Dragon LLM : l’Europe entre enfin dans la bataille mondiale des architectures d’IA

 

La startup française Dragon LLM dévoile Dragon, première architecture d’IA européenne conçue et entraînée sur les supercalculateurs EuroHPC. Un jalon majeur vers une intelligence artificielle plus souveraine, sobre et accessible pour les entreprises.

 

Dans la course mondiale à l’intelligence artificielle, l’Europe vient de poser un jalon symbolique : elle crée sa propre architecture de modèle de langage. La startup française Dragon LLM, ex-Lingua Custodia, a présenté Dragon, une architecture inédite capable de rivaliser avec les géants américains et asiatiques. Conçue et entraînée sur les supercalculateurs européens d’EuroHPC, cette prouesse a été rendue possible grâce au Large AI Grand Challenge de la Commission européenne, remporté en 2024. À rebours des modèles dominants fondés sur l’architecture Transformer, très énergivore, Dragon adopte une conception hybride optimisée pour les longs raisonnements. Résultat : trois fois moins de puissance de calcul nécessaire pour des performances comparables aux leaders mondiaux. Un exploit qui replace l’Europe sur la carte mondiale de l’innovation en IA, non plus comme simple utilisateur, mais comme concepteur à part entière.

 

Une IA frugale et souveraine

 

Là où les géants américains empilent GPU et milliards de paramètres, Dragon choisit la voie de l’efficacité. Son architecture permet d’exécuter des modèles sur des serveurs standards, sans dépendre d’infrastructures colossales. Cette accessibilité ouvre la voie à des usages inédits pour les PME européennes, capables de faire tourner leurs propres modèles localement, sans cloud étranger ni coûts énergétiques explosifs. « L’Europe peut innover sans copier les géants américains ou chinois, et Dragon en est la preuve », affirme Olivier Debeugny, fondateur et CEO. La startup revendique une IA utile, responsable et efficiente, qui conjugue performance et frugalité. Dans un contexte où la consommation des datacenters européens triple, cette sobriété devient un atout stratégique autant qu’un signal politique.

 

Un tournant pour la souveraineté technologique

 

Plus qu’un modèle, Dragon est une démonstration de puissance européenne. Son développement prouve que le continent dispose déjà de talents, de puissance de calcul et d’écosystèmes publics capables de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. Le premier modèle fondation, de 3,6 milliards de paramètres, a été entraîné avec succès, et le code source de l’architecture est disponible sur Hugging Face. À matériel équivalent, Dragon peut servir deux fois plus d’utilisateurs que ses concurrents tout en délivrant des résultats comparables aux meilleurs modèles chinois (Qwen) et américains (Llama, Gemini). Un pas décisif vers une IA européenne plus équitable, sobre et maîtrisée. En baptisant son architecture Dragon, la jeune pousse française n’a pas seulement choisi un nom mythique : elle a allumé une étincelle. Son modèle prouve qu’il est possible de bâtir une IA performante sans dépendance ni surenchère, pensée pour les entreprises et non contre leurs moyens. Dans un marché dominé par les géants d’outre-Atlantique, Dragon LLM offre à l’Europe un nouveau récit technologique, celui d’une intelligence artificielle souveraine, utile et responsable.