La cause environnementale ne capte que 7% de la philanthropie

Régulièrement, le collectif « 1 % for the planet » organise des webinaires, conférences et rencontres entre entrepreneurs et chefs d’entreprise dans un seul et unique but : convaincre les organisations à dédier 1 % de leur chiffre d’affaires à la protection de l’environnement. En charge de l’initiative pour la France, Isabelle Susini espère généraliser le mouvement pour donner du poids à la cause environnementale dans le monde de la philanthropie et du mécenat.

Isabelle Susini, DG de 1% pour la planète France ©Olivier-Degorce_HD

Isabelle Susini, DG de 1% pour la planète France ©Olivier-Degorce_HD

Alliancy. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’association 1 % for the planet ?

Isabelle Susini : Nous avons à ce jour plus de 6 000 entreprises membres réparties dans 91 pays. Après les Etats-Unis, le pays le plus actif reste la France, qui représente 1 000 organisations. Depuis le lancement de l’initiative en 2002 par Yvon Chouinard, fondateur et propriétaire de Patagonia, et Craig Mathews, ex-propriétaire de Blue Ribbon Flies, plus de 350 millions de dollars ont été consacrés à des associations environnementales.

Nous voulons démontrer que la philanthropie peut avoir de l’impact en soutenant un tissu associatif important. Nous pouvons citer Bloom qui a gagné des batailles judiciaires pour interdire la pêche électrique en Europe ou encore Semences Paysannes qui souhaite lever l’interdiction de certaines semences exclues du catalogue officiel. Une entreprise peut contribuer à cet impact via la philanthropie et pourtant, la cause environnementale n’en capte que 7%. 

Que pensez-vous de l’émergence de la tech à impact ?

Je ne fermerais pas entièrement la porte à cette tendance mais il ne faut pas non plus oublier que la technologie comporte aussi son lot d’effets rebonds non négligeables. Et surtout il s’agit d’un point de vue qui consiste à miser uniquement sur l’intelligence humaine pour trouver la solution.

Alors que les limites planétaires sont déjà largement dépassées, le « business as usual » n’est plus possible sans accentuer notre consommation d’énergie. La technologie peut donc être intéressante à creuser si elle ne donne pas lieu à des excès ou des pratiques non vertueuses. Nous pensons également que les entreprises ont un rôle à jouer dans cette transition climatique et sociale. Et 1% for the planet est une manière simple de passer le pas.

Quels sont les critères d’exclusion ?

Globalement, toutes les entreprises dont le secteur est exclu des critères ISR, mais celles-ci ne nous approchent pas réellement, par simple autocensure. Sinon, nous restons assez ouverts car le but est bien de convaincre le plus d’entreprises possible. Chacun s’engage pour une cause environnementale ou sociale à travers son propre prisme. Nous nous positionnons à la croisée des chemins entre la société civile et le monde des entreprises avec un rôle d’intermédiaire qui facilite le dialogue. Le point d’orgue de notre travail reste nos « Rencontres pour la Planète », que nous organisons pour la septième fois en octobre prochain. 

Chaque année, nous lançons un appel à projets qui rassemble environ 200 candidatures au printemps. Puis, nous sélectionnons une quarantaine d’associations qui pourront pitcher une dizaine de minutes leur projet en octobre devant des entrepreneurs, mécènes et investisseurs. Tout est classé par thématique et les mécènes peuvent ainsi faire leur marché philanthropique, tout en privilégiant l’impact. Ce format permet de faire le lien entre le B2B et le B2C, entre la société civile et les investisseurs, et nous avons réussi l’année dernière à lever 1 million d’euros.