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[50 ans Inria] Vulog, futur « grand champion » de la mobilité partagée

On ne possède plus de voiture, on la partage ! C’est sur ce créneau des technologies d’auto-partage que la société niçoise Vulog, née dans les laboratoires Inria de Sophia-Antipolis, souhaite aujourd’hui prendre son envol aux Etats-Unis, puis en Asie.
 
Depuis octobre 2016 à Copenhague (Danemark), les solutions de Vulog permettent à Renault et l’opérateur danois Green Mobility d’offrir un service d’auto-partage 100 % électrique avec 450 Renault Zoé.

Depuis octobre 2016 à Copenhague (Danemark), les solutions de Vulog permettent à Renault et l’opérateur danois Green Mobility d’offrir un service d’auto-partage 100 % électrique avec 450 Renault Zoé.

Après avoir levé 8,4 millions d’euros en 2015, la société niçoise Vulog a levé*, fin août dernier, 17,5 millions d’euros supplémentaires pour suivre la croissance du marché des solutions pour des services de mobilités partagées dans les villes.

Un marché qui devrait quasi doubler chaque année, selon Grégory Ducongé, directeur général de l’entreprise (interrogé par BFM Business fin août), pour atteindre plus de 600 000 véhicules et plus de 30 millions d’utilisateurs d’ici à 2020. En cause : de nombreuses villes, en voie de saturation, vont continuer encore à grossir dans les trente prochaines années, et, du fait du manque d’espaces et de la pollution que cela engendre, la mobilité partagée – autonome ou non – va devenir incontournable.

L’entreprise niçoise, créée en 2006 par deux chercheurs, Georges Gallais d’Inria et David Emsellem, maître de conférences à l’UNS (UMR I3S), a développé une plateforme en mode SaaS et un boîtier connecté à installer dans le véhicule. Une solution qui permet ensuite à tout opérateur de mobilité (loueurs de véhicules, start-up, constructeurs, automobiles-clubs, gestionnaires de flottes, collectivités territoriales…) de lancer rapidement et de gérer simplement leur service d’auto-partage.

Sa spécificité ? Vulog est précurseur sur les services d’auto-partage de nouvelle génération, c’est-à-dire qui ne nécessitent ni station, ni réservation (free-floating ou One-Way). Pour le conducteur, un simple badge ou un smartphone lui permet de déverrouiller le véhicule mis à sa disposition. Plus simple encore demain, Vulog travaille déjà avec un certain nombre de constructeurs pour intégrer directement sa technologie dans leurs futurs véhicules…

 « Selon le principe du free-floating, l’utilisateur peut laisser son véhicule n’importe où dans la ville, avec la possibilité de s’y garer gratuitement… »

L’entreprise réalise aujourd’hui 90 % son chiffre d’affaires à l’étranger. Mais, surtout active en Europe, elle vise désormais un développement plus international : déjà présente au Canada (avec 4 personnes sur place), elle attaque ce mois-ci les Etats-Unis en implantant un bureau commercial dans la Silicon Valley (San Francisco), un marché très prometteur. L’Asie viendra par la suite, à commencer par la Chine où l’entreprise prospecte déjà. Vulog a vocation à travailler avec un nombre d’acteurs très différents, majoritairement régionaux, car il n’existe pas encore d’acteurs globaux sur ce sujet de la mobilité partagée.

A Madrid, 500 Citroën C-Zero embarquent la solution Vulog

Les métropoles françaises, dans ce domaine, sont pour l’heure, plutôt en retard. La raison ? Les pouvoirs publics, « dont le rôle est majeur dans l’adoption de telles solutions », continuent de considérer que la voiture partagée est un concurrent des transports publics. Aussi, les solutions proposées sont souvent le fait de délégations de service public… A l’inverse, à l’étranger, ce n’est plus le cas avec un marché des opérateurs privés beaucoup plus ouvert. « Un exemple à Madrid, lancé en tout début d’année 2017, où nous sommes intervenus avec 500 voitures électriques, notre client a enregistré plus de 100 000 adhésions en seulement 90 jours… », cite l’expert.

Appelé Emov à Madrid, ce service est géré par la co-entreprise Eysa/PSA Smart Mobility Services, fruit d’une association entre l’espagnol Eysa (parkings) et Free2Move, la nouvelle marque de services de mobilité de PSA. Dans la capitale espagnole, Emov doit toutefois affronter la concurrence d’un service similaire (Car2Go). Cette dernière offre, proposée par le groupe allemand Daimler, y a déployé 480 Smart Fortwo Electric Drive.

Au total, ce sont aujourd’hui plus de 10 millions de trajets d’auto-partage qui sont facilités par la société française qui souhaite renforcer ses positions face à des concurrents comme l’allemand Invers ou l’américain RideCell, même si leur offre n’est pas totalement identique. En plein développement, elle prévoit d’ailleurs l’embauche d’une quinzaine de personnes d’ici à la fin de l’année, principalement en ingénierie.

* Auprès de Frog Capital (Royaume-Uni), Inven Capital (République Tchèque), ainsi que de ses investisseurs historiques, le Fonds Ecotechnologies géré par Bpifrance pour le compte de l’Etat dans le cadre des actions du Programme d’investissements d’avenir (PIA) confiées à l’Ademe ; et ETF Partners (Royaume-Uni).

Fiche Vulog

  • Solutions de mise en place de services d’auto-partage, pour les besoins de mobilité des personnes ou des entreprises.
  • Création : 2006
  • Fondateurs : start-up issue des laboratoires Inria de Sophia-Antipolis, créée par Georges Gallais (directeur de l’innovation) et David Emsellem (directeur technique). Depuis avril 2016, l’entreprise est pilotée par Grégory Ducongé, directeur général.
  • Chiffre d’affaires 2016 : non précisé. Mais il a presque doublé entre 2015 et 2016 (réalisé pour moins de 10 % en France et plus de 90 % à l’international, notamment au Canada)
  • Effectif : 60 collaborateurs et consultants (15 embauches en cours)
  • Sa technologie est utilisée par de nombreux acteurs à Vancouver (Evo), Montréal (Communauto), Bruxelles, Sao Paolo (Urbano Carsharing), Varsovie (Panek Carshare), ou Copenhague (Green Mobility)…
  • 4 500 véhicules sont aujourd’hui équipés du boîtier Vulog.

Consultez le dossier dédié : « Inria : du chercheur à l’entrepreneur »

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