Retour sur le dîner du cycle « SI et transformation » du 10/07/2017 : maîtrise de la transformation

Dîner de la rédaction - cycle "SI et Transformation" - 10/07

« Traçabilité, supervision temps réel, ouverture… comment les entreprises maîtrisent-elle la transformation de leurs processus et de leur SI ?  »

Seize convives ont participé au dîner Traçabilité, supervision temps réel, ouverture… comment les entreprises maîtrisent-elle la transformation de leurs processus et de leur SI ? pour détailler les enjeux d’adaptation qui attendent les DSI de grandes entreprises. Ces dernières doivent en effet s’ajuster massivement aux nouvelles exigences de leurs clients, en proposant une expérience de meilleure qualité. Les données se retrouvent au cœur de ce challenge mais beaucoup s’interrogent sur le sens à donner à leur exploitation. Sylvain Fievet, directeur de la publication d’Alliancy, a animé le débat en soulignant les urgences de la transformation numérique.

Photos : Guillaume Ombreux

"Quelles urgences pour vos entreprises dans leur transformation numérique ?" a interrogé Sylvain Fievet, directeur de la publication d'Alliancy, en introduction. Cette question a notament été complétée par Catherine Moal, rédactrice en chef du magazine qui explique que "pour mener à bien leur transformation digitale et devenir des industries 4.0, les entreprises doivent repenser leurs façons de faire. Il s’agit généralement de changer d’organisation, en ayant « une usine agencée en toile d’araignée, au milieu des fournisseurs et des clients ».

Fahim Belarbi, CIO / DSI – Vinci Energies France

Tout le monde affirme vouloir faire de l’open-data car cela a une valeur inestimable. Mais il ne suffit pas de collecter et de la partager, il faut aussi savoir l’analyser et la restituer d’une manière intelligible. Si les industriels n’ont pas des équipes combinant des datascientist avec les équipes métiers , elles n’y arriveront pas. Chez Vinci Energies, on a pris le parti de l’open-innovation en créant une Factory regroupant des compétences diverses. Cela nous a permis d’avoir une analyse transversale sur toutes nos activités : Tertiaire, Industrie, Technologies de l’information et de la communication, Infrastructures d’énergie.

Rémy Berthou, DSI – SNCF Réseau

Le monde industriel est en train de basculer dans le numérique. La bonne nouvelle est que nous avons plein de technologies pour nous transformer. La mauvaise, c’est que les métiers ne sont pas toujours prêts à aller en ce sens. Il faut pourtant passer ce cap. Le DSI a alors un rôle à jouer pour aider à la refonte des processus et faire avancer tous les collaborateurs à la même vitesse. Il faut structurer l’usage de la donnée pour en tirer le meilleur parti, car il y a des opportunités à saisir. Il faut également faire des expérimentations pour se préparer, comme nous le faisons avec le concept de rail intelligent par exemple.

Damien Bioteau, Directeur informatique – Chassis Brakes International

Nous fabriquons des systèmes de frein automobiles. S’il y a dix ans nous les réalisions en aluminium, nous sommes déjà en train d'écrire des lignes de code afin de les adapter au futur véhicule autonome. Accompagner cette transformation implique de travailler sur la data. Or, 80% de nos données générées sont encore laissées en bord de chaine sans être exploitées. Il faut donc acquérir des compétences différentes et ce n’est pas parce que l’on travaille en mode agile que l’on est plus efficace.

Christophe Boulaire, DSI – Sagemcom

Notre métier est devenu plus complexe, il part dans tous les sens, cela le rend encore plus passionnant, il faut s’adapter à chaque instant. Qui peut être sûr de ce que seront nos entreprises dans trois ans ? Ce qui est certain cependant, c’est que le rôle du DSI est d’être toujours plus proche des métiers. Les nouvelles technologies offrent des opportunités intéressantes mais il y a encore beaucoup de choses à faire autour du système « legacy », de l’accompagnement du business dans l’amélioration des processus.

Olivier Clos, DSI – Synergie

Il est désormais obligatoire pour un DSI d’avoir des compétences digitales et d’être proche des métiers. Pour moi, adapter le SI aux contraintes actuelles est avant tout une histoire d’hommes. Il est fondamental que la relation humaine reprenne tout son sens, cela doit être le cœur du processus. L’agilité dans la gestion de projets est indispensable dans les domaines touchant au digital car la vitesse nécessaire dans ce domaine induit une tolérance sur les petites erreurs et adaptations. Ce qui est moins vrai dans les projets de back-office (paye, facturation, gestion de stock, etc), où une petite erreur peut être catastrophique : dans ce cas nous avons choisi de privilégier l’exactitude à la rapidité en utilisant des méthodes de gestion de projet plus traditionnelles, ce qui n’empêche pas de toujours chercher à réduire les délais de livraison.

