Retour sur le dîner de la rédaction « Industrie »

Dîner de la rédaction - Spécial Industrie du 24/04 

« Réconcilier innovation et sécurité : les acteurs industriels se réinventent-ils assez vite ? »

Au cours de ce dîner, les participants ont pu partager leur expérience et échanger sur les méthodes qui permettent aux industriels de se réinventer. Les invités ont insisté sur la nécessité de placer l’humain au cœur des projets. Les industriels ne peuvent en effet pas innover sans la participation active des collaborateurs. Les participants ont ensuite débattu de la vitesse à laquelle effectuer des transformations au sein de leur entreprise, certains voyant le risque de surréagir en allant trop vite et de perdre du temps en testant les concepts à la mode. 

Photos : Guillaume Ombreux

 

Sylvain Fievet, directeur de la publication d’Alliancy, et Catherine Moal, rédactrice en chef du magazine, ont animé le dîner "Réconcilier innovation et sécurité : les acteurs industriels se réinventent-ils assez vite ?". Après une présentation de la nouvelle formule du magazine, Sylvain Fievet a rappelé les problématiques qui agitent les acteurs industriels : « Il y a des enjeux majeurs qui touchent la décentralisation, les smart grids ou les nouveaux modes de production. Peut-on faire des choix dans les secteurs à transformer ? Aujourd’hui, il faut faire des tests, cela marque la réinvention des modèles et personne n’a de certitudes dans un contexte où l’on avance à l’aveugle. »

Jean-Paul Amoros, Président - CDO ALLIANCE

« On est face à une rupture majeure et on doit avoir en tête qu’il faut réinventer les métiers, aussi bien au niveau des RH, du marketing et donc aussi de l’informatique. L’urgence pour l’entreprise face à la transformation digital c’est de choisir dans quel écosystème elle veut concourir et jouer un rôle. Il faut que l’entreprise puisse faire confiance à son informatique et ne pas la considérer comme un sujet périphérique. Lorsque l’on est passé de la maintenance planifiée à des maintenances préventives voire prédictives cela est passé par un nouveau rôle de l’informatique qui est passé d’un rôle de support à un rôle cœur de l’activité opérationnelle. Cela doit etre la même chose pour le digital »

Lydia Babaci-Victor, directrice de l’innovation et du Développement – VINCI Energies

« L’enjeu est que l’innovation soit aussi facteur de progrès humain et pas seulement facteur de progrès technologique. L’appropriation de la transformation numérique par nos collaborateurs est clé pour que celle-ci nous permettent non seulement de créer des bénéfices tangibles pour nos clients au travers des offres de demain mais aussi pour nos collaborateurs afin de ne laisser personne au bord de la route et de développer leurs compétences. L’innovation participative, en écosystème, est fondamentale à mes yeux. Nos écosystèmes incluent nos collaborateurs mais aussi nos clients, nos partenaires, les startups pour penser à plusieurs les business-modèles du futur. La bonne question est donc de savoir comment nous réussissons à travailler ensemble pour intégrer cette transformation dans nos métiers et dans nos organisations.

J’entends beaucoup parler d’urgence concernant la transformation numérique, ce qui me gêne véritablement car l’urgence est relative à la maturité de chaque entreprise, de ses collaborateurs et à l’impact de cette transformation sur son activité et son métier. D’autant plus que la transformation, pour qu’elle soit en profondeur, prend forcément du temps. Si urgence il y a, elle réside plus dans la prise de conscience de l’ensemble de l’organisation, depuis son management jusqu’aux collaborateurs sur les sites et je pense que nous sommes en plein dedans. »

Markus Birkhofer, Senior Executive Vice President Strategy & Innovation, Communication, Scientific Direction, Public Affairs – Areva NP

« Constructeur de réacteurs est un métier à haute technologie, l’innovation joue un rôle essentiel pour maintenir la compétitivité. Dans les différents domaines d’activité l’innovation prend des formes différentes, pour les services l’enjeu est d’arriver avec le bon produit au juste moment sur le marché. Pour les réacteurs ou les cycles de développement sont beaucoup plus longs, l’innovation peut amener une dimension disruptive. Pour que l’innovation fonctionne bien, il faut associer les bonnes personnes au projet, surtout un bon mix entre business et technologie. La transition numérique se fait aussi bien en interne qu’en externe. Nous avons créé une plateforme pour pouvoir mieux associer les PME aux sujets sur lesquels nous travaillons. »

