Formation IT : Que manque-t-il à la France ?

Pour répondre aux défis de l’économie numérique, la France doit revoir son approche en termes de formation. Mais les réponses se trouvent-elles vraiment dans les écoles ?

Formation IT : Que manque-t-il à la France?« Sans être en retard, la France n’est en avance dans aucun domaine pour autant. » Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur l’économie numérique française, publié en octobre, cite comme levier de performance incontournable « le développement de la formation au numérique ».

« Le sujet est vaste, souligne Olivier Coone, délégué à la formation au Syntec Numérique. L’offre est foisonnante, mais reste méconnue des principaux concernés. » Une meilleure formation initiale, propre aux métiers du numérique, pourrait, selon le syndicat, permettre la création de 50 000 emplois en cinq ans. Un enjeu clé puisque le secteur comptait près de 30 000 demandeurs d’emploi de catégorie A selon le ministère du Travail, en septembre 2012. Pour le Syntec Numérique, un bon point de départ serait la labellisation « numérique » des centres de formation des apprentis (CFA) ou la création d’un grand CFA spécialisé.

D’après le Munci, l’association professionnelle des informaticiens, la création modérée d’emplois dans la filière numérique ne nécessiterait cependant pas un investissement massif dans la formation initiale… « Dans notre secteur très dynamique et changeant, c’est la formation continue qui permet d’ajuster l’offre à la demande », décrypte Régis Granarolo, son président. Il épingle d’autant plus le coût élevé des formations inter/intra-entreprises et les déficiences de l’offre à destination des demandeurs d’emploi : nombre de places limité, décalage important avec les besoins du marché…

 

Formation initiale ou continue ?

« L’inadéquation entre les profils disponibles et les besoins des entreprises est préoccupante », confirme Hervé Borredon, PDG du groupe Itop, spécialiste du numérique pour le monde éducatif, et président de la toute récente Afinef *« D’après mon expérience, le recrutement des jeunes à la sortie des écoles pose moins de problèmes grâce à l’apprentissage. »

Mais la question est toute autre avec des profils qui disposent de cinq à dix ans d’expérience. « Avec des phénomènes comme le cloud, les profils pointus techniquement et fins connaisseurs des métiers des entreprises vont être encore plus nécessaires », résume Hervé Borredon. Or, c’est à ces niveaux d’expérience que les métiers techniques souffrent le plus de leur image peu valorisée. Les compétences disponibles n’en sont que plus rares. « Les besoins évoluent rapidement, ce qui rend les travaux prospectifs cruciaux pour éviter une latence trop forte entre les besoins et les formations proposées », ajoute Olivier Coone.

« Les sociétés du numérique préfèrent en effet débaucher des salariés en poste plutôt que d’offrir des formations d’appoint à des candidats en recherche d’emploi dont le profil est proche de celui recherché », note-t-on au Munci. Hervé Borredon l’admet, tout en relativisant : « Il faut environ six mois pour qu’un développeur Java, formé à un autre langage de programmation, soit pleinement opérationnel. Et, dans une optique de croissance, rares sont les entreprises qui peuvent prévoir autant à l’avance. »

 

* L’Association française des industriels du numérique pour l’éducation et la formation vient de se créer, sous l’égide du pôle de compétitivité Cap Digital, avec 26 membres fondateurs, grands groupes, PME et associations. Son travail portera autant sur l’éducation à l’heure du numérique que sur les enjeux de formation aux métiers du numérique.