Le Cerfacs, un modèle original de mutualisation

Pionnier en matière de mutualisation dans le domaine du calcul intensif, le Cerfacs, créé initialement pour répondre aux besoins de l’écosystème toulousain, est aujourd’hui reconnu à l’international.

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D.R.

Le modèle est unique en Europe », se félicite Catherine Lambert, directrice du Cerfacs (ici, en photo),
le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique. Unique à deux titres ! « À la fois en termes de positionnement, au croisement de la recherche scientifique et des applications industrielles, du secteur public et de l’industrie, et par sa gouvernance », insiste Catherine Lambert. Créé à Toulouse en 1987, le Cerfacs est un pionnier en matière de mutualisation. Il associe au sein d’une société civile de recherche, Airbus Group, le Cnes, EDF, Météo France, l’Onera, Safran et Total. Ensemble, ces sept partenaires ont décidé de mettre en commun à la fois des moyens de calcul et des équipes de recherche multidisciplinaires – en physique, analyse numérique, algorythmique, informatique, ingénierie logicielle… – pour faire avancer leurs travaux en matière de modélisation et de simulation numérique, grâce au calcul intensif. « Le calcul intensif est indispensable pour le développement d’outils de modélisation et de simulation numérique de plus en plus sophistiqués, avec à la clé des gains de compétitivité considérables », souligne Catherine Lambert. Parmi les exemples mis en avant par les associés du centre de recherche toulousain : une réduction de six mois de la durée du cycle de conception de moteurs d’hélicoptères pour Safran Aircraft Engines ; une économie de l’ordre de 20 % sur le coût des tests en soufflerie pour le développement d’un nouvel avion pour Airbus ; ou, encore, des économies réalisées en forage évité grâce à une meilleure simulation des réserves pétrolière pour Total.

Un très bon retour sur investissement

Selon une évaluation internationale réalisée par le groupe Xerfi, pour 1 dollar investi dans le calcul intensif, le retour sur investissement pour un industriel serait de l’ordre de 16 dollars. Les orientations et applications sont déterminées par les besoins des associés. « La stratégie de recherche du Cerfacs se déploie ces dernières années autour de grands défisstructurants, qui nécessitent le couplage de phénomènes physiques pour des approches systémiques de plus en plus complexes », précise Catherine Lambert. C’est le cas pour la simulation d’un avion complet, pour celle de la propulsion spatiale ou encore pour celle du fonctionnement d’une turbine à gaz, mais aussi et de plus en plus souvent, pour des applications environnementales.

Le Cerfacs participe ainsi aux projets internationaux sur lesquels s’appuie le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) pour ses évaluations en matière de changement
climatique. Il est impliqué dans de nombreux travaux visant la mise en place de nouveaux outils de modélisation pour l’environnement et la sécurité, avec uneexpertise reconnue dans l’assimilation de données en océanographie, en chimie atmosphérique et en couplage de codes. Le Cerfacs est, aujourd’hui, engagé dans une dizaine de grands projets européens, mais aussi dans une cinquantaine de contrats de recherche. Des travaux souvent conduits en partenariats avec des laboratoires du CNRS, du CEA, de l’Inria ou de l’Irit.

Si le Cerfacs s’appuie sur les calculateurs de ses partenaires, et notamment du centre de calcul de Météo France, il dispose lui-même de ses propres ressources et renouvelle régulièrement ses supercalculateurs. « C’est important pour maintenir notre niveau d’expertise. » Dernière acquisition en fin d’année dernière, avec l’installation du Nemo, fourni par Lenovo. Avec ce nouveau supercalculateur, le Cerfacs est doté d’une puissance de calcul global de 320 Tflop/s. Ce qui lui permet de se maintenir dans le club très fermé des 500 centres de calcul les plus puissants au monde. « Pour nous maintenir à ce niveau d’excellence, nous devons en moyenne doubler notre puissance de calcul tous les dix-huit mois », conclut Catherine Lambert.

Repères

Chiffre d’affaires 2015 : 7,7 millions d’euros.
130 salariés, dont 50 % de doctorants et post-doctorants.
4 axes applicatifs : l’aérodynamisme ; la combustion et les turbines à gaz ; le climat
et l’observation de la Terre ; l’environnement.

 

Cet article est extrait du magazine Alliancy n°16 « Quelle gouvernance pour le numérique » à commander sur le site.

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