Agnès Gilbert, CDO – Ipsos

Les entreprises souffrent de « collectionnite » de données. Avec la production exponentielle de data, elles les stockent mais ne se posent pas la question de ce qu’elles doivent en faire. Or c’est le paradoxe du numérique : si l’on ne pose pas de question, on n’a pas de réponse. Mais il faut se rendre compte que la donnée est accessoire si l’on n’a pas de cadre d’analyse pour la valoriser. Et cette analyse est cruciale pour pouvoir se démarquer en tant que société et apporter un service additionnel puisque la vente du produit seule n’est plus suffisante pour convaincre et fidéliser un consommateur.

Laurence Guillemot, DSI – Direct Energie

Il peut être intéressant de mettre en place un comité pour échanger sur les projets « shadow IT ». Cela permet d’avoir une vision de toutes les initiatives menées dans l’entreprise et d’y apporter de la cohérence. On essaie ainsi de mieux communiquer avec les métiers. Mais il faut aussi se remettre en question : si les collaborateurs ont déployé des projets de leur côté, c’est qu’ils pensaient que la DSI ne savait pas le faire en interne ou qu’elle n’allait pas délivrer assez vite.

Christophe Huerre, DSI – Rexel

Il y a toujours un risque d’être désintermédié pour la distribution d’un produit. Il faut donc trouver comment apporter de la valeur dans un business-model qui change en permanence. Une des solutions serait de se transformer d’un distributeur de produits à un distributeur de services. L’enjeu stratégique est la connaissance du client. De nouvelles compétences émergent à cette fin. Cela montre bien que le marketing et le digital donnent un rôle que l’on ne trouve pas dans une DSI classique. Le but n’est pas de faire mieux avec ce que l’on a mais de créer de nouvelles opportunités.

Laurent Kobrin, CIO and Digital – UGC

Comme toute entreprise, nous sommes bousculés par les nouveaux usages digitaux. Une expérience phygitale sans couture est désormais nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il faut chercher à améliorer l'expérience globale du client. Chez UGC, cela veut dire aider l'organisation de la sortie cinéma depuis le choix du film ou de la salle jusqu’à l'après séance en passant par des services comme le parking ou la vente alimentaire. Plus fondamentalement, il faut pouvoir offrir le bon service au bon moment car c’est la seule façon de satisfaire des clients pressés et sur-sollicités. La clé de cette démarche de personnalisation c’est la maîtrise de la data client c’est-à-dire la capacité à disposer en temps réel d’une vision unifiée du client. Dans un contexte de changements très rapides et de fragmentation des Systèmes dans le cloud, la DSI doit renforcer sa capacité à fournir grâce à un Système d’Information APIsé, la bonne Data au bon moment. Elle devient alors un partenaire légitime et compétent pour aider les métiers à imaginer et à mettre en place ces nouveaux usages autour de la Data Client.

Jean-Christophe Laissy, DSI Groupe – Veolia

On observe une émergence de start-up agiles qui proposent des services très ciblés. Aujourd’hui, certains de ces acteurs risquent de nous couper de nos clients initiaux. Ils commencent à représenter une menace réelle. Et ce qui nous freine dans notre réaction, c’est que l’on ne sait pas vraiment ce que l’on cherche. Quand nous saurons quoi extraire des données, que l’on sera mature sur le sujet en étant mieux centrés sur les données, alors l'usage que nous faisons de ces technologies sera moins chaotique.

Jean-Baptiste Pernot, Directeur de la transformation – Saft Groupe

La transformation digitale implique des changements de métier. Par exemple, des ouvriers peuvent évoluer et développer des compétences en maintenance des machines/robots effectuant certaines de leurs tâches (en particulier les plus répétitives). La requalification est donc une condition de survie pour l’industrie, pour rester compétitif. Mais il faut aussi aborder la question de la gestion des risques. La transformation digitale et l’évolution du business-model demandent d’accepter une zone de risques accrus : il faut alors bien l’encadrer et la conditionner à des progrès tangibles.

Jean-Benoît Pimpaneau, DSI – RATP Dev

Je considère qu’il y a aujourd’hui deux mondes informatiques : l’un traditionnel, le legacy, qui ne peut et ne doit pas prendre de risque ; l’autre qui travaille en mode agile, en DevOps et test-and-learn.
Dans le secteur du transport une des difficultés, est que les systèmes industriels sont fortement contraints par la sécurité. Demander à accéder aux données de ces systèmes prend du temps, parfois des mois. Pendant ce temps-là, les start-up qui nous challengent elles parlent en semaines.
Pour accompagner la transformation digitale de l’entreprise, il me semble important de ré-internaliser en partie des fonctions qui étaient jusque-là largement sous-traitées : les développeurs.

