Olivier Serfaty, Step-In : « Lever 600 000 euros lorsqu’on démarre, ce n’est pas gagné d’avance »

La start-up Step-In commercialise une application mobile qui permet aux enseignes de fidéliser leurs clients tout en augmentant la fréquentation dans leurs magasins. Après un an d’activité, la jeune pousse vient de boucler une levée de fonds de 600 000 euros auprès de Business Angels influents comme Jacques-Antoine Granjon. A cette occasion, Alliancy s’est entretenue avec son fondateur, Olivier Serfaty. 

Article--olivier erzatyParlez-nous de votre start-up, comment est-elle née ?

Olivier Serfaty : L’idée est venue de l’américain Shopkick dont je me suis inspiré tant son concept m’a semblé génial : une application qui offre des cadeaux à ses utilisateurs sans qu’ils aient à dépenser un sous et qui permetaux grandes enseignes de fidéliser et d’agrandir leur clientèle. Ce principe de rémunération de la promenade shopping des utilisateurs (grâce à des bons de réduction ou des points cadeaux), j’ai voulu le lancer en Europe. Pour cela, on a d’abord longuement travaillé, avec deux polytechniciens spécialisés en traitement du signal, sur une technologie basée sur les ultrasons;  elle nous permet de géo-localiser au mètre près les utilisateurs dès qu’ils lancent l’application sans avoir besoin de connexion réseau. Lorsque nous sommes allés présenter le produit aux grandes enseignes de la distribution, elles ne nous ont pas prises au sérieux. Cet obstacle nous a forcés à nous adapter et à répondre ainsi à un vrai besoin des enseignes françaises : au lieu de mettre juste un boitier à l’entrée, on en a mis dans les rayons, ce qui permet aux grandes surfaces d’orienter les clients en essayant d’augmenter le taux de pénétration dans les zones froides (ndlr, celles qui sont moins fréquentées que d’autres).  

Pourquoi avoir levé des fonds ?

OS : Cette opération était nécessaire pour plusieurs raisons. Le fait que nos cibles soient des enseignes de la grande distribution, donc des magasins très structurés, implique un long processus avant la vente. Et c’est pendant cette étape que nous avons besoin de financements. D’autre part, ces enseignes sont aussi développés en Europe et ce marché là nécessite des fonds importants.  

En général, pour un premier tour de table, on vous dit d’aller chercher dans vos fonds propres ou auprès de vos proches afin de faire vos preuves. De notre côté, c’était déjà fait puisque nous nous sommes autofinancés à hauteur de 150 000 euros pour développer notre technologie. On a réussi à lever 600 00 euros, mais franchement ce n’était pas gagné d’avance; en France, une société qui démarre et qui ne fait pas de chiffre d’affaires peut généralement espérer lever 100 à 200 000 euros. 

Cette augmentation de capital  va nous permettre de développer nos trois types de métiers : l’aspect pur technique,  le métier du B2B qui consiste à aller démarcher les enseignes mais aussi le B2C afin que nous fassions connaitre l’application au grand public. Notre équipe va passer de 6 à 14 collaborateurs d’ici la fin de l’année.

Comment avez-vous attiré les Business Angels ?

OS : Nous étions dans une position confortable pour cette levée de fonds, parce qu’on a pu choisir nos investisseurs. Même si nous aurions pu aller voir des institutionnels, nous voulions intéresser les entrepreneurs. C’est Justin Ziegler, le fondateur de PriceMinister qui s’est, le premier, intéressé à notre projet. Il a entre autres appelé Jérémie Berrebi qui a adhéré au concept et amené dans le tour de table Jacques-Antoine Granjon, et ainsi de suite… Quand vous avez un premier investisseur avec une personnalité influente, ça aide à en trouver d’autres.

Cette levée de fonds n’est qu’une étape intermédiaire parce que nous comptons bien lancer un deuxième tour de table de plusieurs millions d’ici la fin de l’année. 

Quel est votre souvenir le plus marquant depuis le début de l’aventure ?

OS : Le pire moment, c’est quand on pense avoir une idée géniale et qu’en fait personne n’en veut. Le meilleur moment, c’est quand on finit par se dire que ce n’est pas très bon, et que finalement les autres s’y intéressent. Il faut s’adapter;  un copier-coller d’un modèle américain, cela ne marche pas en France.