Lionel Ploquin, l’administrateur des données à Bercy

Répertorier, classer, puis ouvrir les millions de données dont dispose la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Telle sera la mission de Lionel Ploquin… Un vaste chantier, sachant que cette administration gère les impôts, mais aussi la fiscalité des collectivités, le cadastre ou le patrimoine foncier de l’Etat.

Lionel Ploquin

Lionel Ploquin, administrateur des données de la direction générale des Finances publiques. © D.R

Depuis août 2016, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) s’est dotée d’un chief data officer (CDO), en la personne de Lionel Ploquin. Depuis la création de la DGFiP en 2008, cet énarque a occupé plusieurs postes dédiés à la maîtrise d’ouvrage des systèmes d’information (SI). Il connaît donc bien les rouages du SI de cette administration. Une compétence particulièrement utile en tant qu’« administrateur des données ». Une de ses premières missions sera, en effet, de stimuler et d’accompagner l’ouverture des données de cette administration. Cette ouverture devrait s’accélérer considérablement en son sein, comme dans un grand nombre d’autres entités publiques. Rappelons que la Loi numérique, promulguée le 7 octobre dernier, prévoit une ouverture accrue des données publiques.

Par ailleurs, le gouvernement a créé, en 2014, le poste d’Administrateur général des données de l’État, occupé par Henri Verdier. « Sa nomination a accéléré la réflexion au sein de nombreuses entités publiques sur la connaissance des données, leur ouverture et leur valorisation. Elle constitue un des éléments déclencheurs de la création de ce poste », confie Lionel Ploquin.

Évaluer le « patrimoine de données »

Avant d’ouvrir les données, le chantier prioritaire de Lionel Ploquin est déjà de les répertorier. « Nous réalisons une cartographie complète de l’ensemble des données dont dispose la DGFiP qui est considérable », poursuit-il. Cette administration est connue pour le recouvrement des impôts et les procédures de contrôle fiscal. Mais ses missions sont beaucoup plus vastes. « Nous gérons, par exemple, tout le patrimoine foncier de l’État, qui est le plus large d’Europe. » La DGFiP tient également la compatibilité de l’État, gère la fiscalité des collectivités territoriales et des hôpitaux… Elle est également responsable de la tenue du cadastre. Avec autant de missions, cette administration a accumulé un vaste « patrimoine de données  » qu’elle va devoir évaluer de manière exhaustive. Une fois recensées, celles présentant le plus de valeurs et de sensibilité seront analysées de manière plus poussée. Parmi les critères d’évaluation de la « sensibilité » des données, figure bien entendu leur caractère personnel. La DGFiP dispose d’un grand nombre de données associées à des citoyens : « Elles ne pourront pas, bien entendu, être partagées en open data sans leur anonymisation », poursuit le CDO.

« Nous réalisons une cartographie complète de l’ensemble des
données dont dispose la DGFiP » Lionel Ploquin, CDO de la DGFiP

Une fois cartographiées, celles-ci pourront être ouvertes. Certains jeux de données seront partagés selon le principe de l’open data. Ils seront publiés sur le site data.gouv afin qu’ils puissent être téléchargés et exploités librement. Notons que la DGFIP publie déjà des jeux de données en open data, comme par exemple le montant de l’impôt sur le revenu par collectivités territoriales. Mais il s’agit pour l’heure uniquement de statistiques, donc de données agrégées.

De par son rôle central au sein de l’État, la DGFiP est également amenée à partager des informations avec d’autres organismes, appelés « tiers autorisés ». Il s’agit notamment des organismes sociaux et des collectivités locales qui délivrent des prestations sous conditions de ressources.« Nous allons moderniser le partage de données avec ces tiers autorisés en utilisant, quand cela sera possible, des API leur permettant de consulter ces informations de manière sécurisée et dans le respect de la protection des données personnelles », précise Lionel Ploquin.

Itinéraire de Lionel Ploquin

1986-1988 : ENA (promotion Michel de Montaigne).

2009 : il accède au poste de directeur de la maîtrise d’ouvrage des systèmes d’information transversaux (le poste de travail, les solutions collaboratives, le SI des ressources humaines, les portails internes et externes, et la dématérialisation.

2012 : il devient chargé de mission aux usages numériques innovants au sein de la DGFiP. Il est notamment chargé de la veille sur l’impact et les opportunités du digital pour la DGFiP. Il met en place le réseau social professionnel interne de la direction. Il est chargé d’une mission sur l’introduction des méthodes de conception agile.

2016 : il est nommé CDO de la DGFiP, rattaché au directeur du service à compétence nationale dénommé « Cap numérique; de la DGFiP ».

 

Insuffler une « culture de la donnée »

Outre l’ouverture des données, le rôle de Lionel Ploquin consiste aussi à développer l’usage de la donnée au sein de son administration. Cela passera notamment par la « diffusion la culture de la donnée » au sein de la DGFiP, en particulier de son « encadrement  », peut-on lire dans sa définition de poste. L’idée est de familiariser les agents de la DGFIP avec des technologies de gestion et d’analyse de données, comme le big data, le datamining ou les applications décisionnelles (business intelligence). « L’objectif est d’améliorer l’efficacité de nos services grâce à une meilleure exploitation des données. Le datamining peut notamment nous aider à améliorer notre relation aux usagers, en ciblant des messages adaptés à leurs profils. » Ces différents projets n’ont pas encore de calendrier définitif. « Les actions prioritaires seront identifiées d’ici à la fin de l’année », indique-t-il. Lionel Ploquin a été nommé pour trois ans. Mais cette fonction devrait se pérenniser. « Soit je poursuivrais, soit j’aurais un successeur. Mais, de par sa transversalité, cette fonction me paraît essentielle pour développer la valorisation de la donnée au sein de la DGFiP ». 

Cet article est extrait du magazine Alliancy n°16 « Quelle gouvernance pour le numérique » à commander sur le site.

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