Retour sur le dîner de la rédaction : les DSI à l’ère du multi-cloud, comment maîtriser la complexité (et les coûts) ?

10/12 - Dîner « Les DSI à l’ère du multi-cloud : comment maitriser la complexité (et les coûts) ?»

Le Cloud est devenu en quelques années un accélérateur majeur de la transformation des entreprises. Face aux enjeux d’une transformation numérique toujours plus rapide de leurs activités, Il a permis de « libérer » certaines approches IT, les rendant plus adaptables et plus agiles.
Cependant le « paiement à l’usage », clé de voûte des séduisants modèles de cloud public, est en soi un changement de culture pour la DSI. Les mises en garde ont donc été nombreuses : gérer opérationnellement et financièrement le cloud est un enjeu à part entière… dans cette «nouvelle ère » où les systèmes d’information sont devenus non seulement hybrides, mais reposent dorénavant sur du multi-cloud. De nombreuses DSI ont donc pris les choses en main, afin d’acquérir une maîtrise adéquate des coûts de ce SI métamorphosé, liée à une compréhension claire des usages et besoins. De nouvelles compétences apparaissent dans les organisations et c’est la philosophie globale de la DSI qui doit achever son évolution après des années de remise en question.
Qu’est-ce qui permet de profiter pleinement de ces nouvelles approches Cloud ? Quelles pratiques « multi-cloud » ont vraiment fait leur preuves ces derniers mois ? Et où se trouvent les compétences qui vont réellement permettre de tirer son épingle du jeu ? Leurs réactions sont à découvrir dans ce diaporama.

Photos : Guillaume Ombreux

Sylvain Fievet, Directeur de Publication d'Alliancy, a ouvert le débat en rappelant qu'à la création d'Alliancy, voilà 6 ans, le cloud avait été le tout premier grand dossier du magazine. "Nous épinglions déjà la complexité des choix auxquels étaient confrontées les entreprises, au-delà des promesses séduisantes du modèle. En 6 ans, la maturité des organisations a profondément évolué, mais la complexité persiste.". Dorian Marcellin, journaliste, a précisé : "Ce sont aujourd'hui de nouvelles questions qui se posent, notamment autour des compétences clés qui vont permettre de vraiment s'emparer de la flexibilité du cloud. Aucun DSI ne pense aujourd'hui que ces gains s'obtiendront sans un engagement et une réelle préparation de leur part".

Stéphane Rousseau - Directeur des systèmes d’information - Eiffage

« Il faut être réaliste, si on nous vend de plus en plus de cloud, c’est aussi que du point de vue du prestataire, l’équation économique est très intéressante. Une grande vigilance s’impose donc : le DSI ne doit pas céder aux sirènes de la mode et chaque transformation doit être bien calculée. Cela dit, mécaniquement, toutes les entreprises se retrouvent aujourd’hui en multicloud. Soyons humbles, nous avons tous encore besoin d’apprendre, car on sait que les enjeux financiers vont aller croissants. Déjà sur un seul cloud, ces enjeux sont complexes, car les structures de coûts en elles-mêmes sont difficiles à appréhender. Cette complexité augmente exponentiellement avec le nombre de cloud. Il y a donc un besoin impérieux de développer de nouvelles fonctions au niveau de la DSI qui seront à la croisée des chemins entre l’IT et le contrôle de gestion. »

> Lire aussi l'interview : Stéphane Rousseau (Eiffage) : « Les DSI développent de nouvelles fonctions pour tirer le meilleur parti du multi-cloud »

Thierry Adenis - Directeur des Systèmes d’Information

« Une acculturation du Comex reste à faire sur ces enjeux, car il ne voit souvent pas la différence entre un usage unitaire d'un cloud public et repenser complètement ou partiellement son système d’information en le basant sur le cloud. Or, il faut faire comprendre que le DSI ne peut pas porter seul cette responsabilité car cette transformation va autant être culturelle que technique pour l'entreprise, tant sur les collaborateurs de la DSI que pour les directions Métier. Quand on s’inquiète de la maîtrise des coûts du cloud et du multi-cloud, on se rend compte que l’on n’a souvent jamais fait le nécessaire pour engager les acteurs opérationnels et techniques de la DSI sur ces questions. Ne partons pas du principe qu’ils sont hostiles à toute réflexion financière, bien au contraire ! »

