Les data centers se mettent au vert !

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Carole Maréchal, Responsable Juridique Senior & Secrétaire Générale

L’empreinte écologique des data centers est souvent mise en avant pour souligner les effets pervers de la digitalisation de l’économie. Forte consommation énergétique, construction complexe productrice de déchets, exploitation des nappes phréatiques, les griefs sont nombreux à l’égard de ces entrepôts de données pourtant si nécessaires à l’ensemble de nos activités numériques. Aujourd’hui, certains hébergeurs mettent en place des démarches visant à rendre leurs data centers plus respectueux de l’environnement. Quelles méthodes déploient-ils et quels résultats peut-on attendre de ces pratiques ?

Une approche multi-critères

On parle souvent du bilan carbone des composants et des infrastructures mais ce critère ne représente que l’une des dimensions du problème. Pour prendre en compte l’impact environnemental du data center dans son ensemble, la société engagée dans cette démarche doit appréhender son installation à partir de multiples critères : acidification des milieux, réchauffement climatique, érosion des sols, épuisement des ressources naturelles, production de déchets, pollution sur la santé humaine, etc.

Evaluer chaque composant à chaque étape de sa vie

Ces critères ne doivent pas seulement être mobilisés pour évaluer l’impact de la structure dans sa globalité mais également pour évaluer l’impact de chacun des composants du data center. Chacun de ces composants doit être considéré en tenant compte de l’ensemble de son cycle de vie, de sa conception jusqu’à son traitement en tant que déchet en passant par les étapes de transport et d’utilisation.

Identifier les leviers d’optimisation environnementale

Ce sont ces deux conditions, l’évaluation de chaque composant et la prise en considération de l’ensemble de leur cycle de vie, qui permettront aux hébergeurs d’identifier précisément les leviers sur lesquels ils pourront agir pour améliorer efficacement l’impact environnemental de leurs installations. Ils doivent ainsi analyser l’impact de leurs disques durs, de leurs équipements réseau, de leurs systèmes de refroidissement, et comparer les opportunités d’amélioration de chacun de ces équipements. Ce faisant, il sera primordial de s’assurer que l’on n’agit pas négativement sur un critère d’évaluation en agissant positivement sur un autre. Par exemple, certaines technologies de refroidissement sont moins gourmandes en énergie mais plus consommatrices d’eau.

Les leviers d’optimisation isolés pourront dès lors être de deux natures : liés au matériel ou liés aux usages. Liés au matériel lorsque la meilleure option consiste à remplacer des composants par des versions moins énergivores ou produites en générant moins de déchets que ceux utilisés dans l’installation. Liés aux usages lorsque, dans le cas des services cloud par exemple, la mise en place d’une plate-forme plus agile permet d’optimiser l’allocation et l’utilisation de machines virtuelles et ainsi de réduire la consommation de ressources.

Les efforts environnementaux des hébergeurs sont bien sûr pondérés par l’impératif de conserver un niveau de sécurité et de performance constant. Ces deux paramètres restent en effet les critères de choix privilégiés de leurs clients. Cependant, les questionnements écologiques qui traversent la société dans son ensemble commencent à émerger dans ce secteur, et en particulier dans l’activité data center. Avant d’envisager une législation écologique encadrant la conception et l’exploitation des data centers, les pouvoirs publics pourraient encourager ces démarches en créant un véritable label vert qui les récompenserait en tenant compte d’un plus grand nombre de critères que les certifications actuelles. Les entreprises auraient ainsi d’autant plus avantage à anticiper la législation que les économies d’énergie qui se traduiraient en économies réelles. Elles pourraient ainsi transformer leur démarche écologique en argument commercial.