Fairway AI applique le deep-learning au secteur hippique

La start-up Fairway AI veut améliorer la connaissance du marché du commerce équin en déterminant la valeur d’un pur-sang grâce au big data.

L’équipe de Fairway AI s’est fixée pour objectif d’intégrer la technologie dans la filière équine, un milieu encore traditionnel. ©Fairway AI

Dresser une carte d’identité détaillée de tous les pur-sang participants aux courses de galop de France pour en estimer la valeur : c’est le projet de Fairway AI, qui commercialise depuis début août ses fiches à 50 euros l’unité.

Roger Nizard et Augustin Clément-Fromentel, deux passionnés de courses hippiques issus du monde de la finance, ont eu l’idée d’appliquer à la filière équine leurs connaissances en conseils stratégiques. « Nous nous sommes rendus compte du fossé existant entre le marché des propriétaires de chevaux et l’offre proposée pour en acquérir un, explique Roger Nizard. C’est pour améliorer la compréhension du fonctionnement de ce secteur et recruter de nouveaux propriétaires que nous avons créé notre start-up il y a deux ans, en septembre 2015. »

Pour construire leur base de données, ils ont commencé par collecter toutes les informations disponibles sur le marché – les sources publiques, les catalogues de ventes ou les fiches en papier des propriétaires. Ils ont ensuite travaillé avec des experts, notamment des courtiers, pour connaître leurs critères d’évaluation. « Nous avons choisi les pur-sang car ce sont les plus vendus et les plus représentés sur le marché international, contrairement aux trotteurs, une spécialité française », précise Roger Nizard.

L’IA pour optimiser la carrière d’un cheval

La start-up parisienne a appliqué des méthodes de deep-learning pour analyser les ventes aux enchères de chevaux en France afin de déterminer un prix adéquat pour chaque cheval de course référencé. Leur algorithme analyse plusieurs critères, comme l’âge du cheval, sa généalogie ou sa valeur handicap. Ainsi, en regardant entre autres sa position sur ses onze dernières courses, ses performances de l’an dernier et ses gains par rapport aux chevaux de même catégorie, Hexis, le pur-sang du baron Édouard de Rothshild, est actuellement estimé à 12 000 euros.

 « Grâce à l’intelligence artificielle, nous pouvons optimiser la carrière d’un cheval. Par exemple, on peut voir si un pur-sang aurait davantage intérêt à courir en province plutôt qu’à Paris. » Toutes les courses de galop en France sont étudiées et les fiches des quelque 10 000 chevaux mises à jour tous les mois.

Le secteur équin représentait 180 000 emplois en France en 2012, selon l’Institut français du cheval et de l’équitation. « C’est une grosse filière mais qui connaît peu de renouvellement, observe Roger Nizard. Pour toucher de nouveaux propriétaires, il faut leur expliquer comment optimiser la carrière de leur cheval. Cet animal coûte cher, une personne ne va pas en acheter un si elle ne sait pas ce qu’il y a derrière. » La start-up veut également développer une activité de conseil à l’achat pour les particuliers.

Une assurance personnalisée

Fairway AI envisage aussi des partenariats avec les compagnies d’assurance. « Tous les chevaux doivent être assurés. L’assurance dépend aujourd’hui du prix fixé lors de l’achat, quand le cheval à deux ans. Or, sa valeur peut être valorisée en fonction de ses performances. » Un abonnement mensuel aux fiches va être commercialisé pour permettre aux assureurs de suivre la valeur des chevaux et d’estimer les risques.

La start-up, qui recrute quatre personnes, entend réaliser une levée de fonds de 300 000 euros d’ici la fin de l’année pour se déployer à l’international et étendre sa base de données aux chevaux concourant en Angleterre et en Irlande, un marché qui représente « cinq fois celui de la France » selon les deux fondateurs.

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