Christophe Boulaire - Directeur des Systèmes d’information - Sagemcom

« En tant qu’acteur industriel, engagé dans la fabrication de produits comme les compteurs Linky et d’autres innovations IoT, notre activité est soumise à de multiples contraintes. Mon enjeu quand je regarde le cloud, est de trouver le bon équilibre entre des sujets de sécurité extrêmement importants, un besoin d’agilité réel dans mon organisation, et une préoccupation forte sur la maîtrise des coûts que ces changements de fonctionnement peuvent induire, parfois de façon opaque. Le premier gestionnaire financier de l’IT, c’est bien le DSI, qui doit faire en sorte que – cloud ou non – tout projet soit rentable. La priorité est aujourd’hui de diffuser cet état d’esprit partout dans les équipes, y compris du côté des métiers, de l’innovation, de la R&D, pour que l’on puisse profiter réellement des intérêts du cloud qui sont d’abord pour moi autour de l’agilité.»

Eric Bercovici – Deputy CTO – AXA IM

« Les difficultés pour maîtriser la complexité et les coûts ne sont pas seulement liés au multi-cloud, il y a déjà beaucoup à faire sur un seul cloud ! Chez AXA Investment Managers, nous venons de construire les fondations qui vont nous permettre de structurer notre migration vers le cloud. Avant de nous engager ainsi, nous allons très clairement mettre en place de nouveaux mécanismes de contrôle des coûts, afin d’en garder la maîtrise. Nous avons notamment mis en place une véritable pratique de transparence entre les coûts comparés du cloud et du on-premise, afin de regarder pragmatiquement les implications de chacun de nos choix et les faire comprendre, dans une volonté de cloud hybride. Cela reste à 100% compatibles avec notre adoption des démarches agiles et DevOps à tous les niveaux.»

Daniel Keller - Directeur de la transformation - Humanis

« Nous sommes dans un contexte de fusion avec Malakoff-Médéric et cette concentration dans notre activité sert de révélateur sur de nombreuses problématiques pour le système d’information. A la création d’Humanis en 2013, nous avions réussi à faire cette synthèse lors du rapprochement de multiples SI d’acteurs de la protection sociale. En 2019, c’est une nouvelle aventure qui commence, avec une nécessité absolue à trouver les bons leviers non seulement de performance mais aussi d’économies. Nous avons donc une très grande vigilance sur la façon dont nous abordons le sujet cloud, mais il est clair que nous activerons ce levier alors que notre DSI doit faire évoluer massivement ses métiers et accompagner la structuration de stratégies data cohérentes et créatrices de valeur, au sein des autres métiers de l’entreprise.»

Didier Pawlak - Directeur des Systèmes d’Information - Penelope

« Notre DSI a déjà basculé beaucoup de ses assets dans le cloud, y compris du legacy qui est souvent une source de préoccupation en matière de complexité du SI mais aussi de maîtrise des coûts lors de la « cloudification ». Pour résumer, c’est clairement cette stratégie qui nous a permis de redevenir acteur de la transformation des services de l’entreprise, plutôt que de coincer la DSI dans un simple rôle de gestionnaire du quotidien. Nous ne sommes cependant pas assez nombreux pour dédier complètement des compétences à la gestion financière du cloud ; à la DSI chacun doit donc se mobiliser sur le sujet. »

Olivier Lafosse - Directeur des Systèmes d’Information- Département du Val d’Oise

