Boavizta aide les entreprises à évaluer l’impact du numérique

Méthodologie de mesure d’impact environnemental du numérique, référentiel de données, API… Le groupe de travail inter-entreprises s’organise face à l’immaturité des outils et méthodes disponibles sur le marché.

Boavizta aide les entreprises à évaluer l’impact du numériqueLaurent Eskenazi et Eric Fourboul se sont connus en 2019 dans le cadre de deux associations : la Fresque du Climat et The Shift Project. « À ce moment-là, nous nous sommes pris une claque environnementale et nous avons eu envie de nous engager. Comme nous venions du monde du numérique, nous nous sommes dits assez naturellement que c’était l’angle sur lequel nous devions travailler », déclare Eric Fourboul, cofondateur de Boavizta (avec Laurent Eskenazi, Romain Lorenzini, Sébastien Solère et Benoit Petit).

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Boavizta se définit comme un groupe de travail inter-organisations ayant pour vocation d’aider les entreprises dans leurs projets d’évaluation des impacts environnementaux de l’ensemble des composantes numériques. Boavizta compte aujourd’hui environ 200 membres, qui peuvent adhérer à titre individuel ou au titre de leur organisation.

« La raison d’être de Boavizta est de pallier le manque de méthodologie, de données, de facteurs d’impact et d’outils auquel les sociétés sont actuellement confrontées. Notre objectif est double : créer de la connaissance et la rendre déployable dans les entreprises », note Éric Fourboul.

Et Laurent Eskenazi, cofondateur de Boavizta, d’ajouter : « Tous les secteurs d’activité sont représentés, ainsi que toutes les tailles d’entreprises, de la TPE/PME au groupe du CAC 40. Les compétences sont elles aussi très variées, depuis l’analyse du cycle de vie jusqu’au cloud, en passant par la gestion de projet et la recherche universitaire ».

Une méthodologie orientée ACV

Pour accompagner les entreprises dans leurs projets de mesure d’impact environnemental du numérique, Boavizta a co-construit une méthodologie couvrant un périmètre orienté « infrastructure » (datacenters, réseau, cloud…). Cette méthodologie s’appuie sur un inventaire des équipements et sur un référentiel d’impact. Multicritère (CO2, eau, biodiversité, ressources naturelles…), elle intègre le cycle de vie complet des équipements : construction, usage, fin de vie.

« En termes de comptabilité environnementale, il existe une méthode ISO – l’analyse du cycle de vie (ACV) – relativement mature dans la plupart des secteurs d’activité. Mais elle est d’une immaturité assez impressionnante dans le numérique », commente Éric Fourboul.

Leur référentiel de données challenge les constructeurs IT

Boavizta a également conçu un référentiel de données. Au-delà des impacts liés à la consommation d’électricité des équipements permettant de délivrer des services numériques, il est en effet important, pour mesurer avec justesse, de connaitre les impacts de la fabrication, du transport et de la fin de vie de tous ces équipements. D’autant plus que pour certains d’entre eux, comme les terminaux et les écrans, ces phases du cycle de vie ont un impact bien plus important que celui lié à leur consommation électrique.

« Pour construire ce référentiel, nous avons collecté l’ensemble des facteurs d’impact fournis par les constructeurs IT. Cela nous donne un ordre de grandeur et permet d’effectuer des comparaisons. Par la suite, nous nous sommes rendu compte que ces données étaient peu fiables. En collectant des données de plus bas niveau, à partir des composants électroniques, nous avons recalculé les impacts de ces matériels et avons constaté des écarts importants, qui peuvent aller du simple au double », détaille Éric Fourboul.

Enfin, pour rendre actionnables la méthodologie et le référentiel de données, Boavizta a créé des API. Elles permettent d’intégrer la démarche dans les outils d’aide à la décision dont disposent les entreprises.