[VIVATECH2021] Le future of work se pense sous l’angle Tech4good… Vraiment ?

Notre nouveau chroniqueur Alain Garnier, président-fondateur de Jamespot, lance son premier billet d’humeur sur le thème sensible du futur du travail en épinglant l’évènement majeur de la tech française.

Avant-propos du chroniqueur :  Je tiens à assurer qu’aucun anglicisme n’a été maltraité durant la rédaction de ce billet !

Alain-Garnier,-président-fondateur-de-Jamespot

Alain Garnier, président-fondateur de Jamespot

Je ne sais pas pour vous, mais quand quelqu’un me dit droit dans les yeux « tu sais, moi je suis honnête », je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours un moment de flottement avant d’enclencher mon mode « méfiant ». Alors quand sur VivaTech, le rendez-vous mondial de la technologie du futur, on parle de Future of Work sous l’angle du Tech4Good (traduisez : technologie pour le bien du monde), je me mets en double mode « méfiance ».

On peut y lire, sous forme de mise en bouche, que le Future of Work c’est Reskilling and Remote working to recover in the “Next Normal”. Nous voilà avec une belle brochette de buzzword… qui mériterait même la Une de TechTrash (excellente et souvent drôle newsletter sur la Tech que je vous recommande).

On est bien d’accord que le Covid-19 a accéléré de manière spectaculaire le télétravail et dans certains cas le passage en entreprise « remote », c’est-à-dire sans locaux. Mais pourquoi est-ce si désirable de la part des Tycoon de la Tech ? Cela tient en quatre mots : la libération de locaux. Ces insupportables éléments lourds et pesants du réel qu’on doit acheter ou louer, puis gérer, nettoyer, etc.

Bref, tout le contraire de la transformation digitale ! Celle où en un clic on se fait livrer en dix minutes et où on peut voir notre taxi arriver sur une map comme dans un jeu vidéo.

Les futurs business plans… et la disparition des employés.

Mais c’est aussi (et surtout) tout l’enjeu financier qui va avec cette libération. On se déleste des coûts fixes, et de cette surenchère liée aux emplacements hors de prix dans les métropoles hypes de la tech ; la Valley de San Francisco étant sans doute le summum de cette escalade que seules les entreprises hyperfinancées peuvent se payer. 

Donc quand à VivaTech on aborde le Futur du Travail en évoquant « …the accelerating adoption of AI and automation… » c’est bien aussi à la disparition des employés à laquelle on pense et qui se profile et se prépare dans les futurs business plan.

Il est donc normal de rajouter une belle couche de « Tech4Good » pour cacher ce dessein (qui ne saurait se voir).

Le Futur du Travail peut prendre plusieurs formes : celle qui veut votre bonheur à tout prix est teintée de suspicion comme quand quelqu’un vous dit « ah tu sais… moi je fais ça pour ton bien ! ».