"En quelques années, la DSI du département du Val d’Oise s’est fortement transformée. Notre approche budgétaire peut surprendre certains acteurs car nous avons en 2 ans inversé le ratio entre nos coûts de fonctionnement et nos investissements. Ces derniers représentent aujourd’hui 54% du budget de la DSI, contre seulement 18% en 2016. Nous sommes aujourd’hui tous contraints à l’innovation, à nous réinventer, je pense qu’il faut être prêt à nous remettre en question. Que ce soit sur des sujets « opex » vs « capex » ou centre de coût vs centre de valeur et d’innovation, il nous faut éviter tout dogmatisme et être proactifs. Nous engageons en 2019 une stratégie de transformation vers le multicloud et l’hybridation de notre SI pour faire face à la transformation des solutions de nos éditeurs qui basculent sur un modèle de service (SAAS). Après l’adoption l’année dernière de Microsoft365 pour notre bureautique et la gestion de nos devices, le pragmatisme prévaut et nous devons développer une maîtrise dans les clouds pour accompagner la mutation vers un service public agile et innovant."

> Lire aussi l'article : Le Val d’Oise assume sa stratégie d’investissement, jusque dans la transformation de sa DSI

 

Catherine Croizier de Lacvivier - Directrice de la Transformation Digitale et des Systèmes d'Information Branche Agricole - Agrial

« Notre informatique couvre un spectre très large, avec des éléments extrêmement anciens qui cohabitent avec une infrastructure moderne permettant de soutenir un datalake alimenté par des données IoT et satellites. Nous cherchons à passer le maximum du système d’information sur le cloud Azur, mais les enjeux budgétaires ne sont pas neutres, nous devrons procéder par étapes. Surtout, je pense que le principal défi à relever pour une DSI est celui relatif à la culture des équipes et à une toute nouvelle urbanisation du système d’information. En termes de maîtrise du cloud, ma priorité est de faire monter en compétence des Service Level Agreement Managers, qui vont être capables d’intégrer finement la gestion de prestataires cloud multiples à l’avenir.»

Hervé Dumas - Group CTO - Veolia

« Avec l’ensemble des capacités cloud (SaaS, PaaS, IaaS) l’informatique d’entreprise peut réellement entrer dans une logique industrielle qui permet de tirer le meilleur levier possible des technologies d’aujourd’hui en étant plus rapide, plus flexible, plus fiable, plus sécurisé et plus respectueux de l’environnement.
Une dynamique vertueuse d'exécution et d’innovation se met en place, l’entreprise accompagne l’évolution des compétences et les équipes consacrent un temps plus efficace pour adresser les dettes technique et numérique présentes dans la plupart des organisations.»

Christophe Huerre - Directeur des Systèmes d'Information – Thales Group

« Depuis un an, ma mission est de transformer l’IT d’un groupe complexe, dont la moitié de l’activité est liée au domaine défense. De ce fait une extrême prudence est de mise quant à certains usages du cloud. En Parallèle, l’usage du cloud pour l’activité « civile », sur des Technologie AWS ou Microsoft, implique une dualité d’infrastructure et une ségrégation des usages générant un surcroit de complexité. A l’échelle d’un groupe comme Thalès, le coût du cloud n’est pas neutre mais présente un levier supplémentaire de flexibilité et d’optimisation des coûts. Cependant, les organisations IT manquent souvent de « culture financière » qui doit être un facteur clé de succès pour l’exécution de la vision technologique. C’est bien la responsabilité du DSI de montrer l’exemple et de s’emparer de cette casquette financière. Pour optimiser à l’ère du cloud, c’est tout simplement obligatoire.»

Aymeric Lacroix – Directeur des Systèmes d’information - Adenes

« Depuis plusieurs années, nous avons opéré un passage au SaaS important comme toute activité, mais nous avons également un très important patrimoine « d’applications internes », qui nous fait nous poser beaucoup de questions dans le cadre d’une généralisation du cloud au sein du système d’information. Nous avons une forte préoccupation sur la question des coûts qui va être lié à cette transformation. Dans l’idéal, il faudrait que nous nous renforcions en termes d’architectes SI, de SLA managers, d’acheteurs, pour mettre en place une culture qui permette de repenser notre système d’information tout en maitrisant mieux les enjeux financiers de cette transformation. Il faudra procéder par étape et en 2019, nous allons déjà devoir renouveler notre legacy en observant de très près où sont les vrais gains dans le cloud.»

