[Tribune] Gestion de l’infrastructure legacy et dépassement de budget : optimiser son réseau pour mieux maîtriser ses coûts

Emmanuel Sevray, Directeur du développement chez Megaport France et Europe du Sud, revient sur l’optimisation des coûts d’infra cloud et de gestion du legacy. Les budgets IT ont encore été en croissance en 2022. La tendance s’explique sûrement par les dépassements de budget cloud constatés ces dernières années (23 % en moyenne, selon une étude de Flexera*).

Emmanuel Sevray, Directeur du développement chez Megaport France et Europe du Sud

Emmanuel Sevray, Directeur du développement chez Megaport France et Europe du Sud

Compte tenu de l’inflation grandissante, de la récession attendue et de l’augmentation des prix de l’énergie, les entreprises ne peuvent pas se permettre de mauvaises surprises à la réception des factures. Ainsi, voici quelques pistes pour mieux maîtriser ses coûts lorsqu’il faut conjuguer infrastructure legacy et modernisation du réseau avec le cloud.

Le coût des différentes connectivités : on premise vs cloud public

Gérer l’infrastructure on premise est onéreux. Nul besoin de détailler pourquoi, les DSI connaissent le sujet. D’autant plus qu’avec la pénurie mondiale de puces, il est actuellement plus compliqué de se procurer du hardware. Dans la majorité des cas une gestion bien menée des ressources IT dans le cloud public représente des coûts plus bas qu’utiliser des infrastructures on premise ; pourtant, certaines entreprises ayant une approche hybride cloud privé / cloud public se posent la question de faire machine arrière et de récupérer leurs données. Des frais de sorties (egress fees) pourront alors s’appliquer et dépendront non seulement du volume de données mais aussi du type d’accès utilisé. En moyenne, depuis un cloud public via l’Internet, les frais de sorties des données s’élèvent à 8 cents le gigaoctet, donc pour déplacer 25 téraoctets de données vers son infrastructure on premise il faudra débourser 2 000 euros.

En revanche, procéder à la même opération via un réseau partenaire privé permet d’économiser jusqu’à 66 % de cette dépense ; voire ne coûter que le prix fixe d’utilisation du réseau, que le client extrait un grand volume de données ou pas. Au-delà de ce cas particulier, la question du type d’interconnexion au cloud est un facteur clé dans la réduction des coûts. Et c’est l’un des gros avantages de la virtualisation du réseau par rapport à la gestion d’un réseau physique car les aspects réseaux ne sont pas à négliger.

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Infrastructure Legacy et cloud : optimiser les coûts avec le NaaS

L’optimisation des coûts passent immanquablement par certains arbitrages en matière de modernisation du système d’information, ou de l’entretien du legacy. Si les choix se font en fonction des impératifs stratégiques de l’entreprise, pour le DSI d’une jeune entreprise qui a fait le choix du cloud dès le départ, le legacy n’est pas un sujet. En revanche, pour une entreprise internationale déjà bien installée, c’est un point central en matière d’optimisation du budget alloué chaque année.

Trouver le juste milieu est un exercice compliqué en particulier lorsqu’il y a une migration de données depuis le cloud. Elle peut réserver des surprises si on oublie des éléments au moment de réfléchir les budgets.

Cela peut particulièrement devenir un gros sujet lorsque la gestion du legacy concerne un réseau MPLS (Multiprotocol Label Switching) que certaines entreprises continuent de faire évoluer. Développé à la fin des années 1990, ce réseau est coûteux à exploiter, entretenir et mettre à niveau. Les hésitations des DSI quant à le remplacer ou s’en séparer sont étonnantes lorsqu’on sait que l’utilisation de la virtualisation réseau, tel que le NaaS, offre un moyen plus rentable (sans trop d’investissements supplémentaires). Avec le NaaS, il est notamment possible de créer des accès à plus de cloud, plus de régions, etc. tout en protégeant le cœur du réseau en tant que tel car il reste dans un environnement privé.

Passer d’un modèle CAPEX à celui de l’OPEX ?

Être propriétaire de son réseau engendre forcément des frais de maintenance qui entrent dans les dépenses dites CAPEX (dépenses d’investissement). II s’agit de traiter l’obsolescence des matériels. Il est donc essentiel de prendre ce facteur en considération dans son plan de transformation, donc un changement de modèle pour privilégier l’OPEX (dépenses d’exploitation) et mieux maîtriser      ses coûts.

La virtualisation des fonctions de réseau (Network functions virtualisation, NFV), telles que les fonctions de routage de pare-feu (pare-feu virtuels/FWaaS) ou les instances virtuelles de gateway SD-WAN, services additionnels que peut vous apporter un fournisseur NaaS, permettent de compléter l’architecture virtuel d’accès au cloud à moindre coûts. Utiliser ces technologies permet de simplifier la connectivité informatique mais aussi d’optimiser les frais de sortie du Cloud notamment sans rogner sur la sécurité. Et la sécurité est un point névralgique pour les entreprises.

 

* https://www.flexera.com/about-us/press-center/flexera-releases-2020-state-of-the-cloud-report

** https://cloud-computing.developpez.com/actu/333292/Les-couts-du-cloud-pour-les-entreprises-ont-augmente-de-93-pourcent-en-moyenne-au-cours-de-l-annee-ecoulee-les-PME-font-etat-d-une-augmentation-moyenne-de-48-pourcent-soit-5-600-par-mois-selon-Civo/