Jean-Lauris Pradeilles, VP Sales & Operation – Axway

Avec la transformation digitale, tout nouveau projet métier est un projet informatique. Cela remet l’action de la DSI à l’agenda des décideurs et… complexifie le SI !
Dans le domaine de la Supply Chain, gérer cette complexité est devenu un casse-tête. A peine 6% des entreprises estiment disposer d’une visibilité sur leurs flux physiques et financiers, de leur fournisseur jusqu’au client final. Pourtant, améliorer l’expérience utilisateur, réduire les litiges, améliorer la flexibilité et la rentabilité passera par une visibilité totale et en temps réel de tous les type de flux à l’intérieur et vers les partenaires de l’entreprise. Un chantier technologique qui reste ouvert et devrait permettre aux DSI de renforcer leur rôle au service des métiers.

Thierry Saive, Group IT Operation Services Director – Europcar

Chez Europcar, nous nous sommes restructurés pour être numéro 1 en Europe sur toutes nos lignes de produits et cela passe par le digital. Le challenge est d’anticiper les évolutions d’usages comme la baisse de propriété des véhicules pour les jeunes par exemple. L’adaptation des grands groupes passe en partie par des acquisitions et le fonctionnement en mode start-up avec qui nos processus sont perçus comme un frein.

Laurianne Thiébaut, DSI – Essilor France

On a tout notre métier à révolutionner, il faut jongler entre deux vitesses tout en restant ouvert d’esprit pour gérer nos Legacy et continuer d'innover. Chez Essilor France notre DSI est totalement au service du métier et donc très impactée par ces changements, que nous devons intégrer si nous voulons continuer à créer de la valeur. La transformation digitale nous force à nous repositionner, voire à nous réorganiser. Nous devons définir comment apporter de la valeur à nos clients, et pour cela nous devons faire remonter des informations à leur sujet et acquérir de la connaissance dont nous ne savons souvent pas encore bien ce que nous allons faire...

Jérôme Thiou, VP Gov&Health, Media, Retail, Services & Transportation – Axway

On constate qu’au final, il n’y a pas de vérité sur la manière de mener à bien la transformation digitale. Il y a des réflexions variées mais la DSI reste au carrefour de tous les métiers avec un rôle central du point de vue de l’innovation et des services. On parle beaucoup de start-up mais les sociétés historiques ont une assise et un parc de clients. Il faut simplement qu’elles trouvent comment rebondir pour trouver de nouveaux services.

Nous remercions pour leur présence à ce dîner :

  • Fahim Belarbi, CIO / DSI – Vinci Energies France
  • Rémy Berthou, DSI – SNCF Réseau
  • Damien Bioteau, Directeur informatique – Chassis Brakes International
  • Christophe Boulaire, DSI – Sagemcom
  • Olivier Clos, DSI – Synergie
  • Agnès Gilbert, CDO – Ipsos
  • Laurence Guillemot, DSI – Direct Energie
  • Christophe Huerre, DSI – Rexel
  • Laurent Kobrin, CIO and Digital – UGC
  • Jean-Christophe Laissy, DSI Groupe – Veolia
  • Jean-Baptiste Pernot, Directeur de la transformation – Saft Groupe
  • Jean-Benoît Pimpaneau, DSI – RATP Dev
  • Thierry Saive, Group IT Operation Services Director – Europcar
  • Laurianne Thiébaut, DSI – Essilor France

Un dîner organisé en partenariat avec Axway : 

axway Axway (Euronext : AXW.PA) permet à plus de 11 000 clients à travers le monde de collaborer plus efficacement, d’innover plus rapidement et d’améliorer leur engagement auprès de leurs partenaires, développeurs et clients. Axway fournit des solutions d’intégration pour connecter, en toute sécurité, des personnes, des processus, et des objets ; et également une plateforme d’engagement digitale proposant la gestion des API, la gestion des identités, le développement d’applications mobiles ainsi que des outils d’analyse qui accompagnent les entreprises vers la réussite de leur transformation numérique.

Pour plus d'informations, consultez le site web : www.axway.fr

 

Retour sur le dîner « Maîtrise de la transformation »

« Traçabilité, supervision temps réel, ouverture… comment les entreprises maîtrisent-elle la transformation de leurs processus et de leur SI ?  »

Ce dîner s’inscrit dans notre cycle de rencontres « Le Système d’Information et la transformation numérique », consacré aux enjeux d’adaptations majeurs des DSI de grandes entreprises.

Un dîner rendu possible par notre partenaire : 

axway