Le CESIN et Hexatrust lancent le Cyber Panorama, un référentiel fondé sur le NIST pour aider les organisations à identifier les solutions souveraines et réduire leur dépendance aux technologies extra-européennes.
Dans un paysage numérique saturé d’acteurs extra-européens, la fragmentation de l’offre souveraine avait fini par devenir un angle mort stratégique. C’est ce vide que le CESIN et Hexatrust mettent en lumière en publiant le Cyber Panorama, révélant au passage l’étendue de la difficulté pour les organisations à repérer des alternatives crédibles aux technologies dominantes. Les deux organisations insistent sur l’urgence, dorénavant stratégique, de sortir de cette dépendance, notamment face aux risques d’extraterritorialité et de perte de maîtrise opérationnelle. L’outil ne prétend pas clore le débat, mais il rend tangible la question que la filière esquive depuis longtemps : comment orienter les choix technologiques sans carte fiable ?
Un marché dynamique mais invisible
Cette mise à nu répond à un paradoxe tenace. Alors que près de quatre organisations sur cinq affirment que la souveraineté deviendra un critère essentiel dans leurs décisions IT, l’écosystème français reste largement sous-exploité, faute de lisibilité. Les catalogues existants ne couvrent qu’une portion du marché, rendant difficile l’identification d’offres souveraines capables de rivaliser avec les solutions extra-européennes. “La capacité des organisations à réduire leur dépendance repose désormais sur un accès clair et consolidé à l’offre souveraine”, souligne Alain Bouillé, Délégué Général du CESIN. Le Cyber Panorama s’inscrit dans cette tentative de structuration, cherchant moins à séduire qu’à remettre de l’ordre dans un marché dont la complexité dessert ses propres acteurs.
Un outil pensé pour les experts
Cette volonté d’apporter de la lisibilité se retrouve dans la forme même du Cyber Panorama, aligné sur le NIST Cybersecurity Framework, référence familière aux professionnels. Les solutions sont organisées selon les six fonctions clés, à savoir gouverner, identifier, protéger, détecter, répondre, récupérer. Une manière d’offrir une grille de lecture immédiatement exploitable. Jean-Noël de Galzain, président d’Hexatrust, précise que l’objectif est “d’indiquer aux acheteurs un panorama de l’offre disponible en fonction des besoins à couvrir”. L’ajout d’une interface interactive permettra aux éditeurs de mettre à jour leurs données en continu, renforçant la fiabilité d’un référentiel conçu comme vivant. Une manière de réduire l’asymétrie d’information entre offreur et décideurs qui freine encore les stratégies d’achat, et de donner à la filière un langage commun.
Accélérer le Renouveau numérique
Avec plus de 300 acteurs déjà recensés, le Cyber Panorama esquisse une première cartographie appelée à s’étoffer. Les futures mises à jour intégreront notamment le Cloud de Confiance, la Digital Workplace et une catégorie “Héberger”, essentielle pour traiter la question de la localisation des données. Une extension européenne est également prévue, afin de refléter un marché qui dépasse le cadre national. La cartographie constitue également un enjeu économique, puisque réorienter seulement 15 % des achats numériques européens représenterait “690 milliards d’euros de commandes et un demi-million d’emplois sur dix ans”, a rappelé le président d’Hexatrust. Une manière de rappeler que la souveraineté n’est pas une posture, mais un levier industriel encore sous-exploité. En levant le voile sur une filière éclatée, le CESIN et Hexatrust offrent un instrument appelé à structurer durablement les choix des organisations.
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