Présidentielle 2022 et Data : qui sont les mauvais élèves de la privacy ?

Défenseurs de la souveraineté, voire du made in France, les candidats à la présidentielle sont loin, dans la pratique, de se montrer exemplaires en termes de protection des données personnelles et d’utilisation d’outils français ou européens.

Candidats presidentielle 2022 Le candidat Eric Zemmour était présent fin 2021 au salon du Made in France. La relocalisation est un thème récurrent des périodes électorales. Il est d’ailleurs repris par nombre des candidats à la présidentielle, comme celui de la souveraineté, numérique notamment.

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Ces déclarations se confirment-elles au niveau des sites de campagne des participants à l’élection via la conformité européenne à la protection des données personnelles ? Le bilan est plus que mitigé, constate l’agence Neodia.

Des candidats peu soucieux de la confidentialité des données

Respect des principes du RGPD dont le consentement, collecte et transfert de données, utilisation de services européens… Neodia a passé en revue les sites des candidats. Résultat : aucun n’affiche une conformité complète.

Les présidents en puissance se répartissent en trois groupes. Le premier est celui des utilisateurs de solutions digitales américaines et des collectes de données sans recueil préalable du consentement.

Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Yannick Jadot appartiennent à cette catégorie. Les seconds (Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Philippe Poutou) font l’impasse sur les outils US habituels, dont Google Analytics, épinglé récemment par la CNIL.

Néanmoins, ils “enfreignent un point important de la réglementation”, et ce “probablement par méconnaissance technique ou négligence”, suggère l’étude. Enfin, une candidate se démarque, Nathalie Arthaud, qui ne collecte aucune donnée personnelle autre que les emails.

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Prix de la non conformité et du paradoxe pour Macron et Zemmour

La représentante de Lutte Ouvrière se distingue donc comme “la championne du respect des données personnelles”. Concrètement, l’analyse du trafic est réalisée par le biais d’une solution française, Matomo, plutôt que Google Analytics.

Parmi les prétendants à la présidentielle, ils sont d’ailleurs 50% à avoir choisi Matomo et Axeptio, plateforme de gestion du consentement française. En revanche, les équipes de 6 candidats négligent visiblement la dernière décision de la Cnil.

En effet, 6 d’entre eux exploitent une “implémentation de Google Analytics qui capte un clientID”. Parmi ceux-ci, Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Valérie Pécresse. Le président en titre décroche même le statut du “prix de la non conformité.”

Il doit ce titre peu prestigieux à plusieurs facteurs. D’abord, son site “collecte le plus de données personnelles” et n’utilise que des services américains. En outre, certains de ces services collectent des données sans recueil préalable du consentement.

Des candidats peu ou pas exemplaires

Les défenseurs déclarés de la souveraineté et du made in France ne montrent pas toujours l’exemple sur leurs sites, à l’image d’Eric Zemmour. Son site est hébergé sur la plateforme américaine Nationbuilder.

Et si la CMP est européenne, elle se double cependant d’un tracking Google et Twitter avec des tags déclenchés sans consentement. Le polémiste hérite de plus du prix du paradoxe avec un site Zemmour2022.fr n’utilisant aucune solution française. 

A gauche de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hildago sont épinglés en termes de conformité pour l’absence de page sur la politique de gestion des données personnelles. Leurs sites “ne permettent donc pas à leurs utilisateurs de faire valoir leurs droits.”

Le travail d’évangélisation autour de la réglementation sur la protection des données personnelles doit se poursuivre, auprès des entreprises, mais également des décideurs politiques.