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Alexandre Stourbe (Le Lab RH) : « On se régionalise pour toucher davantage les PME »

Si la HR Tech française se renforce, le marché reste encore à évangéliser. C’est l’objectif que s’est donné depuis trois ans Le Lab RH, en renforçant les liens entre start-up et grands groupes. L’association souhaite prendre encore de l’ampleur avec l’arrivée d’un nouveau président, Yves Grandmontagne. Entretien avec Alexandre Stourbe, son directeur général.

| Cet article fait partie du dossier « Ressources Humaines : les fondamentaux bousculés »

Alexandre Stourbe (Le Lab RH) : « On se régionalise pour toucher davantage les PME »

Alexandre Stourbe, directeur général, Le Lab RH,

Alliancy. Que représente Le Lab RH aujourd’hui ?

Alexandre Stourbe. Le Lab RH a été créé en octobre 2015, par Jérémy Lamri, son ancien président, à qui succède aujourd’hui Yves Grandmontagne (lire encadré). L’association regroupe désormais plus de 600 organisations-membres du secteur au service de l’innovation collaborative. Parmi eux, nous comptons environ 400 start-up et PME innovantes ; une soixantaine d’ETI et grands groupes tels Engie, Société Générale, BNP Paribas, Chanel, Natixis… ; des éditeurs de logiciels SIRH et cabinets de conseil, une douzaine d’écoles et d’universités, des syndicats, et un cercle des innovateurs fort d’une centaine de particuliers, experts et dirigeants. Notre écosystème est représenté par des relais bénévoles également dans plusieurs villes en régions, que sont Lille, Toulouse, Lyon, Marseille, Nantes et Strasbourg [Rennes, Bordeaux et Nice vont suivre, NDLR]. Notre objectif est de toucher davantage les PME*, très nombreuses sur l’ensemble du territoire. Enfin, nous sommes présents jusqu’en Belgique, où nous avons créé Lumoj.

Quels sujets communs préoccupent en priorité ces différents acteurs ?

Alexandre Stourbe. Il y en a beaucoup, mais on peut citer en priorité le recrutement avec la détection des talents ; et la qualité de vie au travail sous toutes ces facettes, que ce soit sur l’aménagement des espaces, le feedback que l’on peut avoir des collaborateurs, comme l’application qui permet de trouver quelqu’un pour aller déjeuner… La formation est aussi un autre sujet fort de réflexion autour du PIC [Plan d’Investissement Compétences à destination des chômeurs, NDLR], pour une plus grande efficience des parcours de formation.

C’est pourquoi nous avons initié courant du 1er semestre 2018 un consortium, appelé France Apprenante, qui va réunir une centaine d’acteurs aussi divers qu’Engie, la Maif, Pôle Emploi, Numa, Schoolab, Ecole 42…, pour redéfinir ensemble ces notions de formation et parcours de compétences afin de déployer à grande échelle des dispositifs innovants en matière d’apprentissage et de lancer plusieurs expérimentations avec de grandes entreprises. Il faut rendre accessible à tous les nouvelles manières d’apprendre car, à l’avenir, il faudra constamment se former…

Quelles autres actions emblématiques pouvez-vous citer ?

Alexandre Stourbe. Cet été, avec le syndicat CFE-CGC, nous avons dévoilé une charte éthique et numérique RH, en cours de relecture à la Cnil. Son objectif est de poser un cadre de bonnes pratiques pour l’utilisation de solutions numériques dans le domaine des ressources humaines, afin que les droits, libertés et sensibilités de chacun des collaborateurs soient respectés.

Au-delà de rappeler le réglementaire, cette charte propose une méthodologie et des bonnes pratiques en matière d’acquisition des données, de traitement algorithmique, de restitution, de structuration et de durée de conservation des données. Il s’agit notamment de s’assurer de l’éthique et de la transparence des algorithmes dans les process RH. Il est essentiel de conserver l’humain au cœur des décisions prises et ne pas laisser les algorithmes décider. D’où cette charte plus formelle pour sensibiliser sur ces sujets majeurs !

Où en est également votre marketplace ?

