Cercle des Partenaires du Numérique : l’éthique à l’honneur !

Alliancy ConnectA l’occasion de la grande soirée annuelle du Cercle des Partenaires, Alliancy a accueilli le 4 décembre dernier de nombreux acteurs de la transformation place Vendôme. Les invités ont pu assister à des tables rondes, débats et témoignages autour d’un thème de plus en plus récurrent : « Vers un numérique plus responsable ? ».

“Tout le monde est convaincu que les nouvelles technologies vont révolutionner le monde mais c’est bien parfois de prendre le temps de se poser pour leur donner du sens, entame Sylvain Fievet, directeur de publication d’Alliancy. Le thème de ce soir permet justement de se projeter sur le numérique responsable ».

Véronique Torner, co-fondatrice et co-présidente d’Alter Way et administratrice du Syntec Numérique.

Véronique Torner, co-fondatrice et co-présidente d’Alter Way et administratrice du Syntec Numérique.

A ses côtés, Véronique Torner, co-fondatrice et co-présidente d’Alter Way et administratrice de Syntec Numérique, attend son tour. Elle s’empare du micro et lance : « Et si un vent de responsabilité soufflait sur le numérique ? ». Elle présente ensuite un rappel historique des différents sommets mondiaux pour le climat de Stockholm en 1972 jusqu’à la COP25 tenue cette année à Madrid. Et après une multitude de chiffres sur l’impact écologique du numérique, Véronique Torner en conclut que le numérique est biface : « il est à la fois la source et la solution de nos problèmes environnementaux ».

Un impératif éthique incontournable

« La question de l’impact environnemental n’est plus seulement soulevée par nos clients mais aussi par nos collaborateurs en interne, précise Delphine Benard, responsable RSE au sein de la branche numérique du groupe La Poste. C’est donc devenu un enjeu majeur dans l’embauche de nouveaux talents. Nous ne pouvons plus faire de distinction entre nos valeurs d’entreprise et celles portées par la société ». Pour elle, une transformation effective des organisations sur la réduction d’impact ne pourra se faire sans prendre en compte la totalité de la chaîne de valeur.

Pour Martin de Neuville, vice président de l’ADRA (Association des Directeurs et Responsables Achats) : « Depuis que le numérique s’est développé, le time-to-market s’est exacerbé, tout s’accélère… les directions achats se sont retrouvées un peu dépassées. La RSE c’est trouver le point de jonction entre les impératifs du numérique et ceux des achats. Et pour porter cet objectif à l’échelle du groupe, il faut impérativement que la direction générale et les achats s’alignent. »

De gauche à droite : Thomas Rousseau, Sophie Viger, Martin de Neuville et Delphine Benard.

De gauche à droite : Thomas Rousseau, Sophie Viger, Martin de Neuville, Delphine Benard et Sophie Flak.

Sophie Viger, directrice générale de l’Ecole 42 est aussi concernée. Ses étudiants sont régulièrement sensibilisés à ces enjeux. Mais elle a choisi de mettre l’accent sur une problématique éthique d’une autre nature et tout aussi préoccupante. « Il n’y a que 36 % de femmes dans le numérique, et ce chiffre arrive en dessous des 15 % pour les métiers de développeur ou technique. C’est dramatique de voir une petite partie de l’humanité – en l’occurrence des hommes blancs, cisgenre, plutôt CSP++ – être au commande du design du monde numérique. »

La solution, intensifier l’effort de sensibilisation pour sortir de cette division socio-sexuée dans laquelle les mathématiques et les sciences seraient exclusivement réservées aux hommes. Et ce, dès le plus jeune âge : « Comment voulez-vous que les jeunes filles se projettent, quand 96% des experts et scientifiques dans les manuels scolaires sont des hommes ? ».

Une RSE rentable est possible

Pourtant, les entreprises et notamment celles à forte composante numérique, n’endossent pas encore beaucoup de responsabilités. « Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un tel déni … déplore Sophie Flak, Directrice de la RSE de la société d’investissement Eurazeo et membre du Conseil National du numérique. Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre mondiale, soit davantage que le transport aérien civil. Donc il faut se bouger et sortir du déni : oui la tech a un impact ! ».

Pour elle, il est important que les entreprises « chassent les éléphants dans la pièce » : autrement dit s’attaquer réellement aux problèmes évidents de leur activité d’un point de vue environnemental, plutôt que de saoupoudré des petites mesures. Cela peut passer par l’instauration de stratégie Data lean et Code Lean par exemple pour faire émerger un monde numérique éco-conçu. « Et c’est tout à fait possible de faire de la RSE tout en étant rentable » conclut-elle, en expliquant que performance et éco-responsabilité vont de paire.

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Thomas Rousseau, directeur financier de la branche IT et directeur CIO Office de Veolia, est aussi du même avis. « Pendant longtemps notre comex a eu du mal à savoir si Veolia était plutôt une ONG défendant le développement durable ou bien une société ultra libérale. Nous avons fini par trancher en assumant qu’il était possible de faire du profit tout en préservant la planète. Il faut sortir de ce malaise ». Pour lui, la sphère d’influence d’une DSI est un atout précieux pour faire changer les choses : après avoir été poussé à certains usages par l’entreprise, les collaborateurs vont influencer par capillarité la manière dont les cercles familiaux et amicaux vont ensuite utiliser les technologies au quotidien. Et les choix organisationnels pèsent aussi « Au-delà du bien être personnel, par exemple, le télétravail impacte la répartition des populations sur le territoire : il permet de désengorger la circulation, désenclaver économiquement des régions… c’est aussi ça la responsabilité d’une entreprise vis à vis de la société ».

De gauche à droite : Flora Thiébaut (Auticonsult), Laure Valentin (Ciclely), Anais Barel (Recommerce) et Antoine de La Bouillerie (Qarnot Computing).

De gauche à droite : Flora Thiébaut (Auticonsult), Laure Valentin (Ciclely), Anais Barel (Recommerce) et Antoine de La Bouillerie (Qarnot Computing).

Après cette table ronde plutôt dense, Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy, a appelé plusieurs start-up à pitcher devant le public. Flora Thiébaut d’Auticonsult, Laure Valentin de Ciclely, Anais Barel de Recommerce et Antoine de La Bouillerie de Qarnot Computing sont tous de jeunes entrepreneurs qui ont placé l’éthique au cœur de leur projet innovant.

Pour en savoir plus sur ces start-up, consultez notre diaporama

Thierry Vonck, Référent Numérique Responsable chez SNCF est le dernier à prendre la parole. Il est venu présenter l’Institut Numérique Responsable, une association d’entreprises créée il y a un an dans le but de formuler des engagements communs vers la réduction de l’empreinte du numérique. Un cadre pour appeler à l’action les invités présents lors de cette soirée.

A la clôture des échanges, on ne peut que constater que l’éthique dans le numérique est faite de myriades de concepts et de problématiques diverses. Des préoccupations climatiques aux enjeux de diversité et en passant par l’engagement social, les entreprises auront sans aucun doute à renforcer leurs synergies pour rendre leur transformation plus responsable.

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