Christophe Leray (Stime) : « L’époque du DSI geek, enfermé dans son bureau, est finie ! »

Christophe Leray dirige la Stime, la filiale qui gère les systèmes d’information du Groupement Les Mousquetaires. Créé en 1969, celui-ci réunit des chefs d’entreprise indépendants de la grande distribution. Il est notamment connu par ses enseignes Intermarché, Netto, ou encore Bricomarché, Bricorama et Roady, etc.

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Quel a été votre parcours jusqu’à la DSI du groupement Les Mousquetaires ?

Christophe Leray, DSI de la Stime (Groupement les Mousquetaires)

Christophe Leray, DSI de la Stime (Groupement les Mousquetaires)

Christophe Leray. J’ai pris mes fonctions à la Stime il y a 2 ans. Mon parcours professionnel a toujours été dédié aux systèmes d’information (SI) des entreprises. Je suis tombé dans la marmite du numérique dès mon plus jeune âge ! Mais les entreprises par lesquelles je suis passé ont des activités et des cultures très différentes. J’ai commencé à travailler au sein d’une SSII avant de rejoindre une banque d’investissement, puis une société industrielle cotée au CAC40 et enfin j’ai passé presque 10 ans au sein du PMU. Ma formation et mon début de carrière se sont faits sur le volet « infrastructures et télécom » du métier.

Vous gérez aujourd’hui plus de 800 collaborateurs au sein de la STIME…

Christophe Leray. J’ai acquis mes compétences managériales à force d’expériences. J’ai d’abord eu une personne sous ma responsabilité, puis trois, puis dix… et aujourd’hui je dirige une DSI très particulière puisque c’est une entité au statut de filiale qui représente plus de 1 000 personnes, si l’on compte les effectifs de nos fournisseurs. La taille de la STIME peut surprendre, mais elle se justifie par la volonté des Mousquetaires de garder en interne les moyens de leur indépendance informatique ainsi que par la taille globale du Groupement Les Mousquetaires, qui réalise plus de 44 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compte 150 000 collaboratrices et collaborateurs.

Avez-vous vu le rôle et les responsabilité des DSI évoluer avec le temps ?

Christophe Leray. Ce rôle dépend de la place que tient le numérique dans la vision stratégique de l’entreprise. Au PMU, 100% des revenus étaient basés sur le SI, ce qui en faisait le centre névralgique de l’activité. C’était à l’époque un positionnement atypique, plus proche de ce qui se vivait dans les salles de marché que dans une entreprise classique. Mais depuis 10 ans environ, le SI prend un rôle de plus en plus central dans toutes les entreprises, quelles que soient les activités de celles-ci. La transformation digitale expose le SI qui était auparavant considéré comme une fonction technique et met le DSI et son équipe sur le devant de la scène.

Nomination livre blanc dsi Concrètement, comment le DSI doit être « équipé » pour relever ces défis ?

Christophe Leray. Une part importante du métier est dorénavant liée à la communication et à la pédagogie. L’époque du DSI geek, enfermé dans son bureau, est finie ! Le DSI rend compréhensible pour tous des systèmes qui deviennent de plus en plus complexes. Pour y parvenir, nous devons travailler différemment avec nos équipes et le reste de l’entreprise, en développant de nouveaux savoir-être et savoir-faire. Les méthodes d’agilité à l’échelle mettent en effet en contact des populations à la culture et au parcours professionnel très différent, ce qui met les soft skills au centre du jeu. Ensuite, nous devons penser et concevoir les SI différemment. Pour y parvenir, nous devons bien nous entourer pour piloter l’abondance des nouvelles opportunités technologiques. Mieux vaut avoir des notions d’architecture très forte, et une stratégie d’ouverture, d’interopérabilité et de modularité du SI.

Le DSI doit-il être au comex ?

Christophe Leray. To be or not to be on the board ? C’est l’éternelle question existentielle de la profession… Pour ma part, je formule une réponse simple : je n’envisagerai pas de travailler pour une entreprise qui positionne son DSI ailleurs qu’au comex, car cela veut dire qu’elle ne place pas le numérique au coeur de sa stratégie. IA, Big Data, IoT… tous ces mots clés ont un impact sur les modèles d’activité, mais ces termes ont été galvaudés à coup de marketing et de mauvaise communication : le DSI doit être celui qui dissipe le brouillard pour le comex, en apportant une vision technologique réaliste, au service du business. Il est celui qui aide l’entreprise à dépasser les POC , en en livrant des solutions « à l’échelle » qui apportent réellement de la valeur au business. Il y a 10 ans, les cassandre voyaient dans le digital la fin de la DSI, aujourd’hui c’est tout le contraire, nous vivons une époque formidable en tant que DSI. Nous avons acquis une légitimité et une reconnaissance fortes. Cela porte aussi une exigence et une responsabilité beaucoup plus importantes vis-à-vis de l’entreprise. C’est extrêmement motivant et c’est ce qui en fait un beau métier !