Télétravail : le nécessaire ajustement

Depuis quelques semaines, on entend un bruit de fond que l’on pourrait résumer en trois mots : « retour au bureau. » En effet, plusieurs études viennent infirmer l’explosion du télétravail et, dans la Tech, certains grands dirigeants battent le rappel. Mais plutôt qu’une inversion de tendance, il s’agit surtout d’une nécessaire phase de régulation.

Télétravail - le nécessaire ajustementEn mai dernier, Apple demandait à ses employés aux Etats-Unis de revenir au bureau. Et déclenchait immédiatement une révolte inédite : « Arrêtez de nous traiter comme des écoliers à qui il faut dire quand être où et quels devoir faire », pouvait-on lire dans la lettre adressée à la direction et signée par plus de 3 000 salariés, menaçant de démissionner.

Il y a quelques jours, c’était Bog Iger chez Disney qui demandait à ses équipes d’abandonner le télétravail du lundi au jeudi : « Je suis convaincu que (ce) sera bénéfique pour la créativité et la culture de l’entreprise, ainsi que pour la carrière de nos employés », affirmait-il.

Tandis que le patron de Salesforce, Marc Benioff, s’interrogeait sur une baisse de la productivité chez les plus jeunes…

Il y a aussi ces patrons de la Tech française qui, sans forcément communiquer sur le sujet, mettent le holà et demandent à leurs équipes de revenir. Ces décisions interviennent à la faveur d’un durcissement du marché : les licenciements massifs de ces derniers mois, chez certains acteurs emblématiques (Salesforce que nous venons d’évoquer, mais aussi Meta, Twitter, Microsoft, Xiaomi, Adobe…), ont modifié le rapport de force. C’est donc le moment pour les dirigeants – peu convaincus par le télétravail – de donner un coup de barre dans l’autre sens.

Il y a dans cette apparente « valse-hésitation », deux types de mouvements : le premier tient du soubresaut, du mouvement de recul inhérent à tout progrès. Deux pas en avant, un pas en arrière… mais globalement on continue d’avancer. Le second est plus réfléchi : il s’agit surtout d’ajuster le tir, de trouver la bonne formule pour une organisation « hybride » la plus efficace possible pour tous. Car le télétravail, solidement enraciné dans nos entreprises durant la crise sanitaire, est devenu un acquis : il n’autorisera guère de retour en arrière, en tous cas pas à la situation telle que nous la connaissions en 2019.

D’autant plus qu’il constitue un atout-maître dans la guerre des talents : les deux tiers de la population active mondiale (64 %) ont déjà recherché un autre emploi ou envisageraient de le faire si leur employeur insistait pour qu’ils retournent sur leur lieu de travail à temps plein (source : ADP People At Work – 2022 – 32 924 actifs interrogés dans 17 pays).

Enfin, parmi les pistes d’amélioration, la façon dont les femmes vivent le télétravail constitue un vrai sujet : un  dossier de Mines Paris Tech vient de paraître, soulignant que cette situation, « si elle leur permet en apparence de mieux concilier leur vie professionnelle et familiale, peut aussi venir fragiliser leur position face au travail et à l’entreprise, et retarder encore la promotion de l’égalité hommes-femmes au travail. Le renforcement des rôles genrés dans le foyer pourrait aussi en découler. »

Quelques études récentes… et tous leurs paradoxes

  • Un tiers des dirigeants français prévoit de créer des nouveaux postes en CDI en 2023, mais 74 % restent inquiets de leur capacité à attirer de nouveaux talents.
    Source : étude Robert Half, janvier 2023 : https://www.roberthalf.fr/publications/ce-que-veulent-les-candidats-enquete-robert-half

  • Parmi les critères professionnels sur lesquels les sondés se disent plus exigeants depuis la crise sanitaire, l’équilibre entre la vie pro et perso arrive en première position devant le salaire (53 %) – hormis chez les 18-34 ans qui citent le salaire en critère n°1.

    Source : étude Robert Half, janvier 2023 : https://www.roberthalf.fr/publications/ce-que-veulent-les-candidats-enquete-robert-half

  • La mise en place de la semaine de 4 jours, au cœur de l’actualité au dernier trimestre 2022, arrive en première position des attentes des salariés français : 43% !

    Source : étude Robert Half, janvier 2023 : https://www.roberthalf.fr/publications/ce-que-veulent-les-candidats-enquete-robert-half

  • Bien que le bureau soit toujours considéré comme le principal lieu de travail pour près de la moitié des entreprises françaises (48,1 %), plus d’un tiers d’entre elles (36,4 %) permettent à leurs collaborateurs de télétravailler jusqu’à trois jours par semaine.

    Source : étude Okta menée auprès de 500 dirigeants européens, dont une centaine en France.

  • En Europe, seule une entreprise sur dix autorise le télétravail sans restriction, mais un quart (25%) a adopté un modèle hybride pour une durée indéterminée. Certains pays sont plus stricts que d’autres : au Royaume-Uni, un quart (25%) des entreprises souhaitent que leurs salariés travaillent en présentiel à plein temps, tandis qu’en Allemagne elles ne sont que 9% (19% pour la France).
  • La majorité des dirigeants européens (63 %) s’accordent à dire que le télétravail apporte une meilleure productivité.

    Source : étude Okta menée auprès de 500 dirigeants européens, dont une centaine en France : https://www.okta.com/fr/resources/hybrid-work-report-2023/

  • Presque deux tiers (59 %) des employeurs français considèrent que leur entreprise se montre davantage innovante lorsque leurs salariés sont sur site, alors que 72 % des employés s’estiment plus épanouis lorsqu’ils bénéficient de la liberté du lieu de travail.

    Source : étude Vanson Bourne x VMWare, janvier 2023

  • Plus de la moitié (51%) des répondants de la région EMEA bénéficiant de politiques favorables au télétravail et à des modèles hybrides évoquent un meilleur état d’esprit, une créativité accrue (56 %), et une collaboration renforcée (55 %) au sein de leurs équipes depuis le début de la pandémie.

    Source : étude Vanson Bourne x VMWare, janvier 2023

  • Au cours des douze prochains mois, 62 % des entreprises françaises ont prévu d’accroître considérablement leurs investissements dans leur culture digitale, et un tiers (32 %) donnent la priorité aux efforts en faveur de l’innovation et de la créativité.

    Source : étude Vanson Bourne x VMWare, janvier 2023

  • Parmi les entreprises françaises ayant augmenté leurs investissements dans l’automatisation, près de la moitié (44 %) d’entre elles le font en vue d’améliorer l’expérience employé et la productivité de leurs équipes.

    Source : étude Vanson Bourne x VMWare, janvier 2023