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Jean-Charles Falloux (Les Echos) : « Des tiers pour nous aider à nous transformer »

Le groupe Les Echos, qui a organisé avec Publicis Groupe le salon Viva Technology, multiplie les initiatives dans le digital. Le journal a notamment choisi la solution de gestion des API d’Axway pour accompagner sa transformation. Jean-Charles Falloux, directeur média innovation du groupe, revient sur ce projet initié en 2014 et les chantiers à venir.

Jean-Charles Falloux, directeur média innovation du groupe Les Echos. © Les Echos

Jean-Charles Falloux, directeur média innovation du groupe Les Echos. © Les Echos

Comment les API vous aident dans votre transformation ?

Premièrement, elles nous permettent de réunir dans un seul endroit tout ce que nous produisons. Deuxièmement, grâce aux API, nous sommes capables de développer des produits très rapidement. Si demain nous voulons monter un site sur les élections dans lequel il y aura des rubriques par personnalité ou par thématique, il suffit d’aller chercher les API, passer les paramètres et de récupérer les contenus. Pas besoin de redévelopper des bases de données ! Le troisième axe, qui est toujours dans les cartons, est d’avoir une interface web dans laquelle des entreprises viendront se connecter et pourront acheter des packages de news. Nous pourrons ensuite leur fournir des API et tous les niveaux de sécurité nécessaires. Ainsi, sans avoir été en relation directe avec le client, nous serons capables de pousser des contenus vers des tiers, que ce soit à des entreprises ou pourquoi pas à des start-up qui ont des produits innovants.

Pourquoi avoir mené le projet avec Axway ?

Pour deux raisons. Tout d’abord, Axway avait déjà travaillé avec d’autres entreprises du groupe Les Echos sur d’énormes volumes de données et avec des niveaux de sécurité très importants. Le deuxième atout était l’interface proposée. Nous avions la possibilité de non seulement créer des API mais aussi de créer des API d’API, et donc d’enrichir des contenus avec d’autres informations. Par exemple, quand nous produisons une information sur une société donnée, derrière nous allons être capables d’ajouter des informations comme son cours en bourse.

Entre 1998, année où vous avez rejoint Les Echos, et aujourd’hui, à quel point votre métier a changé ?

De façon radicale ! Quand je suis arrivé aux Echos, nous étions dans une cave. Nous étions une entité à part qui cherchait à lancer des réflexions et des développements. Ensuite, elle a commencé à percoler dans l’entreprise. Aujourd’hui, tout le monde se saisit du numérique, aussi bien au niveau des rédactions que chez les éditeurs, le marketing, ou encore sur la partie de production du journal. Il y a environ deux ans, nous avions encore une entité numérique qui gérait aussi bien l’audience web que la technique. Puis, il a été décidé de regrouper les deux pôles puisqu’un abonné print et web est en général la même personne. La rédaction web a rejoint le pôle print de telle manière qu’au fil du temps l’ensemble des journalistes ont pu publier aussi bien pour le print que pour le web. Nous avons aussi changé de management sur la partie gestion du CMS, normalement sous la responsabilité de la DSI dans n’importe quel groupe de presse. Aujourd’hui, aux Echos, la gestion du CMS est sous ma responsabilité car nous partons du principe que nous créons en premier lieu du contenu et que le choix de la destination se fait après.

Quelle est la place de votre équipe dans le groupe ?

Au cœur des échanges. Nous travaillons à la fois avec la partie marketing, l’éditrice et les rédactions. Notre objectif est de développer des produits, d’utiliser la data au mieux tout en étant en relation directe avec tous nos clients internes, qui eux-mêmes se saisissent au fur à mesure de toutes ces problématiques. Nous avons une autre particularité au niveau du groupe, nous avons deux activités sur la partie numérique : la partie média et innovation dont j’ai la responsabilité puis Les Echos Solutions, dans laquelle nous développons énormément les services aux entreprises. Notre objectif est de réaliser plus de 50% du chiffre d’affaires du groupe sur les services en 2018. Enfin, pour chapeauter ces deux activités, il y a le CDO, qui est actuellement Clément Courvoisier.

