Laurent Ruben, le mentor des Frenchies de Los Angeles

Après New York et San Francisco, c’est au tour de Los Angeles d’inaugurer son hub French Tech, en présence notamment de Christophe Lemoine, Consul Général de France de la ville. Derrière cette candidature se cache Laurent Ruben, un entrepreneur français, qui vient de lancer son accélérateur dans la « Silicon Beach ».

Laurent Ruben, fondateur de French Accelerator. © French Accelerator

Laurent Ruben, fondateur de French Accelerator. © French Accelerator

Snapchat, Tinder, Sonos…ces nouveaux noms de la « tech » ont installé leurs sièges non pas dans la Silicon Valley mais à Los Angeles, désormais surnommée la « Silicon Beach ». La Cité des Anges inaugure mercredi 20 avril son hub French Tech et rejoint ainsi le club des 11 labellisés étrangers. A l’origine de cette candidature, Laurent Ruben, un entrepreneur français expatrié aux Etats-Unis. Ce passionné d’informatique a monté le dossier en 2015 et y a associé Christophe Lemoine, Consul général de France à Los Angeles et la chambre de commerce franco-américaine de la ville. « La French Tech est un label extrêmement puissant en France mais son image à l’étranger est en devenir. Ce relai de communication va permettre de fédérer tout l’écosystème d’entrepreneurs français de la ville et faire vivre une communauté », se réjouit Laurent Ruben.

Ce connaisseur des Etats-Unis a monté le dossier en tant que cofondateur de French Accelerator, une structure qui aide les start-up à conquérir le marché américain. Basé à « L.A. », cet accélérateur propose un programme d’une durée de 18 mois. « S’implanter aux Etats-Unis est extrêmement complexe car c’est un marché très différent du nôtre, que ce soit au niveau de la concurrence, des prix, de la présentation des produits…sans oublier les règles comptables légales », soutient l’expatrié. Selon lui, Los Angeles possède de nombreux atouts pour faciliter cette installation, en plus du climat très agréable. « C’est périlleux pour un entrepreneur de la tech de se lancer à New York ou San Francisco car les coûts d’installation et de recrutement l’affaiblissent énormément. Les salaires sont moitié moins élevés à Los Angeles », explique-t-il.

De San Francisco à Los Angeles

Après avoir travaillé chez Apple à Paris, Laurent Ruben s’est envolé pour les Etats-Unis pour effectuer un stage au sein d’Adaptec, un fabricant de matériel informatique basé en Californie. De retour en France, il rejoint la société de conseil Accenture mais décide de ne pas renouveler sa période d’essai pour créer à 24 ans sa start-up dans le monde de la presse. Il lance par la suite Elegantis.com, un site Internet dans le luxe, et prend la direction de Sur la Terre Medias, un groupe de 22 magazines dédiés au luxe et au lifestyle, qu’il revend en 2003. La même année, il intègre Quark, un éditeur de logiciels pour lequel il ouvre un bureau à San Francisco. Après dix années passées sur la côte Ouest, il prend la direction de la start-up française Genymobile, émulateur d’applications Android. Aujourd’hui, il pilote les opérations depuis…la Californie où la jeune pousse a ouvert un bureau en août 2014.

Laurent Ruben connait donc bien Los Angeles et le « business à l’américaine ». Pour lancer French Accelerator, il s’est entouré d’une équipe de cinq personnes : un entrepreneur, deux banquiers d’affaires, une spécialiste du marketing et un  ingénieur de Google. 22 consultants européens et américains complètent la structure. Ensemble, ils ont déterminé trois critères pour rejoindre l’accélérateur : l’adaptabilité, c’est-à-dire la capacité à adapter sa marque et trouver ses premiers clients sur un nouveau marché, le réseau pour signer des partenariats, recruter efficacement, et pouvoir acheter et vendre. Troisième critère, et pas des moindres, le capital. « En France, on est les champions pour financer des sociétés en amorçage et les grandes sociétés, mais dans le middle market on est mauvais », assure Laurent Ruben. En se positionnant sur ce segment, French Accelerator marque sa différence avec les milliers d’accélérateurs existants. « La plupart choisissent des sociétés en amorçage car le crédo est de donner 50 000 euros en échange de 5 à 10% des parts. En plus, ils proposent des programmes sur douze semaines maximum et offrent seulement quelques heures de mentoring », déplore l’entrepreneur,  je ne pense pas que ce modèle soit le plus adéquat pour donner une visibilité et installer une société aux Etats-Unis sur le long terme. »

Downtown Los Angeles,  Pershing Square. © Flickr CC Slices of Light

Downtown Los Angeles, Pershing Square. © Flickr CC Slices of Light

Des relations qui valent de l’or

oOlala fait partie des entreprises accélérées par French Accelerator. Fondée en novembre 2015, cette start-up édite une application de rencontres amicales. Son fondateur, Guillaume Zarka, a fait le choix de s’installer dès le départ aux Etats-Unis et a  rencontré Laurent Ruben pendant qu’il travaillait encore sur son projet. « Il a de l’expérience, connait très bien le marché américain et m’a vite aiguillé vers les bonnes personnes, explique ce serial entrepreneur, il connait les codes et ça vaut de l’or. » L’accompagnement en 18 mois de French Accelerator se décompose en deux phases : une première sur six mois où les mentors agissent comme des consultants – et fixent donc des honoraires – puis une phase de discussions qui se conclut par une prise de participation. « On passe d’un service for cash à un service for equity. Nos honoraires sont convertis en action dans la société. Avec ce système, nous établissons une relation de confiance avec l’entrepreneur qui voit en French Accelerator un véritable partenaire », estime Laurent Ruben.

Actuellement, trois entreprises ont rejoint l’accélérateur, qui peut en accueillir jusqu’à 12 par an. « Nous avons fixé ce nombre car nous ne voulons pas avoir un partner sur plus de deux missions par an, sinon nous ne pourrions pas garantir la qualité de notre programme », précise le cofondateur. Aujourd’hui, French Accelerator a identifié 347 entrepreneurs français à Los Angeles sur une communauté de 60 000 personnes en Californie. Un bassin encore modeste mais Laurent Ruben compte sur la labellisation de la « Silicon Beach » pour attirer de nouvelles pépites françaises.

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