Christian Buffet, Directeur Technique et Industriel – GRDF

« Dans les démarches d’innovation, avec les fablabs et l’innovation participative notamment, les idées sont très nombreuses et remontent de partout. L’enjeu pour les entreprises est donc d’éviter la dispersion du fait d’une avalanche de dossiers à gérer. Il est donc primordial de se poser la question de la priorisation et de se donner la capacité de dire non. Pour cela, à GRDF, nous avons mis en place un système d’évaluation par des pairs pour évaluer l’utilité d’un projet de manière objective et compléter ainsi l’évaluation du métier et du manager. Parce qu’elle joue un rôle primordial dans l’entreprise, nous avons également intégré la DSI au sein du comité exécutif et créé une Délégation Innovation nationale chargée de coordonner les projets par région et de veiller avec les métiers au raccourcissement des mises en production industrielle des innovations. »

Stéphane Gervais, directeur innovation stratégique – Lacroix Electronic

« Pour innover, il faut une vraie vision et faire collaborer les individus. Pour l’instant, les entreprises ont un problème d’appréhension des différents types d’innovations et de leur lien avec leur vision stratégique. L’innovation collaborative est ainsi plus lente à être acceptée par le management. Au groupe Lacroix, la DSI n’est pas encore dans les processus d’innovation à cause de sa forte implication opérationnelle et sa vision court-terme. Nous nous concentrons plutôt à accélérer la transversalité entre nos entités qui pour l’instant, ont des cultures différentes. »

Christophe Huerre, DSI – Rexel

« Pour nous, il est important de créer une valeur dans la logique industrielle car il y a un risque sinon d’être désintermédiés. La menace vient des pure players qui se spécialisent sur des segments d’offre très étroits. L’innovation doit donc se faire sur deux plans : l’efficacité opérationnelle pour répondre aux exigences d’un environnement très concurrentiel et l’élaboration de nouveaux services numériques créateurs de valeurs.
Par ailleurs nous accroissons nos investissements pour affiner la prévision de nos demandes clients, ajuster les stocks, optimiser la logistique grâce à l’utilisation de technologie de machine-learning. Les notions d’agilité et d’écoute sont essentielles pour être à même de délivrer rapidement aux métiers des solutions innovantes répondants aux exigences croissantes de nos clients. »

Christophe Lienard, directeur de l’innovation groupe – Colas

« J’ai l’impression que les acteurs industriels avaient beaucoup de ressources sur le développement de nouveaux produits mais peu sur les process, l’organisation interne ou la relation client. C’est ce qui fait que l’on est peu modernes sur ces questions. Pour y remédier, nous avons créé à Colas une nouvelle gouvernance et un Colas Innovation Board qui n’existait pas pour s’en occuper et gérer les idées clés. Car il y a un risque à ne pas innover : nous nous sommes aperçus que les jeunes sont rassurés par une démarche d’innovation, et cela constitue une force d’attraction pour les potentiels.»

Gérard Matencio, directeur transformation – Enedis

« Dans leur nécessité d’assurer la transition énergétique, les métropoles et les collectivités territoriales ont de nombreux projets à mener. Enedis se doit de les accompagner. Notre stratégie « local fort, national fort », consiste à être en proximité de nos clients et de leurs projets grâce à nos unités locales tout en conservant la force d’une entreprise nationale en mesure d’assurer la sécurité électrique du pays. La complexité du contexte nécessite que les entreprises fassent confiance aux salariés, en particulier ceux placés sur le terrain. La responsabilisation des salariés est la condition sine qua none de l’innovation. Nos systèmes doivent donc tout autant investir sur l’humain que sur la technologie. »

Marc Mencel, DSI – Nexter-group

« Aujourd’hui, les entreprises doivent comprendre les attentes des clients et de manière agile adapter les produits à la demande du marché. Cela s’appuie sur la capacité à innover de l’entreprise, apportée notamment par la DSI car les modèles industriels évoluent de plus en plus vers des services reposant sur les systèmes d’informations.
Or, les technologies d’informations ne sont pas, à ce jour, le premier axe de développement d’une entreprise. Il est important que chacun comprenne la nécessité d’être à l’écoute des acteurs de l’entreprise, notamment la DSI qui par son positionnement transverse et la connaissance des métiers de l’entreprise, peut être une force de proposition et le vecteur d’innovation. Si la DSI est intégrée aux instances de décisions, elle peut apporter son savoir-faire et contribuer efficacement au développement de l’entreprise.»

