Chez Renault, la data est au service de la Renaulution

Du volume à la valeur, c’est l’ambition de Renault et de son plan stratégique Renaulution. Dans le cadre de sa transformation, le constructeur axe son développement sur les services, basés notamment sur la valorisation des données.

la data au service de la RenaulutionLe contexte économique est difficile pour les constructeurs automobiles. Les crises se succèdent. Après la pandémie, les industriels affrontent une pénurie de composants et de matières premières.

La réglementation et les attentes des consommateurs leur imposent également de se transformer, et même à changer de modèle pour intégrer les problématiques environnementales. Ce changement porte un nom au sein du groupe Renault : Renaulution, son plan stratégique présenté en 2021.

Des partenariats pour accroître la valeur et créer des services

Cette transformation de l’entreprise repose sur une ambition en particulier : évoluer du volume (de véhicules vendus) à la valeur. Pour réussir cette mutation, le fabricant a défini plusieurs axes stratégiques, dont la maîtrise technologique et le développement de services (de données, de mobilité et d’énergie).

Au niveau des systèmes d’information, les grandes manœuvres ont démarré avant même l’officialisation du plan stratégique. “Depuis quatre ans, nous préparons la plateforme IT à Renaulution”, confiait Pierre Houlès en janvier 2021 à Alliancy.fr.

La préparation passe aussi un par une évolution de la relation client-fournisseur. Le directeur adjoint des Systèmes d’Information (DSI) de Renault Group et directeur général de la filiale Renault Digital lui préfère désormais le terme de “partenariat business”.

En effet, les projets se structurent, et s’étendent au-delà des frontières de l’entreprise française. Les constructeurs s’ouvrent sur leur écosystème, comme Renault avec ses partenaires de la Software République.

“Je dis partenariat business car maintenant nous voulons à chaque fois voir les opportunités de développer des projets en commun. Nous le faisons par exemple sur l’industrie 4.0 ou le véhicule connecté”, déclarait le DSI adjoint. Quelques mois plus tôt, durant l’été 2020, Renault nouait un partenariat de ce type avec le géant du cloud, Google.

Renault lance ID@scale sur la Data avec Atos

Software République en est une autre illustration. En collaboration avec Atos, membre de l’alliance stratégique, le constructeur lançait le mois dernier un produit data. Avec ID@scale,  (Industrial Data @ Scale), les deux partenaires proposent une solution de collecte de données industrielles.

“Cette solution permet de collecter et de structurer les données des équipements industriels à grande échelle afin d’optimiser leur performance opérationnelle et au final, la qualité des produits”, détaillent les entreprises.

Pour concevoir cette offre technologique, Renault s’appuie sur sa propre expérience puisque ID@scale est “déjà déployée au sein de ses usines”. Le constructeur auto incarne sa nouvelle identité, celle d’une “entreprise technologique proposant des véhicules et des services”, comme la décrit Pierre Houlès dans une interview à Google.

La quête en matière de services porte sur plusieurs domaines, et en particulier la mobilité, son cœur de métier. Mais la data, comme ID@scale, occupe aussi une place centrale, pour créer des offres comme pour mener la transformation interne.

Les usages au sein de l’organisation sont multiples : optimisation de la gestion des stocks, réduction des coûts, maintenance prédictive, anticipation des ventes… “Les données sont récoltées, traitées et modélisées de bout en bout et à tous les niveaux de l’entreprise”, indique le DSI adjoint.

La Data traitée à l’échelle de l’écosystème

Cette valorisation permet aussi à Renault de “proposer de nouveaux services”, aux utilisateurs des véhicules, mais aussi à des tiers. Et parmi ces nouveautés, figurent “des cas d’usage monétisables”.

Pierre Houlès cite plusieurs exemples, dont celui de la voiture connectée, qui constitue un moyen de “récupérer des données sur l’état des routes” au bénéfice des collectivités, ainsi que le configurateur en ligne.

L’exploitation des données ne se pense plus uniquement au profit des clients internes. En tant qu’actif stratégique, la donnée s’échange, se croise et s’enrichit. Dans cette perspective, les acteurs de la filière ont lancé un espace de données européen, Catena X (mené au sein de Gaia X).

Catena X constitue aujourd’hui l’espace de données le plus avancé (avec l’agriculture et son AgdataHub) et une référence pour les autres secteurs comme l’aéronautique ou l’énergie. La technologie blockchain représente aussi un moyen pour l’industrie automobile de sécuriser les échanges de données.

En matière de blockchain également, Renault est à l’initiative de projets structurants pour la filière, comme avec XCEED. Celui-ci associe Faurecia, Renault, Knauf Industries, Simoldes, Coşkunöz et IBM. S’il porte à ce stade sur la conformité, d’autres applications figurent d’ores et déjà à la roadmap. La finalité reste la même : l’autolution.