LCL, la banque qui demande plus à sa Data

Nouveau numéro de l’émission Data4business avec Vincent Biancardini, Chief Data Officer de LCL depuis 2020. Pour avancer sur l’adoption et l’appropriation par les métiers, mais aussi s’aligner avec l’IT, le CDO a défini une stratégie basée sur les cas d’usage et la traçabilité des données.

La banque LCL, rattachée au Crédit Agricole, n’a pas attendu 2020 pour s’intéresser à son patrimoine de données, aux usages et à la valeur qu’elle pourrait en tirer. Cependant, à cette date, son orientation dans le secteur de la Data s’est clairement accentuée vers les métiers, en complément des dimensions technologiques, prépondérantes auparavant comme dans de nombreuses organisations.

Lors de son arrivée à la tête du Data Office en 2020, Vincent Biancardini s’est vu attribuer une mission principale consistant à mettre la donnée au service du client et de sa connaissance. Le CDO liste trois objectifs, dont le premier était “de se rapprocher de nos clients, de mieux les comprendre pour pouvoir proposer des bons produits et les satisfaire.”

Faire rayonner la puissance de la data dans toute l’entreprise

“Cela paraît basique dit comme ça, mais il y a énormément de chantiers”, ajoute-t-il. Les deux autres axes : définir et piloter la gouvernance et enfin faire “rayonner la puissance de la donnée au sein de toutes les directions.”

Pour atteindre ces objectifs fixés par la direction, la première étape a consisté à garantir et renforcer la sécurité des données. “Nous avons revu tous les process d’habilitation (…) ça veut pas dire que c’était pas bien (…) La finalité était de donner les bonnes données aux bons utilisateurs.”

Deuxième étape de la mise en œuvre de la feuille de route : la gouvernance. Celle-ci a été définie sous l’égide du COMEX. Un atout pour permettre ensuite son application dans les différents départements, souligne le CDO.

Troisième axe de travail : démontrer la valeur au travers de premiers cas d’usage des données. Et ces initiatives ont contribué à faire progresser la maturité et à la sensibilisation.

“Nous sommes passés du stade où la donnée c’est de l’informatique à une autre dans laquelle elle est avant tout un produit pour les métiers. Nous ne sommes pas encore data driven, mais un grand nombre de directions ont gagné en maturité par rapport à cet actif.”

Ce n’est pas le seul motif de satisfaction pour Vincent Biancardini. “Le challenge que nous avons réussi à relever sur une grande partie de ces directions, c’est qu’elles se sentent propriétaires et responsables des données.”

La traçabilité ou lineage de la Data : priorité de 2023

Ce progrès a cependant nécessité, et nécessite encore, de lever des obstacles, dont celui de la complexité des systèmes d’information et de la dissémination des données. Sur le plan technique, le CDO insiste par ailleurs sur la “notion de traçabilité” ou lineage.

“C’est l’évolution que nous sommes en train de déployer. Nous avons choisi un outil relativement puissant qui se connecte à un existant permettant déjà de faire de la cartographie (…) Nous avons rajouté deux modules, un premier pour le glossaire métier (…) puis le deuxième pour faire de la traçabilité”, détaille-t-il.

Mais le CDO met avant tout l’accent sur les cas d’usage et la démonstration de la valeur, par exemple au travers du next best offer, déployé dans une logique de conseiller augmenté. Et cela passe par l’élaboration de “feuilles de route”.

Celles-ci visent à “définir quels sont les leviers que la data va pouvoir apporter par rapport aux enjeux tactiques ou stratégiques de chacune des directions”. Pour se faire comprendre, le Data Office doit composer avec différents niveaux de maturité.

“Notre job, c’est de sensibiliser pour que les métiers s’approprient leurs données. Ce qui est parfois compliqué, c’est quand une donnée est très utilisée par X directions qui n’ont pas exactement les mêmes usages. C’est là que ça commence à frotter”, souligne-t-il par ailleurs.

IA générative : démystifier et expérimenter des usages

Sur le sujet du moment, celui de l’IA générative, Vincent Biancardini renvoie aux bonnes pratiques. “La première chose que nous avons faite, cela a été de démystifier cet aspect magique et de revenir sur des basiques : quels sont vos objectifs et dans quelle mesure une technologie pourra y répondre ? C’est quand même ça la base.”

“Nous commençons à réfléchir sur des interfaces privées, notamment avec des liens en API, qui pourraient nous permettre de faire des choses intéressantes, toujours avec un objectif de productivité et d’efficacité”, cadre le CDO.

Ce sujet est sur la table de LCL pour 2023, comme il l’est dans de nombreuses autres organisations. Cette priorité s’ajoute à celle relative à la traçabilité des données et de la mesure de la maturité des métiers, un exercice annuel.

“Cette année, des directions vont en rattraper d’autres qui se sentaient très à l’aise”, prévient le CDO. Mais l’ambition à 5 ans, “c’est une lame de fond”, c’est-à-dire que l’ensemble des métiers se soient emparés de la Data.

“L’objectif à la fin, c’est finalement que chaque direction soit quasiment autonome et pas loin d’être data centric en termes d’organisation, qu’on considère pas qu’il y a un ou deux experts au sein d’une direction, mais que tout le monde soit concerné”, conclut-il.