Le PMU mise sur la Data et construit sa maturité

L’opérateur de jeux dispose d’un Data Office depuis fin 2022, rattaché à la direction marketing, elle aussi transverse dans l’organisation. Doté d’une nouvelle stack technologique dans le cloud, le PMU engage sa montée en maturité. Feuille de route avec sa CDO, Fiona Ongaro.

Le PMU est un acteur central de la filière hippique en France. Mais c’est aussi une Tech Company, comme elle se revendique. L’IT occupe en effet une place fondamentale dans son activité. Elle lui est notamment indispensable pour traiter plus d’un milliard de transactions par an.

Sans technologie, le PMU ne pourrait pas non plus absorber des pics à 2000 transaction par seconde lors des grands événements sportifs. Le leader européen du Paris hippique administre donc une volumétrie de données considérable, mais qui restait sous-exploitée.

Valoriser un capital stratégique pour l’entreprise

C’est pour y remédier que la nouvelle direction générale a souhaité mettre l’accent sur la valorisation de la donnée. Cette stratégie s’est traduite en novembre 2022 par la création du Data Office. “Sa mission est vraiment de créer de la valeur sur ce capital stratégique pour l’entreprise”, déclare sa Chief Data Officer, Fiona Ongaro.

Mais pas question de tomber dans un travers bien connu consistant à faire de la Data pour la Data. La donnée répond à un seul but : servir le business. En matière d’usage, le PMU ne part pas d’une feuille blanche.

“Les métiers sont très autonomes sur le monitoring et le pilotage au quotidien par la donnée. Néanmoins, on peut aller encore plus loin. Et c’est sur ce besoin que le Data office doit répondre dans un premier temps”, déclare la CDO.

Ce premier chantier passe par la fourniture de nouveaux outils et la rationalisation du parc applicatif existant. Cette étape axée sur le décisionnel moderne est un préalable incontournable avant de développer des usages plus poussés de la Data Science.

“Nous avons quelques initiatives actuelles, mais on sent que la porte s’ouvrira plus facilement quand nous aurons finalisé cette partie décisionnelle. Ensuite, nous pourrons aller vers plus de prédictif et de prescriptif grâce à l’IA.”

Du décisionnel pour préparer la Data Science

Pour préparer ces futures applications, le Data Office a déjà déployé un premier usage au travers de la conception d’un algorithme de détection des risques d’addiction. Un succès permis par la collaboration entre différents métiers, dont le juridique et la relation client.

L’algorithme est en production et exploité par le service client “pour pouvoir adapter son discours lors des échanges” avec les joueurs. Cette première réussite est prise en compte pour définir la bonne méthodologie de développement des projets et formaliser la feuille de route Data pour 2024 et 2025.

“Nous réfléchissons à poursuivre ce genre d’initiative, mais aussi à répondre à des besoins autour du churn, de la fidélisation… Nous allons aussi développer des nouveaux sujets, comme par exemple en matière de maintenance prédictive des bornes”, annonce Fiona Ongaro.

La donnée pourrait aussi à l’avenir servir des besoins des clients finaux. “Nous pensons qu’il est possible de faire de l’innovation dans ce secteur et de créer un produit à disposition de nos clients. Cela fait partie de nos réflexions, mais nous en sommes vraiment aux balbutiements pour l’instant.”

Pour faire émerger de nouveaux projets, le Data Office mène un travail d’acculturation et même de marketing interne auprès des métiers. L’étape fondamentale a été de bâtir une instance transverse dans l’organisation. C’est pour cette raison que la décision a été prise d’un rattachement à la direction du marketing.

“Pour nous, c’était plutôt une évidence parce que le marketing se veut transverse par rapport à tout toute l’entreprise (…) Le marketing héberge aussi le produit, les études et également tout ce qui concerne l’offre de paris”, justifie la CDO.

Du on-premise vers la plateforme Data cloud

Dans le cadre de ses fonctions d’acculturation, la CDO déploie par ailleurs des initiatives de type Data Café pour créer des liens. “Nos data scientists prennent la parole et expliquent un algorithme de manière très simple, très vulgarisée. C’est l’opportunité de démontrer comment leur travail sert le business.”

Pour piloter ses actions, le Data Office réunit “tous les métiers de la data ensemble”, au sein de différents pôles (Data engineering, BI, Data science et prochainement aussi la gouvernance de la donnée). Il gère également une plateforme de données. En matière technologique, le PMU est en pleine transformation.

L’entreprise est engagée dans une migration vers le cloud. Le Data Lake on-premise sur Cloudera migre sur le Cloud d’Amazon. Le Data Office exploitera donc à l’avenir des briques cloud d’AWS. Il s’appuie aussi sur Qlik Sense pour le décisionnel et Dataiku pour la Data Science. Cette migration technologique constitue un des chantiers du PMU en 2023.

La Chief Data Officer a d’autres priorités pour cette année. “La deuxième, c’est de rendre la donnée accessible via l’outil Qlik Sense”. Le PMU veut en étendre l’usage parmi les métiers, grâce notamment à des formations.

“La troisième priorité, c’est d’avoir des initiatives data science à valeur, donc avec un bon sponsor, afin qu’elles puissent être menées à leur terme et ainsi en mesurer l’impact. Et la quatrième, c’est le développement de la culture data”.