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Les IRT bien ancrés vers l’avenir

Mardi 18 octobre, le Forum des IRT (Institut de Recherche Technologique) a tenu sa quatrième édition sur le Plateau de Saclay en Ile-de-France. L’occasion de revenir sur ces huit structures, « accélérateurs du développement et du transfert technologique pour les entreprises françaises ».

L’IRT Bcom

L’IRT B-com (photo) a récemment conclu un accord de licence avec la start-up rennaise BBright, spécialisée dans les nouveaux formats pour la TV du futur, pour un convertisseur d’images SDR en HDR. © B-com

Cette année, l’IRT SystemX accueillera la quatrième édition du Forum des IRT (Institut de Recherche Technologique), au cœur du Plateau de Saclay, au sud de Paris, dans les locaux d’EDF Lab Paris-Saclay, qui ont ouvert au printemps dernier.

« 500 personnes, partenaires industriels et académiques, sont attendues », explique Vincent Marcatté, président de l’Association French Institutes of Technology (FIT) et de l’IRT B-Com. De fait, quatre ans après leur création, les huit IRT français* affichent un bilan très positif. « Tous impliqués dans les solutions de la Nouvelle France Industrielle, les IRT sont devenus, en quelques années, des outils pleinement opérationnels et des acteurs efficients du renouveau industriel français autour de quatre valeurs que sont la collaboration public-privé reposant sur un investissement équivalent de l’Etat et des partenaires privés impliqués, la créativité, l’agilité et des résultats, en livrant des solutions concrètes et viables économiquement », détaille-t-il.

Les IRT accélèrent de fait l’émergence d’innovations technologiques et leur transfert vers les entreprises. Une contribution clé qui a été confirmée par les récentes évaluations du CGI (commissariat général à l’investissement) et de la CDC (caisse des dépôts) et soulignée par différents rapports, notamment le rapport Maystadt pour France Stratégie du printemps 2016. « Nul doute, ce sont des structures durablement installées dans le paysage français de l’innovation », poursuit Vincent Marcatté.

Parmi les chiffres à relever du bilan, au 30 juin 2016  (voir aussi plus bas) :

  • Les IRT mobilisent près de 1 500 personnes ! Ils emploient 615 collaborateurs (dont 167 doctorants), qui sont rejoints par 910 collaborateurs mis à disposition chaque année par leurs partenaires.
  • Les IRT ont transféré 106 technologies vers l’industrie, déposé 155 brevets, publié 715 contributions scientifiques. Ils ont mis en place 58 plateformes ou équipements servant directement les besoins de la R&D. Ils ont été impliqués dans 25 projets européens.
  • Enfin, les IRT réunissent 444 partenaires industriels (dont la moitié sont des PME et des start-up) et 100 partenaires académiques.

Chaque IRT dispose d’un budget global d’environ 200 millions d’euros, sachant qu’à leur création, ils ont bénéficié d’une enveloppe totale de 940 millions d’euros partagée entre fonds consomptibles et non consomptibles. « Nous avons créé ces lieux pour favoriser la coopération public-privé, rappelle Louis Schweitzer, Commissaire général à l’Investissement, et ça marche. Les entreprises s’y sont intéressées et mettent de plus en plus le cœur de leurs projets d’avenir dans les IRT. »

L’effet multiplicateur

Si les IRT sont là pour « faire des innovations », ils ne sont pas pour autant présents sur tous les secteurs. « C’est volontaire. Les secteurs représentés sont sur ceux sur lesquels la France a déjà une position d’excellence. C’est pourquoi il n’est pas prévu d’en créer de nouveaux. Nous en resterons à huit », a précisé le Commissaire général.

Bien que le bilan soit positif, il reste toutefois encore des progrès à accomplir, notamment car tous les IRT ne se valent pas et n’ont pas atteint la même maturité. Tout dépend du secteur évidemment. « C’est pourquoi l’association FIT, créée en mars 2015, et les rencontres annuelles sont importantes, pour échanger et améliorer nos processus », a poursuivi Vincent Marcatté. L’association s’est donc fixée pour objectif de « continuer car le modèle est pertinent et répond à un vrai besoin », autant au niveau national qu’international (au niveau de la Commission européenne notamment). Elle souhaite surtout mener à bien une réflexion pour prolonger le soutien du Programme d’investissement d’avenir (PIA) au-delà de 2020…

« Il est clair que les IRT ne voleront pas encore de leurs propres ailes à cette date, reconnaît Louis Schweitzer. On est plutôt sur 2030, avec une courbe qui ne sera pas uniforme. Il faut donc que le PIA les soutienne, mais de façon non homogène, selon les résultats et défis de chacun ». Une évaluation des huit IRT est actuellement en cours d’achèvement. Les résultats devraient être dévoilés dans les semaines à venir. « Nous avons déjà validé la pertinence de leur nombre. Ensuite, c’est une question de maturité dans l’avancée des coopérations public-privé. Mais ils sont tous globalement assez bons », poursuit-il.

