Comment développer de nouveaux modèles économiques centrés sur la création de valeur ?

Les promesses de l’économie numérique seront concrétisées grâce à une proximité des acteurs au sein d’écosystèmes IT. Proximité signifiant rapidité, mais aussi sécurité, fiabilité et flexibilité. En effet, la numérisation de l’économie ne se résume pas à l’usage de tablettes ou aux Smartphones. La digitalisation des entreprises implique l’émergence de modèles économiques innovants, centrés sur le client. Il s’agit pour l’entreprise de développer de nouvelles sources de revenus, auxquelles elle ne pouvait pas prétendre jusqu’à présent.

Fabien Gautier, Directeur du Business Developpement et du Marketing, Equinix

Fabien Gautier, Directeur du Business Developpement et du Marketing, Equinix

Nul besoin d’être une startup bien au contraire : les entreprises les plus traditionnelles peuvent également en profiter. Ainsi, pour un fabricant d’électroménagers, il s’agira de rendre ses appareils plus intelligents en diffusant des contenus sur les façades de ses fours ou réfrigérateurs. En résumé, seul compte désormais le service à valeur ajoutée apporté au client.

Des interconnexions multiples                  

Or ce client digital fait preuve d’un certain don d’ubiquité : il va faire des courses avec son smartphone, discute sur les réseaux sociaux et participe à des forums professionnels, et fait son jogging équipé d’un dispositif connecté (montre, bracelet…). L’entreprise devra donc récupérer nombre d’informations pertinentes pour pouvoir valoriser tout son potentiel, ce qui nécessite des connexions de qualité à tout type de réseaux : cellulaire, wifi, géolocalisation, IoT… Ces données issues de multiples sources (réseaux sociaux, base de données, objets connectés) vont permettre de le « profiler », dans le respect des réglementations. Les recueillir passe par plusieurs chemins d’accès.

Une fois ces données acquises, l’entreprise doit pouvoir les traiter massivement et rapidement. L’analyse et le traitement de ces données s’opèrent rarement au sein de l’entreprise elle-même  mais en collaborant avec un ensemble d’autres organisations spécialisées sur ces sujets. Les systèmes et les applications IT impliquées sont nombreux et pour la plupart natifs dans le Cloud. C’est le côté « imbriqué » de ce processus qui impose que les systèmes soient parfaitement interconnectés. Ce principe ne s’arrête pas là puisqu’une fois la donnée traitée, il faut bien sûr diffuser la résultante de cette analyse au client ou au prestataire tiers qui en tirera un bénéfice.

On le voit, à toutes ces étapes, que ce soit pour la collecte d’informations, leur traitement, leur diffusion, il est impératif de disposer de connexions de qualité pour profiter d’une digitalisation qui fait sens et apporte une valeur. Par qualité, il faut entendre dans certains cas rapidité, et davantage sécurité dans d’autres. Cette qualité n’est rendue possible que grâce à des liens directs avec les datacenters des différents acteurs du cloud, ou plus simplement avec le datacenter d’un opérateur de services d’infrastructure lui-même en connexion directe avec les grands fournisseurs d’application cloud.

Des multitudes de capteurs

Le véhicule connecté est à ce titre une bonne illustration de ces mécanismes. Il suscite beaucoup d’espérance en termes de services rendus. Son énorme atout réside dans la géolocalisation, qui tire parti de ses multiples capteurs embarqués. Il peut ainsi recueillir des informations concernant l’état des routes, des panneaux de signalisation, de la météo, auxquelles s’ajoutent des indicateurs concernant sa propre maintenance. A partir de ces données, un constructeur auto peut imaginer de nouvelles sources de revenus. En passant par exemple un contrat avec Météo France pour aider l’organisme à améliorer ses prévisions (dans ce cas, la rapidité de transmission de la donnée est primordiale : savoir qu’il y a eu un orage à tel endroit la veille n’a que peu d’intérêt). Ce qui nécessite des datacenters interconnectés aptes à prendre en charge un traitement massif de données et à diffuser les résultats en temps réel.

Autre partenariat possible, avec les services de l’Etat ou des collectivités locales, afin qu’ils puissent intervenir plus rapidement sur un feu de signalisation en panne. Parallèlement, les indicateurs de maintenance de ses véhicules aideront le constructeur à optimiser la gestion des stocks de ses pièces de rechange. On le comprend aisément, dans ce cas précis, la qualité de l’interconnexion portera surtout sur la rapidité de collecte et de traitement des données de fonctionnement du véhicule, un délai trop long rendant obsolète et sans intérêt l’analyse des dites données. Mais toute la valeur ajoutée sera tirée du traitement et de l’analyse de ces données par plusieurs acteurs d’un même écosystème et des synergies qui en découleront.

Cette interconnexion entre l’entreprise, ses clients, ses fournisseurs et ses applications caractérise l’ensemble des secteurs, et se démultiplie notamment avec les données captées par les objets connectés (IOT). Qu’il s’agisse d’un véhicule, d’un four ou d’un dispositif médical – qui devra disposer d’un réseau fiable pour envoyer une alerte en cas d’urgence et d’un autre réseau parfaitement sécurisé pour communiquer avec les services d’une assurance – ces objets laissent entrevoir des services numériques à forte valeur ajoutée. Mais qui resteront au stade de promesses sans une proximité des acteurs et des informatiques entre eux, le plus souvent au sein des bâtiments du datacentre, là où vivent et sont stockées les données.