Ÿnsect lève 372 millions d’euros pour nourrir la planète d’insectes

Ÿnsect, start-up spécialisée en élevage d’insectes, a annoncé le 6 octobre dernier avoir bouclé un tour de table de 372 millions d’euros pour finaliser la construction d’une grande ferme d’insectes dans le nord de la France, étoffer ses gammes de produits et se développer en Amérique du Nord.

Convoyeur de bacs d'insectes utilisé par Ÿnsect dans ses fermes.

Convoyeur de bacs d’insectes utilisé par Ÿnsect dans ses fermes.

Après une levée annoncée de 125 millions USD et 23 millions de subventions en 2019, Ÿnsect complète son financement de Série C pour atteindre 372 millions USD, portant le montant total de son financement à 425 millions USD. Ce capital va permettre à Ÿnsect de finaliser la construction de la plus grande ferme d’insectes au monde actuellement en cours dans le nord de la France, un projet carbone négatif, et d’étoffer ses gammes de produits tout en se développant en Amérique du Nord.

Ce nouveau financement provient de différents apports : d’Astanor Ventures (investisseur principal de la Série C), d’Upfront Ventures (basé à Los Angeles), de FootPrint Coalition (de la star hollywoodienne Robert Downey Jr.), d’Happiness Capital (investisseur basé à Hong-Kong), de Supernova Invest (premier investisseur sur le marché français des Deeptech) et d’Armat Group (établi au Luxembourg). Le financement est également complété par un consortium bancaire comprenant à la fois la Caisse des dépôts, le Crédit Agricole Brie Picardie et la Caisse d’Epargne Hauts-de-France.

Les apports de capitaux financeront la réalisation de la plus grande ferme d’insectes au monde à Amiens, dont la mise en production est prévue pour début 2022. Ÿnsect vise une production de 100 000 tonnes d’ingrédients par an ainsi que la création de 500 emplois directs et indirects. Après l’Europe et l’Asie, la société poursuit son expansion aux États-Unis, grâce au soutien de ses premiers investisseurs américains, Upfront Ventures et FootPrint Coalition. De nouveaux produits vont également être lancés dans le domaine de l’alimentation des animaux de compagnie (gamme humide).

L’accroissement démographique et l’amélioration du niveau de vie, ont fortement impacté la demande alimentaire mondiale entraînant des besoins en protéines considérables, que ce soit pour la consommation humaine, mais également pour l’alimentation animale (poissons, volailles, bétail). Ainsi, la FAO, considère que la consommation de protéines animales augmentera de 52 % entre 2007 et 2030. Or, cette forte croissance représente un risque élevé pour les écosystèmes mondiaux déjà très fragilisés par l’intensification des besoins en eau et en terres qui génèrent toujours plus d’émissions de gaz à effet de serre.

Afin de répondre à cette problématique, Ÿnsect a créé un procédé breveté de production de scarabées Molitor afin de produire et distribuer une gamme premium de protéines et d’engrais. Ces ingrédients naturels et durables apparaissent comme des solutions alternatives aux fertilisants chimiques ainsi qu’aux protéines animales utilisées en pisciculture, en alimentation des animaux d’élevage et animaux de compagnie.

Ainsi, l’intégration des ingrédients dans l’alimentation animale ou des plantes augmentent de façon très significative les rendements et contribuent à l’amélioration de leur santé. Plusieurs études scientifiques, réalisées par des instituts indépendants, ont démontré les effets bénéfiques des produits Ÿnsect, utilisés en remplacement de protéines animales traditionnelles et d’engrais chimiques : augmentation de 34 % des rendements de la truite arc-en-ciel ; réduction de la mortalité des crevettes de 40 % ; hausse de 25% des rendements de colza ; une baisse de la mortalité de 25% dans les élevages de bars ; diminution des maladies de peau chez les chiens, etc.

En cultivant des scarabées Molitor, Ÿnsect utilise 98% moins de terres qu’une ferme traditionnelle tout en réduisant considérablement son empreinte carbone et écologique : les méthodes de production d’Ÿnsect ne génèrent aucun déchet et est carbone négative. En effet, les analyses menées par le cabinet Quantis mettent en évidence que le projet Ÿnfarm sur l’ensemble de sa chaine de valeur séquestre et évite plus de CO2 qu’il n’en émet.

« Notre objectif est de révolutionner la chaine alimentaire en commençant par son fondement, à savoir les insectes et le sol. C’est l’affaire de tous, carnivores comme végétariens, ce n’est pas une question de régime alimentaire : il s’agit de se poser la question de la façon dont nous nourrissons nos cultures et nos animaux, a déclaré Antoine Hubert, co-fondateur et PDG d’Ÿnsect. Ÿnsect ne se réduit pas à la production d’insectes : le changement climatique et la croissance démographique mondiale nous imposent de produire plus de nourriture avec moins de terres et de ressources et ce, sans déforester, ni vider les océans. Nous sommes convaincus qu’Ÿnsect a un rôle central à jouer dans cette équation. »

Le processus de production d’Ÿnsect repose sur une technologie protégée par près de 30 brevets, soit  40 % du portefeuille total des brevets détenus par les 10 plus grands producteurs d’insectes. À ce jour, Ÿnsect a signé des contrats d’une valeur globale de 105 millions USD avec des clients tels que Torres, Skretting ou
encore Compo Group.

