[Tribune] Le « new normal », une nouvelle ère plus responsable

Le paysage réglementaire évolue constamment et devient à la fois synonyme de défis et d’opportunités. Si l’Union Européenne a été un précurseur sur la scène réglementaire, le RGDP n’est aujourd’hui qu’un élément parmi une multitude d’autres réglementations. Il s’agit notamment des lois nationales et internationales sur la protection des données, des réglementations sectorielles, notamment dans la finance et la santé, et des réglementations commerciales, comme la norme PCI-DSS pour le secteur des cartes de paiement.

Felipe Henao, Senior Product Manager chez Talend

Felipe Henao, Senior Product Manager chez Talend

Cette poussée réglementaire a contribué à développer une conscience de la data chez les consommateurs qui sont devenus beaucoup plus précautionneux sur la manière dont les organisations utilisent leurs données et à quelles fins. Cette tendance s’inscrit dans un phénomène beaucoup plus global, à travers lequel l’acte de consommation devient responsable et réfléchi. Entre confidentialité des données et consommation responsable, comment comprendre ce nouveau monde ? Felipe Henao, Senior Product Manager chez Talend, nous livre son analyse.

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Vers une démocratisation des « data clean rooms »

A l’origine, le concept de « data clean room » a vu le jour dans le secteur de la publicité : il consiste à anonymiser les données et à en donner l’accès aux annonceurs pour qu’ils puissent personnaliser leurs messages et cibler les meilleurs canaux de diffusion. C’est une pièce entièrement sécurisée, dont l’entrée est réglementée, et où les données sont enfermées et ne sont pas accessibles depuis l’extérieur. Toutefois, cette technologie a tous les avantages pour être étendue à d’autres secteurs, comme celui de la distribution, qui diversifie ses offres depuis plusieurs années pour offrir une expérience interconnectée aux consommateurs.

C’est le cas de Carrefour, qui propose à ses clients des services bancaires avec une carte pour consommer au sein de l’enseigne. Il en va de même pour Apple : les fonctionnalités du téléphone sont disponible grâce à des applications téléchargeables depuis l’Apple Store. Grâce à cela, Apple dispose d’une quantité inestimable de renseignements sur ses clients : loisirs, passions, achats favoris. Ce système permet aux partenaires d’Apple de tirer profit de ces données au sein d’un espace fermé et sécurisé, tout en optimisant les données et en facilitant leur partage. Elles pourront ensuite les utiliser afin de mieux comprendre les habitudes de leurs clients.

Un partage responsable et sécurisé

Le partage des données est une pratique encore assez timide, car les données ont souvent été considérées comme la propriété d’une entreprise ou d’une marque. Les réglementations sur les données ont bousculé cette notion de propriété car le consommateur en devient maitre. Néanmoins, ce partage permet d’accélérer l’innovation et la recherche, ou encore de créer de nouveaux modèles commerciaux. C’est pourquoi l’Union Européenne a intégré le partage des données dans sa feuille de route digitale avec le Data Governance Act, de façon à créer un cadre de travail pour favoriser le partage des données entre les différents secteurs d’activité.

Le partage des données via des « data clean rooms », ou encadré par le Data Governance Act, est donc un moyen de comprendre les nouvelles habitudes de consommation, où la responsabilité des consommateurs guide leurs achats, notamment vers des produits moins transformés, plus respectueux de l’environnement et de leur santé… D’autre part, les données gouvernées et contrôlées deviennent une nécessité pour comprendre les nouveaux enjeux des consommateurs, réagir plus rapidement aux pénuries, proposer des alternatives et garantir une image de marque en adéquation avec les préoccupations actuelles et futures des clients.