Didier Bonnet (Alten) : « Les technologies permettent de répondre aux besoins du client final »

Didier Bonnet, Directeur du Pôle IT & Telecom chez Alten, parmi les leaders européens de l’ingénierie et du conseil en technologies, revient pour Alliancy sur la façon dont les entreprises prennent le virage du numérique et ce que cela implique comme transformation pour eux en interne.

Didier Bonnet, Executive Director, ICT & Services chez Alten

Directeur du Pôle IT & Telecom chez Alten

Alliancy. Où en est le numérique chez vos clients aujourd’hui ?

Didier Bonnet. Nos clients, quel que soit le secteur, avancent tous sur le sujet du digital, autour de trois problématiques fortes. D’abord la relation client (internet, les portails accessibles via tous les supports, vente, conseil..). Désormais, tous disposent d’interfaces, même si sur le parcours complet du client, il reste encore du chemin à parcourir… Vient ensuite la transformation de l’entreprise sur ses process. Pour la partie tertiaire (espaces de travail…), des outils de digital workplace sont déployés ou en cours… On voit de nombreux projets de dématérialisation des workflows autour du RPA* également dans l’automobile ou la banque… Comment, à partir de méthodes statistiques avancées, peut-on travailler sur la documentation, le traitement fournisseurs, l’administration des ventes… De très gros back offices existent encore et consomment beaucoup de main d’œuvre. Il faut donc adapter l’infrastructure à la transformation et se déployer dans un même environnement. C’est un des principaux sujets en ce moment dans les entreprises où l’on voit de lourdes migrations de gros systèmes qui passent dans le cloud, que ce soit dans les secteurs du retail et de la banque.

Qu’en est-il du secteur industriel ?

Didier Bonnet. Autour des chaines de production, c’est la même chose. Il devient crucial aujourd’hui de mettre en place du logiciel à chaque étape de production, afin de pouvoir tout paramétrer… Aussi, une fois que cette digitalisation sera faite, on peut imaginer un lien direct entre les interfaces client et le manufacturing… Cette intégration n’est pas encore réalisée, mais elle avance rapidement pour aller de plus en plus vers de la personnalisation de l’offre. Concernant la 3ème étape, qui est le digital dans le produit, soit le monde de l’IOT, ceci nécessitera des infrastructures encore plus flexibles au niveau des plateformes, de l’hébergement. On verra aussi apparaitre de l’IA sur le langage et on peut imaginer demain de la commande vocale partout.

Courant 2018, Alten aura recruté 3 800 collaborateurs dans toute la France (12 implantations), dont 3 500 postes d’ingénieurs, 250 de business managers et 50 cadres fonctions support.

 Dans quels secteurs plus particulièrement ?

Didier Bonnet. On le voit dans l’aéronautique, l’automobile intelligente… Ce sont des projets essentiels qui rassemblent toutes les problématiques de l’IOT à grande échelle, que sont les logiciels embarqués, les capteurs, les données et leur analyse, l’IA, la connectivité, l’entertainment, les réseaux télécoms, le cloud, la cyber-sécurité. On voit là la convergence majeure des deux mondes (OT et IT), avec l’IT qui rentre dans le produit !

Pour répondre à ces besoins, disposez-vous du coup de toutes ces compétences (IT, télécoms, OT, cyber…) en interne ?

Didier Bonnet. C’est tout notre enjeu principal du fait que le digital devient prépondérant partout. Comment à partir des technologies peut-on répondre aux besoins du client final d’aujourd’hui… Certains groupes ont raté des virages car la technologie n’était pas leur cœur de métier. Les décideurs reconstituent le capital technique dans l’entreprise, que ce soit dans le retail, l’automobile ou la banque… Nous sommes donc sur un marché très dynamique. De notre côté, nous avons créé récemment une branche Alten Cybersecurity avec une centaine de personnes, basées en Ile-de-France, qui interviennent uniquement en transverse. Mais cette promesse n’est pas simple à tenir, nous avons besoin d’embaucher des ingénieurs de très bon niveau et d’avoir un contact permanent avec les écoles. Heureusement, nous sommes bien placés en France, où l’on dispose de compétences scientifiques et de très bonnes écoles d’ingénieurs. Notre écosystème est riche, y compris au niveau des sociétés de conseil.

Alors, quelle est la solution ?

Didier Bonnet. Il faut être agile pour délivrer le plus vite possible pour nos clients. Le différenciant se fait sur la capacité à avoir les bonnes compétences les mieux adaptées au marché. Et, au-delà, nous devons intégrer les changements méthodologiques chez nos collaborateurs, au détriment du cycle en V. On voit aujourd’hui que l’IT et le métier sont de plus en plus intégrés. Nos interlocuteurs métiers dans l’entreprise changent, on parle avec le marketing, les ventes, l’IT…

Comment les entreprises intègrent-elles leurs projets numériques aujourd’hui ?

Didier Bonnet. Cela bouge aussi. Elles souhaitent optimiser leurs activités traditionnelles afin de dégager des fonds pour le digital. Elles revoient leur stratégie de sous-traitance par exemple… Nous travaillons à cette optimisation avec nos clients sur certaines activités de legacy qui ne sont plus différenciantes. D’où nos implantations récentes au Maroc, en Europe de l’Est, en Inde pour mieux les accompagner.

 Qu’est-ce qui a changé récemment en termes de recrutement ?

Didier Bonnet. Clairement, la vitesse de recrutement. Il faut être rapide et efficace. On recrute aujourd’hui dans un délai qui va de deux semaines à trois mois maximum. Nous sommes dans le monde du management minute. C’est pourquoi nous sommes très présents auprès des écoles, que nous accueillons de nombreux stagiaires… Partout où nous sommes implantés, nous regardons aussi le recrutement local. Il faut des équipes variées, qui disposent de compétences mixtes, intégrant les soft skills telle la capacité à travailler en équipe… On revient aujourd’hui à l’essence même de ce qu’est un ingénieur, c’est-à-dire créatif, agile et technicien.

* Automatisation robotique des processus

Quelques donnés clés

  • 30 000 salariés, dont 1/3 en France, 1/3 en Europe et 1/3 dans le reste du monde
  • 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017
  • Présent dans une vingtaine de pays (dont le Mexique et le Japon récemment)
  • Intervient dans tous les secteurs (automobile, aéronautique, spatial, défense, énergie, bancassurance, télécoms…) sur l’aspect technologique et les services (relation client et digitalisation de l’entreprise, digital workplace).

 

Les fonctions liées au conseil et à la R&D attirent les jeunes diplômés

Les fonctions liées au conseil et à la R&D attirent les jeunes diplômés L’enquête Premier emploi Edition 2018 réalisée auprès de la promotion 2017 de l’ESILV (Ecole Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci), une école d’ingénieurs généraliste au cœur des technologies du numérique, indique que le salaire moyen annuel brut se stabilise à 43 800 euros (identique en 2017 v/s 42 800 € en 2016).

Ce sont en majorité les fonctions liées au Conseil, aux Etudes et à la R&D (38 % v/s 24 % en 2017), suivies de la Gestion/Finance (18 % – 16 % en 2017) qui attirent les jeunes diplômés. Les deux secteurs d’activité phares restent l’informatique, Big Data & Objets connectés et l’Ingénierie financière, cette dernière (31 %) reprenant la première place juste devant l’informatique (28 %).