François Munerot (Hub One) : « Les défauts de connectivité stressent les collaborateurs »

Pour François Munerot, adjoint directeur business line Wireless de l’opérateur et intégrateur télécoms Hub One, les entreprises oublient souvent le poids qu’a la qualité de la connectivité dans leurs nouveaux espaces de travail sur leur transformation.

>> Cet article est extrait du hors-série « Le Numérique en Pratique », l’Humain, téléchargez-le !

HUB ONE - François Munerot

François Munerot, adjoint directeur business line Wireless, Hub One

Pourquoi la connectivité des bâtiments vous paraît-elle être un sujet à part entière de la transformation actuelle des organisations ?

François Munerot. Les espaces de travail deviennent déconcentrés, mobiles et flexibles. Pour le collaborateur, l’ultra-connectivité doit être complètement transparente.

En cas de déménagement dans de nouveaux bureaux – comme c’est souvent le cas pour les entreprises qui veulent changer leurs modes de travail – c’est le ressenti le bien-être mais aussi la productivité de tous qui sont affectés quand la connectivité ne suit pas. La couverture en matière de téléphonie mobile et de Wi-Fi est un véritable « asset » du bâtiment au même titre que l’eau ou l’électricité.

Le Wi-Fi n’est-il pas un sujet complètement banalisé dans nos bureaux ?

François Munerot. Les DSI ont appris à limiter au maximum la contrainte que le Wi-Fi peut représenter pour les utilisateurs. Ils sont cependant confrontés aux problèmes de positionnements et au nombre d’antennes à déployer. La stratégie des bâtiments des architectes met en effet souvent en concurrence les sujets esthétiques et de connectivité par exemple. Des compromis doivent donc être trouvés dès la conception de l’espace de travail.

L’autre problème du Wi-Fi est qu’il est souvent filtré ou limité en débit, ce qui peut poser des problèmes au niveau de certains usages numériques exigeants, notamment les communications « voix ».

La téléphonie mobile connaît-elle les mêmes problématiques ?

François Munerot. Le problème vient plus dans ce cas de la nature même des bâtiments, qui sont très étanches et dont l’isolation électromagnétique a vite fait de créer une dégradation. La question devrait être soulevée là aussi dès la création du bâtiment. Il n’est pas impossible d’améliorer la couverture après, mais c’est plus difficile et le coût n’est pas neutre.

Surtout, il faut prendre en compte que l’arrivée dans un nouveau lieu, avec de nouveaux modes de travail, est assez stressante pour les collaborateurs. Si vous ajoutez des travaux dès le début, à cause de problèmes de connectivité, cela génère une incompréhension et cristallise un vrai mal-être.

N’est-il pas difficile de calculer la couverture réelle dont bénéficiera un bâtiment qui n’est pas encore construit ?

François Munerot. Les progrès technologiques font qu’il est aujourd’hui beaucoup plus simple de calculer les impacts dès la genèse d’un bâtiment. Un drone peut être utilisé pour mimer le parcours d’un utilisateur, même si l’on est juste sur le terrain vague qui doit accueillir les locaux dans quelques mois. On utilise ensuite un logiciel pour simuler les murs, les plafonds, les ascenseurs… les confronter à ces relevés et calculer une couverture. Le seul vrai piège avec ce type d’anticipation, c’est que dans la réalité, il va y avoir beaucoup de changements d’architecture d’intérieur à la dernière minute. Des cloisons vont s’ajouter qui vont jouer sur les concentrations de personnes, ce qui aura un impact sur la couverture. L’essentiel pour déterminer comment assurer la connectivité d’un bâtiment est donc avant tout de connaître les usages professionnels qui vont l’animer. Qu’est-ce que l’entreprise veut faire ? S’agit-il de bureaux libres en open space avec beaucoup de déplacement ? Un amphithéâtre avec 300 personnes ? Tous les prestataires doivent comprendre la « philosophie » du lieu de travail… Bref, tout ce qui n’apparaît pas sur les plans et qui fait la plusvalue de l’analyse d’un expert en couverture mobile.

Quels sont les meilleurs moyens pour amener la couverture en téléphonie mobile sur le lieu de travail ?

François Munerot. La 3G et la 4G sont souvent apportées de façon conventionnelle par des câbles en cuivre que l’on va installer à la construction et ne plus déplacer ensuite. Dans ce cas, il faut que cela ait lieu au bon moment des travaux pour éviter les surcoûts. L’avantage est que l’on sait mutualiser l’installation d’antennes ainsi câblées avec l’éclairage, ce qui est un gain esthétique et de place notable. L’autre possibilité, ce sont les réseaux de téléphonie en technologie numérique : les signaux opérateurs sont alors transportés par un réseau semblable au réseau informatique. Cela s’avère donc beaucoup plus flexible, dans l’optique de futures évolutions et aménagements, mais il faut compter également en général un surcoût initial de 20 à 25 %. Par ailleurs, assurer la qualité de ce réseau nécessite des câblages informatiques dédiés, qui doivent donc être dimensionnés précisément dès le départ. Pour y parvenir, la DSI doit être incluse au plus tôt dans la discussion.

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