François Ménard – Slide 3

François Ménard, Sociologue et responsable de programmes de recherches Energie au PUCA (Plan d’urbanisme construction architecture)

« Pour aller vers plus de sobriété, les débats tournent souvent autour des moyens de changer les usages et, derrière ceux-ci, les comportements individuels. Cela présenterait cependant une certaine difficulté : on dit souvent que « tout le monde veut sauver la banquise, mais personne ne fait l’effort de trier ses ordures ménagères ». Cette hypocrisie supposée des usagers que nous sommes est une mauvaise manière d’aborder le problème. Elle n’explique pas tout. Les comportements sont enchâssés dans un certain nombre de contraintes techniques et de normes sociales. Lorsqu’on emménage, on a très rarement choisi son chauffage, on fait tourner son électroménager et l’on allume sa cuisinière selon un certain ordre et en fonction de temps sociaux (le soir en rentrant de son travail, avant le coucher des enfants, etc.). Nos usages dépendent ainsi de nos pratiques sociales. C’est ce qui les rend si difficile à modifier.

C’est pourquoi l’observation et surtout l’expérimentation, sont indispensables : afin d’innover en répondant à cette double problématique socio-technique, ce à l’échelle du domicile, du bâtiment, du quartier… Cependant, on assiste aujourd’hui à une course en avant de l’expérimentation de la part des entreprises comme des pouvoirs publics, lesquels ne font plus (ou presque) que de l’appel à projet. Nous sommes aujourd’hui confrontés à un problème de capitalisation et de sortie d’expérimentation. Qu’est-ce qui « marche » effectivement une fois sorti de cadre… si nous n’en sortons pas ! Cela peut-il continuer indéfiniment ou assisterons-nous à une sanction du marché ? La question reste ouverte. »