Thierry Saive - Group IT Operation Services Director - Europcar

« Europcar n’est plus un loueur de voiture, depuis 3 ans, nous agissons pour devenir l’entreprise leader en termes de mobilité quel que soit le mode de transport retenu par l’usager. Cette transformation nécessite une très grande maîtrise sur notre système d’information. Le cloud n’est pas rédhibitoire dans cette optique, à condition cependant de s’y préparer très sérieusement. Cela passe par de nombreux axes, dont une capacité à être agile et à pratiquer du « stop and go » efficient sur les services consommés, mais aussi de faire évoluer fortement le rôle du gestionnaire des assets informatiques. Celui-ci doit devenir capable de gérer des assets financiers, de façon beaucoup plus fluide, en écho avec la nature du cloud – ce que certains appelle une démarche FinOps. »

Bernard Schmitt, président de Lucernys

Bernard Schmitt, président de Lucernys, à l’initiative avec Alliancy de ce dîner-débat a pris soin de résumer les échanges : « Nous avons vu pendant longtemps la DSI présentée comme un centre de coût, mais beaucoup de DSI sont capables aujourd’hui de recentrer le débat sur la création de valeur. Toutefois, quand on veut utiliser la force du cloud pour concrétiser cette promesse, il faut être capable de le maîtriser à la seconde près et cela ne s’improvise pas. Ceux à la DSI qui sont le plus à même de le faire sont effectivement les opérationnels, passionnés par ces technologies. Cependant, inclure le volet financier – sous la forme d’une démarche FinOps – à leur niveau, est une transformation énorme, à anticiper ».

Lire aussi l'interview : Bernard Schmitt (Lucernys) « Sans FinOps, les caractéristiques séduisantes du cloud peuvent en faire un enfer économique »

Christophe Dorin, directeur commercial et marketing de Lucernys

« Nous avons la chance d’être sur des métiers de rupture, qui participent pleinement à la transformation des DSI aujourd’hui et qui permet par là-même de redéfinir en profondeur le rôle et le leadership que peut assumer un DSI alors que tout son entreprise se remet en question autour des opportunités numériques » a également noté Christophe Dorin, directeur commercial et marketing de Lucernys.

 

Nous remercions pour leur présence à ce dîner :

-Stéphane Rousseau, Directeur des Systèmes d'Information Eiffage
-Eric Bercovici, CTO - Head of Infrastructure & Business Applications Services Axa investment Managers
-Christophe Boulaire, DSI Sagemcom
-Catherine Croiziers de Lacvivier, Directrice de la Transformation Digitale et des Systèmes d'Information Branche Agricole AGRIAL
-Hervé Dumas, Group CTO Veolia
-Christophe Huerre, Directeur des Systèmes d'Information Thales
-Daniel Keller, Directeur de la transformation Groupe Humanis
-Aymeric Lacroix, DSI Adenes
-Olivier Lafosse, Directeur des Systèmes d’Information Département du Val d'Oise
-Didier Pawlak, DSI Penelope
-Thierry Adenis, DSI de transition
-Thierry Saive, Group IT Operation Services Director Europcar France

Un dîner de la rédaction organisé avec le soutien de Lucernys.

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Lucernys accompagne ses clients dans leur métamorphose digitale, de façon globale et de bout en bout. Notre offre est organisée autour de 5 pôles principaux : FinOps, Agilisation des organisations, Transformation des infrastructures, Big data et IoT, Sourcing IT.

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Retour sur le dîner de la rédaction du 10 décembre 2018 : Les DSI à l’ère du multi-Cloud : comment maîtriser la complexité (et les coûts) ?

Un dîner organisé en partenariat avec Lucernys.

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