La RATP sur les rails de l’innovation : prochain arrêt, VivaTech 2025 

 

En avant-première de VivaTech 2025, la RATP a ouvert les portes de son Hub d’innovation pour présenter cinq projets emblématiques destinés à améliorer l’expérience des voyageurs et le quotidien de ses collaborateurs.  

 

Scanner un train en 7 secondes, former des agents dans le métavers et rafraîchir un conducteur sans clim : bienvenue dans l’innovation made in RATP. À quelques jours de VivaTech, le groupe public sort de son tunnel de R&D (recherche et développement) et lève le voile sur ses nouveaux projets. Les équipes, réunies dans le hub d’innovation, ont fait la démonstration de cinq solutions : IA embarquée, réalité virtuelle, maintenance prédictive ou encore, low tech frugale… Le tout pensé pour améliorer l’expérience des voyageurs et la performance terrain. 

 

Un train peut en cacher un autre… mais pas un graffiti pour l’IA 

 

Le graffiti, ce fléau du matériel roulant, a désormais un adversaire de taille : le Detect IA Tag. Le projet 100% de la RATP incarne parfaitement l’approche techno-pragmatique du groupe. Cette solution repose sur un système de vision par ordinateur installé dans les tunnels du métro. L’algorithme scanne chaque rame qui passe, en heure de pointe, pour repérer en temps réel les surfaces vandalisées, là où aujourd’hui les agents doivent le faire à l’œil nu. Testé depuis les Jeux Olympiques sur la ligne 7, le système atteint un taux de détection supérieur à 99 %. Gamifié pour VivaTech, le dispositif permet même aux visiteurs de se mesurer à l’IA : qui détectera le plus de graffitis en quelques secondes ? Derrière cette démonstration ludique se cache une réelle ambition, celle d’améliorer la réactivité des équipes de nettoyage et renforcer la sécurité grâce à une cartographie dynamique des zones sensibles.  

 


Signature du MOU entre l’ACN et le FISC au Paris Cyber Summit
Le simulateur gamifié de DetectIA Tag pour VivaTech 2025

 

Apprendre à gérer les voyageurs… dans le métavers 

 

Interagir avec un touriste anglophone ou gérer un client mécontent ? Les agents de terrain s’y entraînent désormais avec Mon Client IA, une solution immersive mêlant réalité virtuelle et intelligence artificielle. Porté par l’Académie du service et développé avec Econocom, ce proof of concept (POC) propose quatre scénarios clients réalistes, chacun interprété par une IA générative : touristes anglophones, usagers mécontents, situations d’urgence… Les dialogues sont dynamiques, adaptatifs, et conçus pour travailler des compétences comportementales comme la gestion du stress ou la communication interculturelle. Le tout est intégré à une plateforme de feedback automatique, qui fournit des recommandations d’amélioration aux agents… ou à leurs encadrants. Objectif : diversifier les formations existantes sans les remplacer, et permettre un apprentissage plus engageant et adaptatif. Ce projet est en phase de test opérationnel, avec un objectif de généralisation. 

 

Former à la maintenance sans bloquer les stations 

 

Autre application concrète de la réalité virtuelle : la formation à la maintenance des grilles d’ouverture de stations. Ces équipements, souvent invisibles pour les usagers, sont pourtant essentiels à l’exploitation du réseau. Or, il existe 7 modèles différents, impossibles à reproduire physiquement dans les centres de formation faute de place et de moyens. Plutôt que de manipuler des maquettes physiques, les primo-arrivants explorent les différents modèles de grilles via un casque de réalité mixte. Pensé comme un jeu pédagogique façon “7 différences”, ce module leur permet d’identifier les techniques selon les deux versions d’équipement, dont l’une étudiée en physique. Le module, déjà testé avec des primo-arrivants, représente un gain de sécurité, de temps et d’efficacité salué par les formateurs comme les agents, qui y voient un vrai levier d’appropriation. 

 


Signature du MOU entre l’ACN et le FISC au Paris Cyber Summit
Gilles Tauzin, directeur de l’innovation pour le groupe RATP, présente une formation via le metavers

 

Serval 2, l’œil numérique du métro 

 

Sur le volet industriel, la RATP mise sur Serval 2, son outil de maintenance prédictive. Lancé dès 2019, la plateforme numérique permet de prédire les pannes critiques, d’optimiser les opérations de maintenance et de réduire les incidents voyageurs. Alimentée par des milliers de données, elle surveille notamment les frotteurs négatifs (pièces assurant le retour de courant), les pantographes, les portes, ou encore les systèmes d’information voyageurs. Les gains sont déjà mesurables : 30 incidents majeurs évités depuis 2022, 2,2 millions de voyageurs non impactés, une précision de mesure à 0,5 mm et des économies significatives sur les pièces et main-d’œuvre. Et les perspectives s’élargissent avec les nouveaux trains (MI20, MF19) générant jusqu’à 20 000 données par jour. 


Signature du MOU entre l’ACN et le FISC au Paris Cyber Summit
Gilda Binam, chargée de mission prévention sécurité et santé au travail au sein du groupe RATP, présente la veste rafraîchissante

 

Une veste pour affronter la chaleur du bitume 

 

Dernière innovation présentée : une “low-tech” pleine de bon sens. Face aux vagues de chaleur estivales et à l’absence de climatisation dans certaines cabines, la RATP expérimente des vestes rafraîchissantes pour ses conducteurs. Développée avec TechniFresh et financée en partie par Île-de-France Mobilités, elle utilise un principe simple : l’évaporation de l’eau, stockée dans un tissu technique, pour faire baisser la température corporelle de 5 à 8°C pendant plusieurs heures. Testées durant les JO 2024 sur cinq lignes (lignes 3, 6, 7, 11 et 13) ces vestes légères et sans manches ont reçues des retours très positifs des agents. Pas de gadget ici, mais une solution frugale, efficace, et rapidement déployable, en attendant l’arrivée des nouveaux matériels climatisés. À travers cette sélection hétérogène de projets, la RATP assume une vision élargie de l’innovation : technologique, oui, mais aussi sociale, opérationnelle, pragmatique. Dans les tunnels comme dans les labos, c’est un changement de culture qui s’opère. VivaTech sera la vitrine. Mais le véritable terrain d’expérimentation, c’est le réseau lui-même.