cette différence n’est pas idéologique mais méthodologique : Berlin assume ses ambitions, Paris hésite. Pour le député, l’instabilité politique actuelle porte aussi sa couche de responsabilité. “Comment voulez-vous qu’un ministre de la santé mette en place des solutions sur le traitement des données, alors qu’il est le huitième à ce poste en dix-huit mois ?”, assène-t-il.
Le temps presse
Les chiffres fournis par Hexatrust donnent la mesure de l’enjeu : 83 % des dépenses numériques européennes partent hors UE. Réorienter 15 % de cette consommation vers des solutions locales représenterait 700 milliards d’euros en dix ans. Jean-Noël de Galzain a rappelé l’exemple du Rafale, fleuron de l’aéronautique française : la France a déjà su créer des champions mondiaux, pourquoi pas dans le logiciel et le cloud ? L’analogie souligne une évidence : la compétence existe, mais elle bute sur un manque de cohérence politique et de volonté d’achat. À la fin de cette édition, le message ne tenait plus de la supplication mais de l’injonction. VMware a montré le prix de la dépendance, le rejet du DPF a confirmé l’immobilisme européen et la crise politique a révélé la fragilité de l’État stratège. Les acteurs français n’attendent plus des discours mais des décisions et des actions concrètes. La question qui résonne désormais est simple : cap ou pas cap d’hisser les voiles de la souveraineté numérique ?
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