Pourquoi avez-vous organisé un hackathon en avril 2016 ?

Nous sommes convaincus qu’hackathon rime avec innovation. Pour résumer, nous avons des idées d’innovation mais nous avons peut-être des œillères en raison de notre immersion dans nos métiers. Nous avons créé un écosystème avec Axway et les plateformes API pour être capables de faire appel à des tiers qui nous aideront à nous transformer. C’est le principe même du hackathon : aller chercher des talents et continuer à développer de nouvelles lignes de produit que n’aurions peut-être jamais imaginé. Le deuxième objectif est de montrer à notre direction générale qu’à travers un hackathon nous pouvons sortir des idées en 36 heures. Francois Morel (ndlr, le patron du groupe Les Echos) a fait partie du jury et nos rédactions et chefs de projet y ont participé. Tous ont trouvé un effet bénéfique au hackathon. Une idée autour de l’élection présidentielle a même été retenue. Au sein de la direction media et innovation, nous sommes en train de monter un hackathon en interne pour continuer sur cet élan. Si cette étape est validée, nous en monterons un entre Les Echos et Le Parisien. Demain, on peut même imaginer des sessions de brainstorming avec des start-up sans forcément sortir de produit.

Quels sont vos chantiers pour 2016 ?

Nous avons beaucoup de projets, je ne peux malheureusement pas tous les énumérer ! Le mobile est clairement une des clés de notre transformation. Nous nous organisons de plus en plus autour de cette tendance car c’est un des médias de demain. En 2016, de nouvelles versions d’applications verront le jour avec plus de fonctionnalités, plus de relations avec les clients et surtout, nous travaillons sur l’expérience. Qu’est ce qui fait qu’une personne va ouvrir notre application ? Pas juste parce qu’elle s’appelle Les Echos mais parce que nous aurons créé une expérience autour de l’information qui saura retenir l’attention de nos clients.

Le deuxième axe est évidemment la vidéo. Elle va prendre le relai sur l’écrit et va devenir un media à part entière. Aujourd’hui, les jeunes consomment l’information à travers l’image et la vidéo. Il ne faut pas seulement poster de la vidéo filmée en studio mais plus de live, de l’informel, avec les codes des jeunes. Il est toujours possible de parler de sujets importants de manière plus légère et plus décalée. Notre déménagement dans de nouveaux locaux, pour réunir Les Echos et Le Parisien, va d’ailleurs dans ce sens. Le studio sera un poumon et nous pourrons faire de la vidéo à travers des corners et des smartphones.

Qui des réseaux sociaux ?

C’est tout aussi stratégique. Par exemple, le Washington Post met tous ses contenus à disposition sur Facebook en instant articles. Ce ne sera pas le cas pour Les Echos. Nous restons un media payant et nous le resterons. Mais si les lecteurs sont sur les réseaux sociaux, nous devons y être. Nous allons continuer à les explorer et chaque fois que nous pousserons un nouveau produit, nous nous poserons les mêmes questions : est-ce que nous devons développer une rubrique ? Est-ce que les réseaux sociaux suffisent ? Si c’est le cas, comment décliner nos produits et les exploiter sur Pinterest, Instagram et pas seulement sur Facebook ? Nous avons clairement la volonté d’être présent partout.

Les Echos et Roland Berger accompagnent les start-up

Le groupe Les Echos – Le Parisien et Roland Berger ont lancé une offre de services pour accélérer le business des start-ups en échange de parts de capital dans leurs sociétés. Celle-ci permet aux jeunes pousses d’avoir accès à des publicités, des plateformes de services et des bases de données, de bénéficier d’un accompagnement stratégique personnalisé et d’accéder à un large réseau de clients et de partenaires potentiels en France et à l’international.

Les deux entreprises investiront 15 millions d’euros, avec des taux préférentiels sur les campagnes publicitaires et les missions de conseil allant de 20 à 80%. Pour ce faire, elles créent une société qui injectera entre 300 000 et 1 million d’euros dans les start-up. A moyen terme, elle a vocation à s’ouvrir à d’autres associés afin d’élargir la gamme de services.