Retour sur le dîner de la rédaction « Silver Economie »

Dîner du 8 décembre 2015 
Usages numériques, lien social, bâtiments intelligents… Territoires et établissements spécialisés sauront-ils s’adapter assez vite au nouvel accompagnement dont ont besoin les seniors ?

Les invités de ce dîner-débat de la rédaction, parmi lesquels Groupe SOS Séniors, Conseil Régional d'Aquitaine, Domitys ou encore Maisons de Famille ont accepté d’échanger le temps d’une soirée sur l'adaptation des territoires et établissements au nouvel accompagnement dont ont besoin les seniors. 

Retrouvez les réactions des invités dans ce diaporama.

   Photos : Guillaume Ombreux

Solange Ménival, Vice-Présidente en charge de la santé et des formations sanitaires et sociales au Conseil Régional d’Aquitaine

« Il n’y aura pas de Silver économie à domicile si on n’a pas repensé le rôle des soignants et si on n’a pas vu que les assistants de vie avaient un rôle d’éclaireur. La technologie doit permettre de dégager du temps pour l’humain. Je ne crois pas en la déshumanisation par le robot. La réglementation et les modèles économiques mettront une barrière dans le fait d’imposer toujours plus de technologies pour réduire les coûts. L’autre grand défi que nous devrons relever dans le secteur de la Silver économie tourne autour du développement de ces nouvelles technologies, leur contrôle, leur solvabilité, et de savoir qui les paie et qui les garantie. La France regorge d’innovations mais on ne parvient pas à montrer l’intérêt des nouveaux outils au payeur. Pour ce faire, il faudrait regarder ce qui se passe ailleurs. Si on pouvait croiser les études françaises avec les études européennes ou outre-Atlantique, on accélèrerait la preuve de la médico-efficience. »  

Olivier Rohart, Directeur des exploitations de Domitys

« L’enjeu technologique dans le secteur des seniors est bien réel et Domitys y est très attentif. Mais il faut pouvoir proposer des outils à la fois utiles, pertinents et utilisables par les séniors. Le pilotage de la domotique d’un appartement via une tablette numérique, c’est bien, mais le sénior a-t-il réellement l’envie et la capacité d’utiliser ce moyen ? Ne doit-on pas privilégier le maintien de l’activité physique de la personne et faire qu’elle se déplace pour allumer et éteindre la lumière, pour régler le chauffage ou actionner l’interrupteur de ses volets roulants électriques, plutôt que de trop « l’assister » ? Des outils bien connus et simples donnent encore entière satisfaction, dès lors qu’une intervention humaine rapide vient en complément. Le tout technologique, n’est pas forcément enviable. Par exemple, une montre d’appel rempli efficacement son rôle de demande d’assistance si une personne dédiée est présente sur place et peut intervenir dans les cinq minutes qui suivent l’incident et se trouver aux côtés de la personne âgée, autrement l’efficacité reste très discutable. On voit émerger de nouvelles idées intéressantes  mais il est encore difficile de s’assurer qu’elles soient totalement pertinentes pour le sénior qui habite nos résidences d’une part et pour nous en tant qu’exploitant de la résidence d’autre part. Il faut bien garder en tête que l’on s’adresse à des personnes âgées qui sont très sensibles au fait d’avoir une personne en face d’elles. N’oublions pas également de considérer l’impact de coût de ces nouvelles technologies. Enfin, le déploiement et le succès des technologies dans le secteur séniors reste encore difficile, très probablement du fait de la multitudes de cas particuliers à prendre en considération et du nombre de solutions « sur mesures » à proposer.

Loïc Rumeau, Directeur projets et partenariats du Groupe SOS Séniors

« Nous devons réfléchir autour de l’usage des solutions technologiques. Ce sujet reste encore largement à explorer et nous sommes en pleine réflexion autour du panel de services que l’on peut proposer. Dans les établissements de type EHPAD ou résidence service les outils fonctionnels qui permettent de travailler l’ensemble des dimensions de l’accompagnement sont encore perfectibles. Il faudrait incrémenter de nouveaux services par le biais de ces logiciels pour travailler sur de la collecte de données, médicales notamment. Ces données pourraient enrichir le suivi des résidents et renforcer la personnalisation des projets d’accompagnements.»