Alexandre Stourbe. C’est l’un de nos projets pour la fin 2018. Nous allons l’ouvrir aux entreprises pour favoriser l’intelligence collective et fluidifier les échanges entre start-up et grands groupes. Cette logique « open source » est importante puisqu’elle repose sur l’échange et la marchandisation de services en fonction de son implication dans l’association.

Un annuaire de tous les acteurs de l’innovation RH en France est en préparation. Il sera lancé courant octobre avec le lancement de notre nouveau site internet. Une cartographie interactive de toutes les start-up du Lab RH sera également proposée en ligne à nos adhérents pour leur donner plus de visibilité.

On parle beaucoup de l’arrivée massive de l’intelligence artificielle dans votre secteur. Qu’en est-il réellement ? Quelles solutions concrètes voyez-vous se déployer ?

Alexandre Stourbe. C’est encore émergent. Aujourd’hui, on voit surtout l’arrivée de l’algorithme, mais on ne voit pas encore d’algorithmes qui vont apprendre par eux-mêmes. On y va, mais cela en est aux balbutiements… Tout le monde cite toujours le cas de l’assureur Fukoka Mutual Life au Japon, qui a décidé de supprimer 34 postes considérés, comme « redondants » au sein de ses équipes, mais on en est loin. Personne n’a la réponse pour savoir si vraiment l’IA remplacera l’humain… Ce que l’on voit surtout aujourd’hui, c’est l’arrivée des chatbots, même s’il reste encore beaucoup « d’humains » derrière.

Au sein du Lab RH, réfléchissez-vous à créer un incubateur ?

Alexandre Stourbe. Pas du tout ! Et nous n’avons absolument pas la vocation à le faire. D’autres le font très bien. Par contre, l’une des nouveautés de cette rentrée pour nous est le fait que nous allons consacrer des mois entiers à des thématiques. Il y aura le mois du recrutement, celui de la compétitivité, celui de la formation comme en octobre prochain avec la sortie du livre de Jérémy Lamri (lire encadré)… Ainsi, nous approfondirons mieux chaque sujet autour de divers événements pour nos membres. Mais d’autres perspectives suivront certainement avec l’arrivée de notre nouveau président.

* Coût de l’adhésion pour une PME : 5 000 euros. Pour une start-up, cela va de 250 à 2 000 euros. Les grands groupes ont un ticket plus élevé.

 

Yves Grandmontagne, nouveau président du Lab-RH

Le Lab RH sortira un 3ème ouvrage cet automne : « Les compétences du 21ème siècle », co-écrit par Jérémy Lamri et Michel Barabel et Olivier Meier (224 pages, Dunod, octobre 2018). L’idée est de sensibiliser sur les compétences que vont rechercher demain les entreprises. Ce ne sont plus les mêmes qu'autrefois. Il est désormais indispensable de savoir mettre en cause la fiabilité des informations, être créatif, travailler en équipe et communiquer clairement… La valeur ajoutée de l’humain ne sera plus dans l’expertise demain, mais dans ses compétences (non remplaçables par des robots). Une évolution qui va prendre encore quelque temps…

Après Jérémy Lamri, cofondateur du Lab RH en 2015 et PDG de Monkey Tie (leader du recrutement affinitaire et du développement professionnel en ligne), c’est au tour d’Yves Grandmontagne de prendre la présidence de l’association du Lab RH (et également directeur associé de la société de conseil Nextmodernity). Ce dernier, ancien DRH de Microsoft de 2010 à 2015, a été élu pour un mandat d’un an par les membres du nouveau conseil d’administration (lui-même élu en juin 2018 et auquel continuera de participer Jérémy Lamri).

Replacer l’humain au centre des organisations

Le Lab RH sortira un 3ème ouvrage cet automne : « Les compétences du 21ème siècle », co-écrit par Jérémy Lamri et Michel Barabel et Olivier Meier (224 pages, Dunod, octobre 2018). L’idée est de sensibiliser sur les compétences que vont rechercher demain les entreprises. Ce ne sont plus les mêmes qu’autrefois. Il est désormais indispensable de savoir mettre en cause la fiabilité des informations, être créatif, travailler en équipe et communiquer clairement… La valeur ajoutée de l’humain ne sera plus dans l’expertise demain, mais dans ses compétences (non remplaçables par des robots). Une évolution qui va prendre encore quelque temps…