Naissance d’une nouvelle chaire industrielle dédiée à l’écoconception

L’éditeur de logiciels PTC, l’école d’ingénieurs ECAM LaSalle et l’Université de technologie de Compiègne (UTC) s’associent pour la création d’une nouvelle chaire industrielle intitulée « ProActive Design for Sustainability ». Son objectif : systématiser l’écoconception.

Tout a commencé à Lyon, dans la « Ruche Industrielle », un collectif d’entreprises et de grandes écoles où se côtoient depuis plusieurs années l’éditeur de logiciels PTC et l’école d’ingénieurs ECAM LaSalle. Les premières discussions autour d’une chaire sur l’écoconception y ont débuté il y a deux ans. Dans les cursus de l’école, la conception occupe en effet une place importante : les enseignants y sensibilisent les futurs ingénieurs aux différentes étapes du cycle de vie, aux principes de soutenabilité, d’économie circulaire et d’innovation technologique dès le début du processus de création.

Par ailleurs, un partenariat à double sens relie de longue date PTC et l’Université de technologie de Compiègne (UTC) : les étudiants de l’université utilisent dans leur formation des logiciels de l’entreprise américaine, et celle-ci a déjà recruté des diplômés de l’UTC. C’est donc tout naturellement que les trois acteurs se sont retrouvés à coconstruire la chaire, définir les attentes, répartir les responsabilités, déterminer les rôles de chacun dans le suivi des projets, l’évaluation des résultats, à partir d’un « état de l’art » des bonnes pratiques liées à l’environnement déjà en usage dans la conception.

Cette création de chaire intervient dans un contexte réglementaire de plus en plus présent. « La plupart des entreprises avec lesquelles nous discutons ont aligné leurs objectifs sur ceux de l’Accord de Paris. Il y a donc une pression toujours plus forte sur l’intensité carbone de leurs activités. La performance économique va de plus en plus de pair avec la performance environnementale. Au-delà de cette pression s’ajoute la réglementation, notamment la CSRD, qui impose de nouvelles normes et obligations de reporting non financier », commente Murvin Boodhoo, Solutions Consulting Director chez PTC.

Des thèses au cœur de la chaire

Le cœur de la chaire consistera en des thèses, dans le prolongement de celles qui ont déjà été menées dans le cadre de partenariats entre PTC et l’UTC. L’une d’elles a ainsi porté sur l’utilisation de jumeaux numériques pour gérer la fin de vie d’un produit. Une autre, en cours, révèle l’importance de l’éducation dans la prise de conscience de ces enjeux, puisqu’elle concerne l’enseignement de l’écoconception et les fondamentaux pédagogiques requis dans les cursus pré- ou post-baccalauréat.

Dans le cadre de la chaire, qui va durer quatre ans, deux doctorants vont être recrutés. Ils vont travailler pendant trois ans sur deux thèses. « La première va concerner l’intégration des indicateurs de soutenabilité dans le PLM. La deuxième va être consacrée à la CAO, afin de suggérer les bonnes informations aux concepteurs et les accompagner dans ces enjeux. Au-delà de la mise en valeur de l’état de l’art (méthodologies, modèles…), les doctorants vont chercher à valoriser des preuves de concept afin de les intégrer et de les tester dans les solutions de PTC », déclare de son côté Bertrand Marconnet, Enseignant-chercheur à l’ECAM LaSalle.

« Au-delà des enjeux méthodologiques, traités par le passé, ces thèses se consacreront à la dimension ‘outillage logiciel’ permettant d’offrir un accès à la donnée liée aux caractéristiques environnementales d’un produit. Cela va du choix des matériaux lors de la conception à l’optimisation des temps de maintenance et des modes opératoires pendant la ‘phase usage’ pour limiter sa consommation énergétique, en passant par la fourniture d’informations sur le produit en fin de vie afin de réaliser le mieux possible son retrait de service (recyclage) », complète Benoit Eynard, Enseignant-chercheur à l’Université de technologie de Compiègne.

Structurer les connaissances environnementales et réglementaires

Un autre objectif de la chaire est de structurer les connaissances liées aux contraintes environnementales et aux normes à respecter, qui sont actuellement très diffuses. La chaire aura pour but de réunir et fédérer ces connaissances pour proposer à l’ingénieur concepteur les bons indicateurs au bon moment, c’est-à-dire en amont de tout projet.

Parmi ces connaissances figurent aussi bien les conditions liées à tel ou tel label environnemental, que les règles et les méthodologies liées aux bonnes pratiques, le retour d’expérience non formalisée de certains ingénieurs. Ce savoir dispersé, par exemple dans des banques de données spécialisées, se devra d’être inséré, ou du moins rendu facilement accessible, dans les solutions logicielles proposées.

« Grâce à l’ingénierie des connaissances, il est désormais possible de développer des systèmes de recommandation avancés, guidant les concepteurs vers des choix durables dès le début du processus de conception. In fine, l’ingénieur-concepteur, par ailleurs sensibilisé aux problématiques, bénéficiera alors des meilleures recommandations, répondant à des standards, et ce dès les premières phases d’un projet. Derrière cet attendu, il y a l’idée d’un possible assistant, conversationnel ou non (une sorte de ‘ChatGPT’ spécialisé) qui facilitera la tâche des ingénieurs en ce qu’ils n’auront plus à y penser. Et de toute façon, l’intégration des contraintes environnementales sera le plus possible automatisée, afin d’alléger la charge cognitive des concepteurs », concluent PTC, l’ECAM LaSalle et l’UTC dans un communiqué.