[Edito] La tyrannie du court terme

La tyrannie du court terme

Mardi dernier, Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, a rappelé l’urgence provoquée par la crise énergétique pour notre économie. Il a estimé qu’« un peu plus de 300 entreprises » alertent actuellement le gouvernement sur le risque d’être condamnées d’ici la fin de l’année en raison de la croissance vertigineuse du coût de l’énergie. A date, le prix du mégawattheure est environ 12 fois plus élevé que l’an dernier. De fait, les entreprises n’ont que quelques semaines pour s’adapter et trouver les moyens pour devenir plus sobres : ce sera justement le sujet de notre dîner-débat du 19 octobre prochain.

A souligner que les solutions pour passer l’hiver ne peuvent pas être des pis-aller : le choc ne doit pas amoindrir la volonté d’une adaptation plus profonde, pour l’avenir. En la matière, l’argumentaire tenu récemment par Augustin de Romanet, PDG du groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) met l’accent sur cette autre « urgence », celle de voir beaucoup plus loin… « Sur le long terme, c’est le transport aérien qui sera le moins émetteur de CO² » (du fait de ses moindres besoins en infrastructures, NDLR), rappelle-t-il, mais en attendant « avant que nous ayons – ce qui sera le cas dans trente ans – des avions propulsés soit à l’électricité, soit à l’hydrogène, soit avec des carburants durables faits à partir d’électricité verte », il encourage plutôt à la responsabilité et à la modération dans l’usage de l’avion. C’est sans doute une première pour un dirigeant du secteur, signe, aussi, d’une prise de conscience à l’échelle de toute une industrie. Pour toutes les entreprises, la difficulté réside bien là : comment assumer de parler à horizon 30 ans face à la tyrannie du court terme ?

Cet édito est issu de notre newsletter de la semaine du 19 au 23 septembre 2022.
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