Lionel Meoni (Rubrik) : « De nombreuses entreprises veulent être beaucoup mieux préparées pour la prochaine vague »

Notre partenaire Rubrik, spécialiste du Cloud Data Management, revient sur différents échanges menés avec les DSI suite à la crise. Lionel Meoni, directeur technique pour la France de la licorne américaine, décrit en particulier les liens remarqués entre évolutions organisationnelles et remises en question technologiques au sein des entreprises.

Guide Défis d'un nouveau monde - Transformation des organisations IT

Cet article est extrait du nouveau guide Les défis d’un nouveau monde à télécharger « Faut-il transformer l’organisation IT des entreprises ». 

 

Quel regard portez-vous sur les réactions des DSI face à la crise ?

Lionel Meoni, Rubrik

Lionel Meoni, Rubrik

Nous avons noté deux approches différentes dans les entreprises, en fonction de la façon dont les organisations étaient préparées ou non à des évènements comme le confinement et le déconfinement. Celles qui avaient déjà l’habitude d’utiliser le numérique pour mieux organiser leur travail, soit parce qu’elles étaient nativement en esprit start-up, soit parce qu’elles avaient menées des transformations importantes ces dernières années, ont pu appréhender très vite les impératifs en termes de travail à distance, d’autonomie des équipes et de délégation des responsabilités. Nous avons donc entendu beaucoup de témoignages satisfaits de DSI en ce sens.

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Et pour celles qui n’avaient pas cette maturité ?

Nous avons vu plusieurs entreprises prendre la vague de plein fouet… Beaucoup ont souffert de cela, mais on peut également saluer les remises en question rapides qui ont eu lieu pendant les premières semaines du confinement notamment. De nombreuses organisations ont alors « découvert » qu’elles pouvaient devenir rapidement plus agile face à la pression. La mise en place de modes de fonctionnement complètement nouveaux pendant cette période en témoigne. Par contre, au sein de ces entreprises, nous voyons beaucoup trop une sorte d’attente à un simple « retour à la normale », en particulier du côté des DRH. Malgré le fait que les DSI et de nombreux managers reconnaissent largement l’efficacité d’une organisation du travail plus moderne, y compris à distance, il y a le sentiment qu’une partie de l’organisation veut surtout refermer ce qui serait une parenthèse. Il y a donc une vraie question d’équilibre à trouver aujourd’hui dans ces organisations.

Mais vous estimez que les nouveaux modes d’organisation ont déjà convaincu les DSI ?

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Les DSI savent qu’ils doivent se préparer aux futures situations complexes qui vont venir. Cette crise sanitaire a mis en évidence le besoin de résilience des entreprises, quelle que soit la nature de la crise. Ce n’est vraiment pas une simple parenthèse. Or, ces derniers mois les DSI ont pu voir beaucoup de managers être amenés à se transformer, en mettant des qualités comme la confiance et l’autonomie en avant, et en gagnant en efficacité autour des outils numériques. C’est un signal très positif alors que les DSI elles-mêmes avaient souvent déjà commencé ce travail grâce aux méthodologies agiles. Leurs équipes sont habituées à gérer l’urgence et « l’incidentologie » au quotidien : s’adapter rapidement est devenu depuis quelques années un point clé de leur organisation. C’est ce qui explique que tant d’équipes IT, beaucoup plus agiles, aient aussi bien vécu la période du confinement d’un point de vue organisationnel. Face à cette expérience, les DSI que nous avons écoutés se projettent donc bien différemment sur la suite de la transformation, avec l’enjeu de voir toute l’entreprise pouvoir fonctionner différemment.

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Il a beaucoup été question des outils de collaboration pour assurer le travail à distance des salariés. Mais est-ce le seul sujet d’un point de vue technique ?

Il a été question d’outils comme Zoom, Teams, Slack… parce que beaucoup d’entreprises ont dû en accélérer le déploiement et s’en emparer plus efficacement en quelques semaines. Et cela créé un décalage avec les usages à acquérir du côté des collaborateurs, car de manière générale déployer un outil sera toujours plus facile que changer les modes de travail des humains, par exemple pour aller vers une stratégie zéro mail. Maintenant que plusieurs mois ont passé, on peut voir que cette situation a aussi servi d’accélérateur pour améliorer la relation IT-métier autour des concepts comme les organisations agiles à l’échelle. Mais face au risque de « retour à la normale » que j’évoquais, la question qui reste est bien la capacité des organisations à capitaliser sur ces gains. En la matière, tous les DSI convergent vers l’importance de trois axes d’investissements identifiés par une récente étude IDC : les outils de collaboration, la cybersécurité et le cloud sous ses différents aspects IaaS-PaaS-SaaS. En France, nous avons un pas de retard sur ce dernier point par rapport à nos voisins anglo-saxons ou d’Europe du Nord et l’on voit donc des remises en question plus nombreuses sur le sujet. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons aussi assisté à l’émergence de projets européens comme GaiaX : c’est un exemple des volontés de réconciliation entre les préoccupations de confidentialité et l’accélération du mouvement vers le cloud qui accompagne les réorganisations des entreprises.

En tant qu’acteur nativement cloud, comment avez-vous vu évoluer les attentes et exigences des organisations ces derniers mois ?

Effectivement, le fait d’être né dans le cloud et notre sensibilité par rapport aux enjeux liés aux ransomwares est ce qui nous a permis dès le départ de fournir un caractère « d’immuabilité » de notre design natif aux données de nos clients dans le cadre de notre approche du data mangement. Ces technologies permettent à la fois de mieux classifier les données des entreprises et de proposer des services plus adaptés, qui font partie intégrante de l’agilité qu’elles recherchent. Pour schématiser, le cloud permet de relever le défi de la nouvelle gestion de la donnée attendue par les entreprises en transformation. Toutefois, la maturité des acteurs français est encore très variable sur la question. Certaines entreprises se montrent extrêmement prudentes et d’autres, du fait du caractère souverain de leurs activités, ne peuvent tout simplement pas faire appel au cloud.

Nous sommes donc amenés à répondre à des demandes sur l’ensemble des périmètres : en full cloud public, en solution on premise, ou en « mode hybride ». Ceci dit, nous voyons aujourd’hui une accélération assez marquée des attentes vis-à-vis du cloud, car la crise a prouvé que sans des capacités de poursuite d’activité accessibles très facilement, c’est le business complet de l’entreprise qui était mis à mal. Les demandes en termes d’agilité de déploiement, de scalabilité, de modèles prédictifs… qui permettent d’assurer la résilience et la pérennité de l’entreprise, augmentent considérablement. En creux, on voit que les entreprises qui ont dû s’appuyer sur des méthodes traditionnelles de reprise d’activité ont dû prendre de nombreux jours pour s’adapter à la situation de crise. Qui aujourd’hui peut encore se permettre cela ? Quand les équipes sont toutes à distance, que l’on n’a pas la possibilité d’accéder aux assets informatiques du fait d’une crise sanitaire, que l’on est au milieu de nombreux projets de transformation… on se retrouve vite avec une latence dans les prises de décision et les réactions qui a un impact critique sur l’activité malheureusement. Je crois que de nombreuses entreprises veulent aujourd’hui être beaucoup mieux préparées pour la prochaine vague et reconnaissent donc qu’il s’agit autant d’un sujet organisationnel que technique.

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