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Ametra connecte ses opérateurs à un système central

Le groupe Ametra, spécialisé dans le développement et l’intégration de systèmes mécaniques, électriques et électroniques, introduit le numérique dans ses processus. Au-delà des nouveaux outils, l’organisation interne a évolué pour donner une plus grande autonomie aux collaborateurs. Reportage sur le site d’Anjou Électronique, à Longué-Jumelles (Maine-et-Loire).

| Cet article fait partie du dossier « Ressources Humaines : les fondamentaux bousculés »

Nathalie Guede, opératrice à Anjou Electronique, et Arnaud Goulet, le directeur général de la PME, observent un gain de temps entre la fiche numérique et les différentes informations  sur papier. ©CGM

Nathalie Guede, opératrice à Anjou Electronique, et Arnaud Goulet, le directeur général de la PME, observent un gain de temps entre la fiche numérique et les différentes informations sur papier. ©CGM

Dans l’atelier de cartes électroniques d’Anjou Électronique, Nathalie Guede consulte sur son écran les plans de fabrication d’un boîtier d’une commande de vol, dont la conception nécessite plus de 7 000 points de raccordement. « La fiche numérique me permet de savoir comment la pièce doit être câblée et de voir si le client a des exigences particulières », confie l’opératrice, qui devait auparavant se renseigner en cherchant ces informations dans différents classeurs qui n’incluaient pas toujours les mises à jour.

Le groupe Ametra, spécialisé dans le développement et l’intégration de systèmes mécaniques, électriques et électroniques pour des clients dans la défense, l’aéronautique ou la santé, mise sur le numérique comme outil d’amélioration de la qualité de vie au travail. Une soixantaine d’écrans ont pour l’heure été installés sur son site à Longué-Jumelles, qui emploient 190 salariés pour la production de commandes de vol ou de système électronique pour les radars des avions Rafales. Cette numérisation vise à réduire le temps du cycle de production, à connecter les opérateurs à un système central entre les dix sites de production et à atteindre le zéro papier. Mais au-delà des outils informatiques, c’est l’organisation des équipes qui a été remodelée.

Le groupe a ainsi adopté le lean management, une méthode de management qui vise l’amélioration des performances par l’excellence opérationnelle. « Cette méthode favorise la remontée d’informations et cela permet aux équipes de travailler de manière plus autonome, certifie Arnaud Goulet, le directeur général d’Anjou Électronique. Chacun reste concentré sur son domaine d’expertise, le chef d’atelier est en liaison permanente avec son équipe sans avoir à demander des comptes sur les tâches effectuées. » Pour Anne-Charlotte Fredenucci, la présidente d’Ametra, donner la possibilité aux collaborateurs de faire des suggestions a engendré une nouvelle culture d’entreprise et l’adoption de processus agiles.

L’imprimante 3D pour faciliter le travail des opérateurs

Dans le bureau d'études, la projection numérique permet aux opérateurs de visualiser les pièces par couleur en fonction de leur taille et leur référence. ©CGM

Dans le bureau d’études, la projection numérique permet aux opérateurs de visualiser les pièces par couleur en fonction de leur taille et leur référence. ©CGM

Les collaborateurs remplissent par eux-mêmes l’état d’avancement d’un ordre de fabrication, qui répertorie désormais sur un même affichage les personnes en charge de son exécution, les références des matériaux et les procédures effectuées. « Cela nous ajoute des manipulations mais cela nous sensibilise sur le projet et on a tout en main pour travailler, entraînant un gain de temps », témoigne Mathieu, opérateur dans l’atelier médical, qui peut voir les ordres de fabrication les plus urgents en fonction d’un code couleur. « Les collaborateurs sont généralement plus efficaces s’ils savent à quelle commande correspond le produit sur lequel ils travaillent », analyse de son côté Olivier Lemaître, VP sales de l’éditeur JDA Software, spécialisé dans l’optimisation de la supply chain.

L’introduction de cette méthode de travail est allée de pair avec un accompagnement des salariés. « Nous avons conclu un partenariat avec Pôle Emploi et une société d’intérim pour des modules de formation de trois mois », explique Arnaud Goulet, présentant avec fierté la nouvelle salle dédiée pouvant accueillir une dizaine de personnes. Le directeur général du site de câblage filaire est persuadé que les formations continues contribuent à limiter le turn-over, il imagine proposer à l’avenir des tutoriels illustrant le bon outillage et les manières de câbler. « La communication et l’appropriation des outils est une clé de réussite dans un projet de transformation digitale », estime Anne-Charlotte Fredenucci. Un avis partagé par JDA Software dans ses observations : « Il faut accompagner les salariés au quotidien pour ne pas aboutir à une baisse des usages. »

Le numérique pour attirer les talents

Les projets numériques font partie intégrante de la stratégie du groupe. « Si l’on ne s’approprie pas le numérique, l’industrie ira à sa perte », assure Anne-Charlotte Fredenucci. Une imprimante 3D a été installée dans l’objectif de créer des supports adaptés aux travaux de raccordements et faciliter le travail des opérateurs. « Nous avons profité de la mise en place des postes numériques pour implanter un écran à l’entrée de la cantine afin de diffuser des messages sur l’entreprise et renforcer l’ambiance familiale », se réjouit Bruno Lailler, responsable informatique.

Ametra - Anne-Charlotte Fredenucci, la présidente d’Ametra, estime que la transformation digitale est une question de survie pour les ETI. ©CGM

Anne-Charlotte Fredenucci, la présidente d’Ametra, estime que la transformation digitale est une question de survie pour les ETI. ©CGM

Par ailleurs, un blog est régulièrement alimenté pour contribuer au recrutement. « Les jeunes aujourd’hui sont présents sur les réseaux sociaux. Si une entreprise n’y publie pas de contenu, elle aura des difficultés à attirer des talents. Nous animons un blog et nous refondrons notre site internet en 2019 car c’est par ce moyen que nous nous adressons à nos futurs collaborateurs, il faut leur prouver l’intérêt de nous rejoindre », soutient avec certitude Anne-Charlotte Fredenucci, qui anticipe des demandes de télétravail dans de futurs modes de fonctionnement. Ametra compte recruter 120 nouveaux salariés d’ici la fin de l’année.

Par ces projets numériques, Ametra entend également répondre aux attentes de ses clients et renforcer son attractivité. « Aujourd’hui les clients ont des exigences en termes de qualité et de délais. Seul le numérique nous permet d’y répondre », observe la présidente. « Le numérique permet d’archiver, de tracer et d’avoir ainsi une visibilité sur le passé. La traçabilité est un élément essentiel dans l’aéronautique », confirme Olivier Lemaître, VP à JDA Software.  Un avantage concurrentiel qui permet au groupe, qui connaît une progression de son activité (CA 2017 : 45 millions d’euros) de s’implanter en Inde, où un site sera ouvert en 2019.