« Skretting est fière d’accompagner le succès d’Ÿnsect qui, nous en sommes convaincus, continuera d’être un acteur essentiel de la chaîne alimentaire mondiale dans les années à venir, a déclaré Jenna Bowyer, Category Manager Novel Ingredients chez Skretting, l’une des principales entreprises globales délivrant des solutions nutritionnelles innovantes et durables au secteur aquacole. Nous travaillons avec Ÿnsect depuis 5 ans, soutenant l’entreprise dans son processus de commercialisation et d’amélioration continue des ingrédients, tout en nous engageant dans un partenariat à long terme. »

« Ynsect propose à ses clients un avantage nutritionnel significatif qui les aide à améliorer leurs rendements, explique Eric Archambeau, co-fondateur et directeur associé d’Astanor Ventures. De plus cette offre unique est combinée à une technologie industrielle évolutive et une chaîne logistique au bilan carbone négatif, ce qui signifie qu’Ynsect est capable de révolutionner un segment entier de l’agro-alimentaire avec des nouvelles technologies innovantes et le fait avec une profonde compréhension des enjeux environnementaux. La thèse fondatrice d’Astanor consiste à soutenir des entreprises avec une ambition globale qui apportent un changement systémique du système agro-alimentaire en utilisant des technologies nouvelles pour protéger et restaurer nos écosystèmes fragilisés. Nous ne pourrions être plus fiers de ce que l’équipe d’Ynsect a déjà accompli jusqu’à présent. »

« Antoine et son équipe s’attaquent à l’un des problèmes mondiaux des plus urgents et des plus importants : mettre en place un approvisionnement alimentaire stable et durable, a déclaré Yves Sisteron, associé gérant chez Upfront et membre du conseil d’administration d’Ÿnsect. Résoudre un problème mondial aussi crucial nécessite une technologie avancée et une vision ambitieuse ; nous sommes ravis d’accompagner cette équipe dans son projet. »

Françoise Lesage, Directrice Financière d’Ÿnsect, précise : « Nous avons scellé un partenariat financier important et innovant avec un pool de banques, dont le Crédit Agricole Brie Picardie et la Caisse d’Epargne Hauts de France comme chefs de file, pour accompagner cette nouvelle phase de développement. La Caisse des dépôts nous a, elle, accompagnés sur le financement de nos projets immobiliers. Leur engagement pour développer les territoires français, associé à une volonté forte de pérenniser l’innovation française, est en parfaite adéquation avec la mission d’Ÿnsect. »

Olivier Camau, Directeur Régional de la Banque des territoires membre du Groupe Caisse des dépôts, a déclaré que « la Banque des Territoires, dont la mission est d’investir avec prudence dans des projets d’intérêt général, est fière de contribuer au projet Ÿnfarm, dans le « Territoire d’industrie » d’Amiens. Ce projet s’inscrit parfaitement dans l’économie de la région : il utilise des matières premières disponibles localement et augmente ainsi les potentiels de développement et d’exportation. Le projet contribue à renforcer non seulement l’image d’Amiens et de sa région, mais aussi l’attractivité et la notoriété du territoire.»

Pour Pascal LEFORT, Directeur du Développement du Pôle Entreprises, Institutionnels, Belgique de la Caisse d’Epargne Hauts de France : « Nous sommes très heureux d’être la banque leader du financement de l’investissement de ce futur fleuron industriel Amiénois. Ÿnsect est un projet d’avenir structurant pour notre territoire, créateur d’emplois et à très forte dimension innovante, technologique, environnementale et sociétale ; autant d’atouts qui correspondent à la vocation et aux valeurs de la Caisse d’Epargne Hauts de France. Au-delà de la structuration et de la participation majeure au financement bancaire, nous avons également souhaité accompagner Ÿnsect en tant qu’actionnaire en intégrant sa levée de fonds via notre véhicule CEHDF Capital. Notre objectif : lui donner les moyens de son développement, en France comme à l’international, sur un marché à très fort potentiel de croissance.»

Pour Christophe Griffart, Directeur du marché des Entreprises et de la Banque d’Affaires du Crédit Agricole Brie Picardie : « Ce projet très novateur a reçu depuis son origine en 2017 l’appui sans faille du Crédit Agricole Brie Picardie qui a suivi et conseillé les dirigeants d’Ynsect dans leurs recherches de financements. »

Des financements en fonds propres et sous forme d’emprunts (ces derniers s’élevant à 139 millions USD) sont également apportés par la Caisse des dépôts, le « bras armé » de l’État français, et par un pool de banques françaises, mené par le Crédit Agricole Brie-Picardie et la Caisse d’Epargne Hauts de France. D’autres banques ont également participé : Arkéa, Crédit Mutuel, BNP Paribas, le Crédit Agricole Franche-Comté et la Caisse d’Epargne Normandie.

Ÿnsect a fait preuve de résilience durant l’épidémie de coronavirus, minimisant les impacts pouvant affecter à la fois la construction de la ferme verticale d’Amiens et la production de son site dans le Jura. En tant qu’entreprise alimentaire, elle est tenue de disposer des équipements de protection réglementaires et d’appliquer à la lettre les normes d’hygiène les plus strictes. « Nous avons montré que nous pouvions encaisser des chocs importants tels que le coronavirus, ce qui constituera dans les décennies à venir un facteur de différenciation important pour les entreprises », a déclaré M. Hubert.