Yves-Marie Pondaven, CTO – Parkeon

« Les start-ups peuvent poser différents problèmes. Certaines sont tellement financées qu’elles se permettent d’appliquer des prix négatifs ce qui n'est pas viable et perturbe le marché en faisant chuter les prix. Nous ne rentrons pas dans ce jeu-là qui, sur la durée, est préjudiciable pour les clients car on ne peut pas investir fortement et innover sur une activité qui est non profitable. Ensuite, les startups bénéficient souvent d'une attention et de visibilité très supérieure aux résultats réels tout en dénigrant les solutions déjà en place. Par exemple sur le paiement du stationnement il y a une attention importante sur le paiement mobile alors que celui-ci est très loin de remplacer le paiement sur horodateur et la plupart des sociétés sur cette activité perdent beaucoup d'argent. Ça n'est pas sain. Pour que les projets importants aillent vite il faut des "chaines de commandements" réduites permettant aux décisions de se prendre plus rapidement. »

Jean-Lauris Pradeilles, Senior Vice President Business Line Executive - Axway

« On constate une grande différence culturelle entre la France et les Etats-Unis. Aux Etats-Unis, l’informatique est perçue comme un levier de compétitivité et un moyen d’innover. En France, la DSI est majoritairement focalisée sur la réduction des coûts et l’innovation vient souvent des "métiers". L’enjeu est d’arriver à faire travailler ensemble les équipes et éviter les ruptures de communication entre les "vieux sages de la tribu" et les "nouveaux gourous du Digital". Les API vont permettre d’innover en ouvrant les systèmes existants pour créer des nouveaux services. La généralisation des API, va apporter de la souplesse et de la rapidité. »

Nous remercions pour leur présence à ce dîner :
• Jean Paul Amoros, Président - CDO ALLIANCE
• Lydia Babaci-Victor, Directrice de l'innovation et du développement - Vinci Energies
• Markus Birkhofer, Senior Executive Vice President Strategy & Innovation, Communication, Scientific Direction, Public Affairs - Areva NP
• Christian Buffet, Directeur Technique et Industriel - GRDF
• Franck Coste, Executive Account Manager Energy Sector - Axway
• Stéphane Gervais, Directeur Innovation Stratégique - Lacroix Electronics
• Christophe Huerre, Directeur des Systèmes d'Information - Rexel
• Christophe Lienard, Directeur de l'innovation groupe - Colas
• Gerard Matencio, Directeur Transformation - Enedis
• Marc Mencel, DSI - Nexter Group
• Yves-Marie Pondaven, Chief Technology Officer - Parkeon
• Jean-Lauris Pradeilles, Senior Vice President Business Line Executive - Axway

 

Un dîner organisé en partenariat avec Axway :

axway

Axway (Euronext : AXW.PA) permet à plus de 11 000 clients à travers le monde de collaborer plus efficacement, d’innover plus rapidement et d’améliorer leur engagement auprès de leurs partenaires, développeurs et clients. Axway fournit des solutions d’intégration pour connecter, en toute sécurité, des personnes, des processus, et des objets ; et également une plateforme d’engagement digitale proposant la gestion des API, la gestion des identités, le développement d’applications mobiles ainsi que des outils d’analyse qui accompagnent les entreprises vers la réussite de leur transformation numérique.

Le siège social d’Axway est basé en France et la Direction Générale aux Etats-Unis. Pour plus d’informations, consultez le site Web : www.axway.fr.

« Réconcilier innovation et sécurité : les acteurs industriels se réinventent-ils assez vite ? »

La nature de leurs activités et les réglementations ont toujours différencié les acteurs industriels d’autres agents économiques. La culture de la prudence et de la fiabilité ne peut cependant pas être un frein alors que ces acteurs sont aujourd’hui confrontés à la transformation numérique de la société et de l’économie.

Un dîner rendu possible par notre partenaire : 

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