Intelligence artificielle : les industriels en recherche de confiance

 

La première édition du Trustworthy AI Summit, installée à Palaiseau le 16 septembre, a été l’occasion de lancer l’European Trustworthy AI Association. Une organisation ayant pour but de fournir un leadership intellectuel au niveau européen via des outils en open source ainsi que des méthodologies.

 

Les bavardages se sont faits rares dans l’amphithéâtre palaisien aux murs multicolores. Les industriels de la tech présents au Trustworthy AI Summit ont compensé leur petit nombre par une attention élevée sur un sujet de toute importance : l’IA de confiance. « La plus grande difficulté pour passer du prototype à la production est cette question de confiance », a confié Nicolas Rebierre, une des têtes pensantes de l’évènement. Accuelli dans les locaux d’EDF Lab, le sommet s’est déroulé le mardi 16 septembre et a été rythmé par des conférences, nécessairement en anglais pour la compréhension des acteurs provenant de tous les horizons. Dai Araki, cadre chez Toshiba Digital Solutions Corporation, est notamment venu du Japon pour en savoir plus sur les “sujets brûlants” européens. Il fait partie des 250 industriels présents ce jour-là sur le plateau de Saclay. Confortablement installés dans des sièges rouges n’ayant rien à envier aux ceux des salles de cinéma, tous ont assisté au lancement de l’European Trustworthy AI Association, organisatrice de l’événement. Cette organisation à but non lucratif n’a de nouvelle que sa forme puisqu’elle s’inscrit dans la continuité du programme collaboratif de recherche Confiance.ai qui a pris fin plus tôt dans le mois.

 

Une collaboration internationale

 

Pour l’instant uniquement composée d’une trentaine de membres, l’association dédiée à animer la communauté européenne de l’IA responsable et industrielle, doit encore grandir. “Il faut passer à l’échelle supérieure”, a expliqué son dirigeant Nicolas Rebierre. Lors de sa phase d’amorçage, l’association a basculé en open source l’ensemble des méthodologies et une grande majorité des actifs technologiques issus du programme Confiance.ai pour favoriser leur diffusion et utilisation. Déjà, Nicolas Rebierre souhaite les améliorer : “Nous voulons collaborer avec des organismes de recherche du monde entier pour maintenir et faire évoluer la méthodologie pour l’ingénierie des systèmes dans laquelle l’IA est le composant ». Ces directives détaillées seraient essentielles à l’Europe selon lui, en cette période de “ruée vers l’or de l’IA”. En effet, avoir des lignes de conduite préétablies serait la base d’une IA de confiance et donc l’élément concurrentiel différenciateur du Vieux Continent.

 

Une troisième voie qui rassure

 

Et c’est sur cette croyance commune que s’est fondé l’évènement. “Nous sommes tous présents ici car nous avons confiance en cette troisième voie”, a confirmé Chrystèle Johnson, employée chez MBDA, en se baladant entre les stands. Dans le hall principal, des emplacements sont dédiés à différentes entreprises et organismes de recherches. La plupart arborent des graphiques complexes que tous ne comprennent pas mais qui « permettent de nourrir les différents niveaux d’expertise » des invités, a expliqué Chrystèle Johnson. Un stand a semblé particulièrement intéresser les participants : celui du CEA-list, la branche du CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) dédiée au numérique. Augustin Lemesle, chercheur au CEA, y a présenté une armée d’outils développés lors des six dernières années, dédiés à concevoir une IA de confiance. Il salue cette édition « à visée extérieure », une condition nécessaire pour accomplir l’ambition de l’European Trustworthy AI Association : devenir l’instance de référence au niveau européen sur l’ensemble des thématiques relatives à l’IA industrielle et responsable. Et, pour preuve de cette ouverture à l’internationale, la prochaine édition aura lieu dans une autre ville européenne.