David Bouniol, Direction générale de Repotel

 « Nous constatons deux freins à la technologie dans nos EHPAD. Tout d’abord, le problème des faux positifs : des chutes qui ne sont pas des vraies chutes par exemple. Ensuite, il faut s’assurer que la domotique ne vienne pas priver les résidents de leur autonomie ou les fasse régresser. Les personnes qui entrent en EHPAD doivent être préservées dans leur autonomie le plus longtemps possible.Je rajouterai également la digitalisation du parcours de soin. Des outils comme Trajectoire ont été mis en place depuis quelques années par les ARS (Agences Régionales de Santé) pour accélérer et fluidifier le parcours santé, et limiter la durée de moyenne du séjour. Cependant, en France il existe un frein réglementaire qui peut éteindre ou ralentir ces initiatives. Je pense que ces barrières finiront par tomber. Si on est agile, on trouvera des moyens de rendre le service aux personnes âgées comme il doit l’être. »

Pascal Brunelet, Vice-président de Silver Valley

 « Le succès de l’innovation dans la Silver économie passe nécessairement par la validation de la preuve d'usage. Cela signifie que le service ou le produit issu de l'innovation doit prouver qu'il améliorera la qualité de vie des séniors et de leurs aidants. Cette preuve d'usage doit être assortie d'un modèle économique viable et idéalement de sa validation médico économique. Si nous prenons l'exemple de la chute d'une personne âgée, il est médicalement prouvé que ce n'est pas la chute en soi qui provoque un taux de morbidité élevé mais la station prolongée au sol, Il y a quatre fois plus de personnes qui meurent des conséquences d'une chute en France que d’accidents de la route. Si l’innovation arrive à mettre en évidence sa valeur médico-économique pour la collectivité, on créera un vrai marché et un vrai modèle économique. Pour les séniors et les aidants, l'innovation doit être gratifiante et non stigmatisante, une innovation qui permet aux aidants de consacrer plus de temps à la relation sociale avec l'aidé qu'à la réalisation de taches peu valorisantes, est vouée à un réel succès. Viendra ensuite la problématique de la gestion de la donnée. Où commence une donnée de santé ? Est-ce le poids sur ma balance connectée ? Le nombre de pas que je fais chaque jour ? Car une donnée de santé mal utilisée peut être explosive. »

 Jacques Pleurmeau, Président d’Hom’Age

« Les notions de preuve d’usage et d’innovation sont essentielles en Silver économie sinon on tombe très vite dans la gadgetterie. J’ai déterminé trois cordes de technologie : l’infrastructure numérique complètement dédiée au logement et intégrée dans les réseaux, la télécommunication et la téléassistance, et tout ce qui est relatif aux objets connectés et à l’e-santé. Mais la technologie n’est qu’un outil, pas un moyen. L’objectif est de proposer aux résidents une technologie qui apporte vraiment un complément à leurs déficits. C’est pour cela que lorsque nous recevons quelqu’un dans une résidence service, nous élaborons un projet de vie. A partir de là, on va pouvoir restituer à la personne et à ses aidants un certain nombre de manquement et lui proposer un package de domotique qui va venir l’assister. »

 Caty Ebel Bitoun, Présidente d’ACVFIT

« Il existe une grande diversité dans le vieillissement de la population : des seniors actifs, des personnes âgées autonomes à domicile, des personnes en résidence service, et ceux qui n’ont que le choix de passer en EHPAD. Le profil des aidants est aussi varié. Il peut être l’enfant, qui doit s’occuper en sandwich des plus jeunes et des plus vieux. Sinon, il est de la même génération que l’aidé car c’est souvent son conjoint. Quand il est âgé, la problématique de l’accès à la technologie se pose. La prévention santé permet le mieux vieillir et les outils digitaux offrent une réelle opportunité. Comment faire pour installer la domotique chez soi et pouvoir l’utiliser ? Aujourd’hui, il existe des innovations mais leur coût de revient est trop élevé et elles ne sont donc pas accessibles à tous. Il est peut-être temps de responsabiliser chacun de nous : les industriels doivent penser dans leur business modèle à des prix de commercialisation plus accessibles. De l’autre côté, il est bénéfique que les usagers se rendent compte du coût de la santé, par un co-paiement afin de mieux utiliser notre système de soins. Car la santé a une valeur : Il n’est pas normal que l’Etat, la collectivité locale ou le système de soin prenne tout en charge car cela donne l’impression que la santé est gratuite donc sans valeur. Ce qui n’a pas de valeur est souvent mal utilisé et finit par coûter cher à la collectivité et aux usagers. »

Valérie Reiner, Directrice du développement des Relations Extérieures de Berger Levrault

« Les collectivités locales, les villes et les intercommunalités sont confrontées à un enjeu de taille pour répondre aux besoins des Seniors. Chaque territoire souhaite proposer des solutions adaptées d’hébergements, de services à domicile ou d’animations aux populations concernées. Le Syndicat National des Directeurs Généraux des collectivités territoriales (SNDG) en partenariat avec Berger-Levrault, a mis au point en 2014 une liste d’indicateurs dans le domaine des Seniors : efficacité, qualité et efficience des services, délais d’attente et autres critères de performance… Les collectivités territoriales et les décideurs locaux ont besoin d’outils pratiques pour analyser les résultats de leurs actions, d’évaluer leurs politiques publiques au regard des autres territoires. La culture du benchmark dans les administrations publiques est peu développée et ces données ont souvent un caractère politique. Si cette dynamique est encouragée et vient à trouver son essor, elle permettra d’avoir une vision plus claire des pistes d’améliorations à appliquer dans le domaine des Seniors et notamment, au niveau des établissements.»

