Les IRT impactent l’innovation industrielle

411, c’est le nombre de transferts technologiques vers les entreprises qu’ont réalisé les 8 IRT à fin 2018, un chiffre doublé en un an. Demain, se tiendra le « Forum des IRT » dans le bâtiment B612 qui accueille depuis peu lIRTSaint Exupéry à Toulouse.

Vincent Marcatté, président de FIT et de l'IRT B-Com

Vincent Marcatté, président de FIT et de l’IRT B-Com

L’association FIT, qui regroupe les 8 IRT (Instituts de recherche technologiques) en France*, annonce des chiffres plus que satisfaisants pour son bilan annuel, selon Vincent Marcatté, président de FIT et de l’IRT B-Com.  

En cumulé, les transferts de technologie sont passés de 201 à fin septembre 2017 à 411 à fin septembre 2018 ; le nombre de partenaires académiques de 113 à 201 ; le nombre de publications scientifiques de 1 188 à 1 719 ; et de plus en plus de PME et de start-ups sont impliquées dans les IRT : 300 PME l’ont été en 2018, représentant 40% des partenaires industriels des IRT. 

« L’IRT est l’outil prioritaire qui garantit notre souveraineté technologique pour notre pays », se félicite-t-il. En conséquence, « Même si c’est un gros investissement de la part de l’Etat, nous continuerons de les accompagner, y compris au-delà de 2025. C’est la condition pour créer des emplois et mettre en application notre R&D puissante », précise Guillaume Boudy, secrétaire général pour l’Investissement, qui cherche encore à définir le montant à injecter dans les IRT pour les maintenir sur leur lancée… 

Reste qu’il faut savoir « innover en meute », rappelle-t-il et l’Etat y tient ! Le financement des IRT (50/50 public-privé) devra passer à seulement un tiers financé par l’Etat en 2025, un tiers par des acteurs privés et un dernier tiers par des appels d’offres, surtout européens. Déjà présents dans 50 projets européens, les IRT pourraient venir en soutien aux pôles de compétitivité dans leur besoin d’internationalisation, réclamé dans la phase IV de leur développement (en cours). 

La sixième édition du Forum des IRT est accueillie demain par l’IRT Saint Exupéry à Toulouse, en présence de Guillaume Boudysecrétaire général pour l’investissement. 400 partenaires industriels et académiques, tutelles et institutionnels sont attendus.

Le président de FIT rappelle ainsi quelques collaborations entre IRT, notamment sur la fabrication additive, qui implique les IRT Jules Verne, M2P, Saint Exupéry et SystemX avec les premiers résultats de modélisations exploitables en bureaux d’études pour le dimensionnement robuste de structures lattices intégrant l’influence des paramètres de fabrication sur les microstructures et la géométrie. « Ce sont des outils que les entreprises ne pourraient pas s’offrir. Les entreprises travaillent ici sur des troncs communs de recherche, avant de se séparer », insiste-t-il. 

Blockchain et Industrie du futur 

Avec le monde de la recherche académique, des initiatives nouvelles ont également vu le jour. SystemX a créé avec Inria, Télécom ParisTech et Télécom SudParis, l’initiative BART. Il s’agit du plus grand collectif de chercheurs français à ce jour à mutualiser les travaux sur le thème de la blockchain autour d’une feuille de route commune établie pour six ans. 

Jules Verne a quant à lui lancé le programme de thèses Perform qui vise à développer la recherche amont dans le domaine des technologies avancées de production pour renforcer les effectifs de recherche dans le domaine de l’industrie du futur, thématique d’excellence ligérienne. 

Des partenariats encore poussifs avec les PME 

Pour autant, il faut encore aller plus loin, notamment au niveau des PME pour leur faciliter l’accès aux projets et plateformes technologiques (voir les programmes Easytech au niveau national, START@SystemX en Ile-de-France, Accès PME en Pays de la Loire ou New Pack PME en cours de déploiement en Occitanie).  

Les chiffres 2018 des IRT. Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

En matière d’ouverture au monde académique, un cap est en train d’être franchi avec la mise au point d’un nouveau modèle de collaboration possible avec les laboratoires pour créer des laboratoires communs. L’IRT Saint Exupéry discute notamment avec le LabEx CIMI autour d’un projet sur le thème de l’IA.  

Ce modèle pourrait se décliner avec le projet d’Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA) qui seront créés suite à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé cet été dans la continuation du Rapport Villani, sujet sur lequel les IRT travaillent, à la fois indépendamment (en lien avec leur secteur industriel de référence) et ensemble, dans le cadre de l’initiative inter-IRT EngageIA. 

Enfin, en ligne avec les annonces faites en juin dernier à Metz en matière d’ouverture des écosystèmes français d’innovation, les IRT cherchent à renforcer leurs collaborations avec les pôles de compétitivité (dont ils sont issus), les Sociétés d’accélération de transfert de technologies (SATT) et les Instituts pour la transition énergétiques (ITE), encore non représentés dans FIT. Des structures qui visent toutes à créer du lien entre recherche publique et industrie… La convergence devrait donc se faire, comme la mise en commun de certains sujets (internationalisation des partenariats, gestion des API, valorisation…). « Nous nous sommes posés la question de fusionner avec les pôles de compétitivité et avons vite évacuée cette option car trop complexe, explique Gilbert Casamatta, vice-président de FIT et président de l’IRT Saint Exupéry. Pour autant, nous voulons accroître le nombre de partenariats et partager des feuilles de route technologiques communes au niveau des gouvernances. » Le but ultime de ces rapprochements visant principalement à « faciliter les échanges et à améliorer l’interopérabilité de ces outils », conclut-il. 

 * Les IRT (Instituts de recherche technologiques) se sont vu attribuer une dotation de 940 M€ dans le cadre du PIA et bénéficient du soutien de leurs écosystèmes locaux et des collectivités territoriales.

En 2018, quelques projets et programmes emblématiques 

  • Le programme POWERGAN par Nanoelec : développement d’une technologie générique de composants de puissance semi-conducteurs en nitrure de gallium épitaxié sur silicium (GaN/Si) en ligne avec les attentes du marché en termes de convertisseurs de puissance innovants ;  
  • Le projet MAO par M2P : développement d’un procédé d’oxydation micro-arcs pour le traitement des alliages de titane pour des applications tribologiques et des applications à chaud dont les résultats préfigurent la rédaction d’une nouvelle norme européenne ; 
  • Un projet de recherche innovant par Bioaster dans le domaine des maladies tropicales négligées comme la maladie de Chagas ;  
  • Le programme Train Autonome par Railenium en collaboration avec SNCF, pour répondre à des enjeux d’exploitation ferroviaire majeurs : augmentation de la capacité de transport, accroissement de la fiabilité, et réduction des coûts ; 
  • Une plateforme R&T de forgeage matriçage unique en Europe mise en place chez Aubert & Duval en Ariège, partenaire de l’IRT Saint-Exupéry.