A la croisée des chercheurs et des filières

« Aujourd’hui, les IRT doivent mieux intégrer les PME et les start-up. Même si de gros progrès ont eu lieu », reconnaît Gilbert Casamatta, vice-président de FIT, président de l’IRT Saint Exupéry. L’IRT SystemX a ainsi lancé un programme spécifique à l’attention des start-up (START@SystemX), de façon à en intégrer trois tous les six mois, qui pourront bénéficier de leur plateforme. « Un premier programme autour de la mobilité commencera en janvier, a expliqué Pascal Cléré, président de l’IRT SystemX et hôte du Forum des IRT 2016. Nous poursuivrons avec la Blockchain… La start-up apporte ses compétences et nous la soutenons à hauteur de 5 000 euros pour qu’elle développe son produit, au-delà de la mise à disposition de nos outils. »

Si des freins persistent aujourd’hui pour intégrer de plus en plus d’entreprises, ce serait d’abord l’ignorance de ce peuvent apporter les IRT… « Pourtant, nous pouvons leur offrir des outils qu’elles seules ne pourraient pas acheter. Avec les doctorants, nous sommes aussi un centre de formation et un réel vivier de compétences pour les entreprises », estime Vincent Marcatté.

Des initiatives multiples

Afin d’acculturer le tissu industriel français, l’ouverture d’antennes régionales pour l’IRT SystemX est d’ailleurs envisagée, de même qu’à l’international (à commencer par Singapour). « Il y a un vrai potentiel de croissance dans les IRT. Si ce dynamisme se poursuit, nous devrions avoir un apport financier plus important de la part des entreprises », ajoute-t-il. Actuellement, le financement public-privé est à 50/50, il devrait monter à 33/33/33 dans les années à venir du fait de la croissance du nombre d’adhérents et de projets lancés, mais aussi de financements en provenance des collectivités ou d’autres grands organismes de recherche nationaux avec qui les partenariats devraient s’accélérer. Si les échanges avec des structures privées ou publiques internationales sont également les bienvenues. « Il est clair que ce qui se fait, se fait sur le territoire français », a toutefois rappelé le Commissaire général. L’idée étant d’abord de faire gagner « l’entreprise France », ont-ils conclu de concert.

* Les huit filières couvertes par les IRT et que sont les filières d’excellence prioritaires de la politique industrielle nationale (NFI) : les technologies numériques ; la microbiologie et les maladies infectieuses ; l’usine du futur ; les matériaux, métallurgie et procédés ; la nanoélectronique ; les systèmes ferroviaires ; l’aéronautique, espace et systèmes embarqués, et l’ingénierie numérique des systèmes

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François Cuny, Systematic

Le pôle Systematic, acteur de l’industrie du futur

Dans le cadre de l’Alliance Industrie du Futur, François Cuny, directeur général du pôle de compétitivité francilien Systematic, pilote le Groupe de Travail (GT) « Plateforme pour l’Industrie du Futur » de l’Association française des pôles de compétitivité (AFPC), initié en mai 2015. « Depuis six mois, nous travaillons concrètement avec l’Alliance. C’est l’action commune la plus importante que mènent de concert les pôles. 34 d’entre eux sont impliqués », précise-t-il. Objectifs : assurer la transversalité, réfléchir à des actions communes et à de l’accompagnement auprès des entreprises. Deux pôles participent à chacun des sept groupes de travail mis en place par l’Alliance Industrie du futur et reportent à tous les autres pôles. Un des thèmes sur lesquels ils planchent : quelles sont les technologies qui impactent l’industrie du futur ? Comme la fabrication additive, la sécurité des communications ou les nouveaux matériaux… « Notre idée est de voir comment, en France, les acteurs développent ces technologies de façon à être bien positionnés sur ces marchés dans le paysage international, poursuit François Cuny. Par ailleurs, sur les travaux spécifiques que mènent 4 IRT – dont SystemX – sur la fabrication additive (57 partenaires, avec un budget de 60 millions d’euros environ sur 2016-2017), nous faisons le lien avec le tissu industriel francilien sur le sujet. » Au sein de l’AFPC, d’autres interpôles existent autour des Smart Grid (l’association SmartGrids France), la chimie, l’automobile, l’aéronautique (G4)…

Sur le thème de l’Industrie du Futur par exemple, « nous avons mis en place une plateforme d’échanges dynamique pour être tous au courant de toutes les réunions, manifestations que chacun organise. On partage également tous les comptes rendus des réunions, explique-t-il. Actuellement, nous travaillons également à mettre en relation nos 34 roadmaps avec le découpage qu’a mis en place l’Alliance pour avoir une vision cohérente de l’activité des pôles dans la façon dont ces sujets sont organisés au niveau national. Aussi, dès qu’un sujet émerge, on saura immédiatement qui sont les meilleurs correspondants et dans quels pôles (appel à projets, ciblage d’entreprises…). Notre but étant d’activer le plus rapidement possible notre écosystème », conclut-il.

 

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