Bpifrance poursuit son projet de création d’une équipe de France de la deeptech

Le fonds d’investissement Bpifrance fait le bilan de son plan deeptech lancé il y a deux ans pour encourager toujours plus de chercheurs à entreprendre et ainsi doubler le nombre de start-up dans ce domaine. Le projet ambitieux – et à priori peu ralenti par la crise – souhaite à terme créer une véritable équipe de France du transfert de technologie et de l’innovation. 

Bilan du plan deeptech lancé il y a deux ans par Bpifrance.

Bilan du plan deeptech lancé il y a deux ans par Bpifrance.

« La crise n’a pas trop ralenti la progression de notre plan Deeptech, amorce Paul-François Fournier, directeur exécutif innovation de Bpifrance, lors d’une conférence de presse le 10 mars dernier. Nous voulons créer une équipe de France du transfert de technologie et de l’innovation. »

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Voici le projet ambitieux de Bpifrance, qui ne semble pas avoir été trop impacté par la crise. La Banque Publique d’Investissement a même annoncé être en avance d’un an sur ses objectifs. En 2020, elle a réussi à créer plus de 200 start-up, soit 40% de plus par rapport à 2018. Les financements ont donc augmenté de 30% par rapport à 2019 et devraient atteindre les 330 millions d’euros l’année prochaine. L’action du gouvernement semble donc porter ses fruits : fin janvier 2019, il confiait à Bpifrance une enveloppe de 2 milliards d’euros pour porter le plan Deeptech et accompagner les start-up du secteur dans leur croissance.

CHIFFRES CLÉS DU PLAN DEEPTECH EN 2020 :

– 200 start-up deeptech créées sur l’année, (+ 40% vs 2018) ;

– 400 start-up deeptech financées pour 220 M€ (+ 30% vs 2019) ;

– 221M€ mobilisés directement au capital de 68 start-up et 218 M€ dans les fonds de fonds, portant le total à 870 M€ injectés sur 2019-2020 pour accélérer la croissance des startup deeptech ;

– 270 startup ont bénéficié de programmes d’accompagnement et de mise en relations (diagnostics, missions, intégration à la « Communauté Les Deeptech ») ;

– 80 M€ dédiés au développement du transfert de technologies et à l’accompagnement de start-up émergentes (Programme SATT, Appels à projet).

En 2021, cette tendance se confirme et Bpifrance compte doubler le nombre de financements dédiés aux projets issus de laboratoires. L’objectif initial était d’investir 1,3 milliards d’euros d’ici 2023, mais cela a été revu à la hausse et Bpifrance prévoit désormais 2 milliards d’euros d’investissements. Une estimation qui serait en partie dûe à l’effet de traction prévu avec le plan Greentech ou encore grâce à des secteurs prometteurs comme la santé et la réindustrialisation.

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« Si l’année écoulée a rebattu de nombreuses cartes, elle a aussi renforcé notre conviction que les technologies de rupture répondent aux principaux enjeux sociétaux de demain, constate Paul-François Fournier. La deeptech sera un levier clé pour assurer une plus grande résilience face aux crises sanitaires, contribuer à la relance par une économie plus verte et accélérer la réindustrialisation. »

Les deeptech françaises ont donc vocation à essaimer de plus en plus le paysage de l’innovation. Bien qu’elles ne représentent que 10% des start-up à ce jour, les 1700 deeptech présentes sur le territoire constituent 28% du French Tech 120 et captent plus de 20% des montants levés, avec 1,1 Md€ en 2020. Elles sont aussi génératrices de 15 000 emplois directs en France.

Fédérer les écosystèmes de la recherche

La deeptech continue donc d’être un enjeu stratégique de développement économique, et Bpifrance souhaite le poursuivre en renforçant ses liens avec le monde de la recherche. « Il faut que l’écosystème de transfert de technologie s’accélère, c’est un monde encore trop fragmenté et disparate, poursuit Paul-François Fournier. Il faut accentuer l’industrialisation des projets ».

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Bpifrance entend renforcer ses liens avec le monde de la recherche, notamment par l’intermédiaire des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT). Pour y arriver, elle prévoit la création d’une plateforme Lesdeeptech.fr, financée par le gouvernement pour mieux aiguiller les porteurs de projet dans leur constitution d’équipes, l’organisation de levées de fonds ou encore l’animation de communautés. L’enjeu étant de fédérer les réseaux autour de ces enjeux et d’inscrire cette dynamique dans le cadre de la nouvelle loi de Programmation de la Recherche.

À terme, Bpifrance vise la création de 500 start-up deeptech par an et souhaite ériger 1 à 2 start-up de la French Tech dans le CAC40 à l’horizon 2025. Nul doute que cela passera par un renforcement des écosystèmes capables de traduire la recherche en innovation.