Samuel Rasetti, ambassadeur d’Ulule : « Les plateformes de crowdfunding participent à la diversité culturelle »

Le 9 décembre dernier, Samuel Rasetti a reçu la médaille de Donateur de la Culture par Fleur Pellerin, Ministre de la Culture. Avec 212 projets financés sur la plateforme de crowdfunding Ulule, ce militant de « la culture pour tous » en est aujourd’hui le plus gros investisseur en nombre de contributions. Pour mieux comprendre ses motivations et sa vision du crowdfunding, Samuel Rasetti a accordé un entretien à la rédaction d’Alliancy.

Samuel Rasetti.

Samuel Rasetti a financé 212 projets depuis 2010. © Christian Charousset

Comment avez-vous réagi quand vous avez reçu la médaille de Donateur de la Culture ?

C’est toujours agréable de recevoir un prix ! J’apprécie le fait que l’Etat s’intéresse au rôle des particuliers et pense donc que la culture peut être financée par tout le monde. Quand on parle de mécénat, on pense toujours que c’est réservé aux élites. C’est faux, car même avec des petites sommes il est possible de participer à des projets. La culture est un bien public qui doit être accessible à tous !

Comment sélectionnez-vous les projets que vous financez ?

Quand j’ai découvert la plateforme Ulule en 2010, je m’intéressais davantage aux contreparties plutôt qu’au projet lui-même. Au fil du temps, j’ai privilégié le fond par rapport aux bénéfices à en tirer. Les créations de journaux et magazines m’attirent particulièrement car je trouve que la presse tourne en rond aujourd’hui. Je cherche donc de nouvelles formules comme le magazine Gonzaï, un bimestriel qui sort de l’ordinaire. Je suis aussi un technophile, un geek comme on dit, donc tous les projets liés aux nouvelles technologies m’intéressent. Concernant les sommes que j’investis c’est aléatoire. Cela peut être 10 euros quand je veux juste donner un petit coup de pouce comme 100 euros quand j’ai un vrai coup de cœur. C’est ce qui s’est passé pour 1083, une marque de mode écologique, et pour le Goulash Disco festival, le premier festival à être entièrement financé en crowdfunding.  

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers le crowdfunding comme levier d’investissement ?

Avec le crowdfunding, vous n’êtes pas obligé d’avoir un produit ou un service en tête puisque d’autres en soumettent pour vous. De plus, ce modèle de financement participatif permet de faire émerger des concepts innovants. J’ai peur que dans le système classique certaines idées soient enterrées. Les plateformes de crowdfunding participent à la diversité culturelle en faisant naître de petits projets, certes, mais des projets originaux.

Des dizaines de plateformes de crowdfunding ont vu le jour ces dernières années. Pourquoi avoir choisi Ulule ?

J’ai découvert par hasard cette plateforme sur un tweet. Le site m’a tout de suite plu ! J’ai appris à l’utiliser et je suis rapidement devenu actif. Avec le temps, j’ai été cité en exemple. Aujourd’hui je suis même considéré comme l’ambassadeur d’Ulule. Mais je ne suis pas présent que sur cette plateforme ! Je finance aussi des projets sur Indiegogo et My Major Company. En fait, le crowdfunding est un hobby. Je suis également inscrit sur Babyloan, la plateforme de micro-crédit solidaire en peer-to-peer, une nouvelle façon d’investir dans l’humanitaire.

En quatre ans de contribution, avez-vous identifié des freins sur ces plateformes de crowdfunding ?

La mentalité, propre au crowdfunding, peut facilement freiner certains investisseurs. Le contributeur doit se rendre compte qu’il donne une somme d’argent qu’il ne regrettera pas si jamais ça ne marche pas. Le porteur de projets, quant à lui, doit penser avec les mêmes problématiques que les entrepreneurs s’il veut convaincre les internautes. De plus, parmi tous les appels à financement, il existe malheureusement des projets qui promettent monts et merveilles alors que ce n’est pas vrai. Les investisseurs doivent être d’autant plus vigilants.

Comment voyez-vous l’avenir du crowdfunding ?

Je pense que certaines plateformes vont fusionner et grossir. Peut-être assistera-t-on à la naissance d’une plateforme européenne pour permettre aux investisseurs de toucher d’autres marchés. D’autre part, je pense que les entreprises vont se lancer dans le crowdfunding, notamment via leurs salariés. Certaines font déjà du mécénat donc pourquoi pas du crowdfunding. Dailymotion s’est d’ailleurs associé à Ulule pour proposer une solution de crowdfunding à ses utilisateurs les plus créatifs. On peut même imaginer qu’il existera des systèmes de sponsoring afin de montrer que les entreprises supportent autant de petits que de grands projets.