Filigran lève 58 millions de dollars pour renforcer sa plateforme d’anticipation des menaces

 

La start-up française Filigran, spécialiste de la cybersécurité proactive, boucle un tour de table de 58 millions de dollars mené par Eurazeo, avec Deutsche Telekom, Accel et Insight Partners. Elle prépare un nouveau module de gestion des risques et accélère son expansion mondiale.

 

Filigran continue de creuser son sillon dans la cybersécurité prédictive. La jeune pousse, créée en 2022, vient d’annoncer une levée de fonds de 58 millions de dollars (environ 49,3 millions d’euros). Ce tour de table de série C, mené par Eurazeo avec la participation de Deutsche Telekom, Accel et Insight Partners, porte à plus de 100 millions de dollars les montants levés depuis la création de l’entreprise. L’opération doit permettre à Filigran d’accélérer le développement de sa suite logicielle eXtended Threat Management (XTM), déjà utilisée par plus de 6 000 organisations dans le monde, dont Marriott, Rivian, la Commission européenne ou encore le FBI.

 

Une cybersécurité proactive fondée sur l’open source

 

Fondée par Samuel Hassine, ancien responsable de la veille stratégique à l’ANSSI, Filigran s’est spécialisée dans une approche proactive de la cybersécurité : anticiper les attaques avant qu’elles ne se produisent. Sa suite XTM s’appuie sur deux produits principaux. OpenCTI, le plus utilisé, structure et corrèle les renseignements sur les menaces issus de sources internes, externes et du dark web. OpenBAS, de son côté, simule des attaques pour tester la posture de sécurité d’une organisation et identifier les écarts à corriger. Autre particularité : toutes les solutions reposent sur l’open source, un choix qui a permis à la start-up d’imposer rapidement ses outils au sein de l’écosystème mondial de la cybersécurité. « C’est ce qui nous permet de diffuser nos solutions à grande échelle et de bâtir une crédibilité forte face aux géants américains », souligne Samuel Hassine, CEO de Filigran.

 

Nouveaux modules et agents IA à venir

 

Cette nouvelle levée de fonds financera le lancement d’un troisième module, baptisé OpenGRC. Conçu pour la gouvernance et la gestion des risques, il permettra aux entreprises de hiérarchiser les vulnérabilités en fonction des menaces réelles et de prioriser les actions de remédiation. Filigran prépare également XTM One, une plateforme d’agents d’intelligence artificielle capables d’interagir avec l’ensemble de la suite logicielle. Ces agents auront pour mission d’assister les analystes, d’automatiser certaines tâches et de rendre la cybersécurité plus réactive. « Ces agents viendront renforcer les capacités des équipes et réduire le temps de réaction face aux incidents », précise Samuel Hassine.

 

Une expansion internationale déjà bien engagée

 

Avec 80 employés aujourd’hui, Filigran prévoit de doubler ses effectifs d’ici fin 2026. La société réalise déjà 30 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, où elle emploie une trentaine de personnes. Une filiale japonaise sera ouverte dans les prochains mois, et la présence au Moyen-Orient sera renforcée. En Europe, la priorité portera sur l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, marchés identifiés comme stratégiques pour la cybersécurité souveraine. Cette stratégie d’expansion s’appuie sur une culture internationale assumée dès le premier jour. « Nous n’avons jamais voulu être perçus comme une société purement française. Nos solutions doivent convaincre par leur valeur, pas par leur origine », conclut le dirigeant. En s’imposant sur la scène mondiale face à des acteurs américains dominants, Filigran illustre la montée en puissance des solutions européennes de cybersécurité à forte valeur technologique.