Philippe Tapié, Président de Maisons de Famille

« Nous utiliserons de plus en plus les moyens technologiques mis à notre disposition, que ce soit en EHPAD ou en résidences service. Aujourd’hui, il existe des initiatives extraordinaires comme des systèmes de prévention, notamment anti-chutes. Nous savons qu’il existe déjà des robots susceptibles de soulever une personne de son lit pour la déposer dans un fauteuil ou encore capables de vous emmener dans une autre pièce, l’hôtellerie utilise déjà des robots capables de faire le ménage dans une chambre. Ces technologies seront très utiles pour le personnel soignant ou hôtelier. Mais elles ne remplaceront pas l’Homme, elles permettront simplement de libérer du temps au personnel pour que ce dernier soit encore plus dans le lien, l’empathie, le service vis-à-vis du résident. C’est ce que l’on cherche entre autres dans une résidence service ou un EHPAD, le lien social, la chaleur humaine apportée par le personnel que ce soit les aides-soignantes ou le personnel hôtelier. »

 

Fabrice Broutin, Directeur Segment Santé et Silver Economy, et Grégoire Viasnoff, Directeur marketing Partner Project and EcoBuilding de Schneider Electric

« Qui opère dans la domotique ? Si la sentinelle est envoyée, chez qui arrive-t-elle ? Comment est utilisée cette information et comment maintient-on en condition opérationnelle le système ? Le problème n’est pas sur la technologie mais sur l’accompagnement de cette technologie. Avec tous les capteurs du monde, on ne relèvera personne. Aujourd’hui l’assistant personnel robotisé est une solution qui existe au Japon. La réalité opérationnelle des solutions est en marche mais l’image n’est pas la bonne. Il faut un travail collectif de filière pour la transformer. Néanmoins, il y a encore des carcans en France, notamment sur le financement. Pour trouver un business model rentable, les pouvoirs publics vont devoir contribuer mais l’idéal serait que le business model soit purement privé. »

Nous remercions, pour leur présence à ce dîner :

  • Solange Ménival, Vice-Présidente en charge de la santé et des formations sanitaires et sociales au Conseil Régional d’Aquitaine
  • Olivier Rohart, Directeur des exploitations de Domitys
  • Loïc Rumeau, Directeur projets et partenariats du Groupe SOS Séniors
  • David Bouniol, Direction générale de Repotel
  • Pascal Brunelet, Vice-président de Silver Valley
  • Valérie Reiner, Directrice du développement des Relations Extérieures de Berger Levrault
  • Jacques Pleurmeau, Président d’Hom’Age
  • Caty Ebel Bitoun, Présidente d’ACVFIT
  • Philippe Tapié, Président de Maisons de Famille
  • Fabrice Broutin, Directeur Segment Santé et Silver Economy, et Grégoire Viasnoff, Directeur marketing Partner Project and EcoBuilding de Schneider Electric

Un dîner organisé en partenariat avec : 

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Schneider Electric est le spécialiste mondial de la gestion de l'énergie et des automatismes et a réalisé 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014. Nos 170 000 collaborateurs répondent aux besoins de clients dans plus de 100 pays en les aidant à gérer leur énergie et leurs processus de manière sûre, fiable, efficace et durable. Des interrupteurs les plus simples aux systèmes d'exploitation les plus complexes, nos technologies, logiciels et services permettent à nos clients d’optimiser la gestion et l’automatisation de leurs activités. Nos technologies connectées contribuent à repenser les industries, à transformer les villes et à enrichir les vies de leurs habitants. Chez Schneider Electric, nous appelons cela : Life Is On*.
schneider-electric.fr
*La vie s'illumine

Dans la continuité de notre réflexion sur le monde de l’homme, l’entreprise et la vie connectée en 2030, notre partenaire Schneider Electric organise une exposition « Life is On » du 31 mars au 2 avril 2016 à Paris Expo Porte de Versailles.

Le fil rouge de l’exposition « Vivre et travailler en 2030 ». A travers une cinquantaine de conférences, un espace d’exposition et de démonstration, l’événement vous projettera en 2030 et abordera des problématiques liées à la performance énergétique du bâtiment, au datacenter de demain, à l’industrie du futur, aux éco quartiers… Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electricinterviendra notamment lors de la Keynote Innovation (le 01/04 à 9h30).

Alliancy, le mag étant partenaire de l’exposition, pour bénéficier d’un accueil privilégié, remplissez le formulaire situé ici : vivreen2030.alliancy.fr/preinscription-life-is-on