Portrait – Michel Racat, le monsieur référencement des e-commerçants

Fondée en 2009 par deux ingénieurs, BeezUp édite une plateforme en SaaS destinée à améliorer la rentabilité du référencement des e-commerçants. A la tête de cette jeune entreprise qui n’a jamais levé de fonds, Michel Racat, 28 ans. Rencontre avec un « geek entrepreneur » qui n’en est pas à son premier coup d’essai.

Michel Racat, cofondateur et CEO de BeezUp. © BeezUp

Michel Racat, cofondateur et CEO de BeezUp. © BeezUp

« Depuis que j’ai 8 ans, je veux être ingénieur. » Vingt ans plus tard, Michel Racat a réalisé son rêve d’enfant mais n’avait pas prévu de fonder BeezUp, une société qui édite un logiciel pour les e-commerçants souhaitant améliorer le référencement de leurs produits. C’est son père, restaurateur depuis 40 ans à Paris, qui lui a transmis l’envie d’entreprendre. Mais son goût pour l’informatique est, quant à lui, venu tout seul. Dans la salle informatique de son lycée parisien Michel commence à « bidouiller », comme lui répètent ses professeurs. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Charles Barat, son associé actuel.

En 2001, ils créent ensemble « Ultimate Pocket », un site spécialisé sur les technologies de la mobilité. « On y passait nos mercredis et nos soirées. Le midi, je mangeais même en cinq minutes pour pouvoir écrire des articles et faire des recherches sur des sites asiatiques ou américains », se souvient le jeune homme. En 2006, le site, qui génère 120 000 visiteurs par mois, est repéré par Microsoft qui lui décerne le titre de « Most valuable student ».

Le référencement, vitrine de l’e-commerce

Michel Racat décroche alors un contrat d’apprentissage chez le géant américain. En parallèle de ses études, il décide avec son associé d’ajouter une boutique en ligne à leur site, sur lequel sont vendus des accessoires pour PDA (Personal Digital Assistant), l’ancêtre du smartphone. Mais durant les premières semaines, aucune vente n’est enregistrée ! Les deux ingénieurs cherchent une explication…qui s’avère plutôt simple. « Mettre un site en ligne c’est comme mettre un commerce dans une cave, si vous ne créez pas de vitrine, personne ne rentrera dans votre boutique », explique le jeune entrepreneur. Et la vitrine d’Internet, c’est le référencement. Les deux étudiants référencent donc leurs produits sur une vingtaine de comparateurs de prix pour se rendre visible. Problème : les ventes ne couvrent même pas les frais avancés aux comparateurs ! Ils mettent alors en place des outils de statistiques pour identifier le taux de clics et le détail des ventes. « Je trouvais que l’idée était très simple mais j’ai découvert que c’était un métier et qu’il existait déjà aux Etats-Unis ». En 2009, alors qu’il est à peine diplômé d’une école d’ingénieur, il cofonde avec Charles Barat, BeezUp. « Pour monter une start-up, il faut éviter de le faire avec la famille ou des amis proches pour que la relation reste étanche. Michel et moi sommes seulement des « amis de projets » », précise le CTO de l’entreprise.

Quand on est ingénieur, créer son entreprise ne s’improvise pas. « Ce n’est évidemment pas inné de parler de vente et de finances. Mais par passion, on se pose des questions et on s’entoure », confie le CEO. Après le lancement de la société, il a fallu trouver des locaux adaptés. Le jeune homme repère la pépinière de la Chambre de Commerce, dépose un dossier et est finalement accepté. Aujourd’hui, à 28 ans, Michel est très fier de ses bureaux lumineux de 350m² dans le Xe arrondissement de Paris.

« Amazon et Cdiscount ne peuvent pas se passer des places de marché »

Avec BeezUp, Michel et Charles entendent simplifier le quotidien des marchands en les référençant sur différents canaux. Pour ce faire, la jeune société récupère les commandes des e-commerçants dans son système. Les marchands peuvent ensuite connecter leur boutique dans l’API de BeezUp pour que leurs commandes remontent. L’éditeur propose un abonnement mensuel en SaaS, entre 45 et 252 euros, en fonction de la volumétrie de trafic.

Aujourd’hui, BeezUp implémente entre 2000 et 2500 boutiques sur plus de 1000 réseaux différents. En trois ans, elle a dépassé la barre symbolique du million d’euros…et sans levée de fonds. « Nous sommes autofinancés. C’est moins de pression et moins de contrainte pour les collaborateurs. Nous avons fait de la croissance grâce à nos clients, c’est un modèle très sain », estime le CEO. Pour garder cette indépendance, Michel Racat réfléchit sans cesse à de nouvelles idées. « Il est très actif voire hyperactif. En plus, c’est quelqu’un qui est sûr de lui et qui a une vision à 360 ° de l’entreprise », décrit Charles. Depuis février 2015, BeezUp a connecté ses e-commerçants à PriceMinister et Rue du Commerce. « Il y a 10 ans, Amazon, Cdiscount et Pixmania étaient des vendeurs autonomes. Aujourd’hui, ils ne peuvent pas se passer des places de marché puisqu’elles prennent les commandes des consommateurs ». Avec ses 25 salariés, BeezUp a maintenant pour ambition de devenir un hub de connexion géant pour l’e-commerce européen.